Les #cesar2021, Adieu les cons...

Forcément, ça ne pouvait pas être parfait. Mais on s’en rapproche. De plus en plus.
Hier, la grande soirée du cinéma français a réalisé presque un sans-faute. Seuls les grincheux s’en offusqueront. Les autres, comme moi, souligneront la remarquable et constante application à piétiner et assassiner le cinéma français. De la plus belle manière.

Marina Foïs a ramassé du caca par terre et a parlé « mère de » et « merde » avec Nathalie Baye, Roschdy Zem nous a fait la morale sur les migrants et les Ouïghours, Valérie Lemercier était en dépression et en chemise de nuit, Jeanne Balibar a parlé pendant 8 minutes 50 de politique et 14 secondes de cinéma, Josianne Balasko a refait le coup du prout, Jean-Pascal Zady a rendu un vibrant hommage à Adama Traoré. L’année dernière, il fallait placer le plus de fois possible les mots femmes, patriarcat et domination, cette année, le thème était diversité, noirs et domination et tout le monde, globalement, a bien joué le jeu.

Un beau moment de grâce quand la délicate Corinne Masiero s’est mise nue, avec des Tampax aux oreilles, pour dénoncer le régime de l’assurance chômage des intermittents. Il faut beaucoup de talent pour reproduire une performance que d’autres avaient fait en leur temps, sans y mettre la moindre folie, le moindre panache et sans réussir à nous arracher un sourire. Juste un immense malaise. Coluche a dû être touché qu’elle illustre si bien la différence entre grossièreté et vulgarité, et qu’elle ait l’humilité de préserver ainsi intacte sa mémoire. Un peu comme ces grands sportifs, dont les records ne sont pas près d’être égalés.

Quelques bémols cependant : Tout d’abord pour la jeune Fathia Youssouf, césar du meilleur espoir féminin, qui a eu le mauvais goût de faire un discours simple, empreint d’une jolie émotion non feinte, dans lequel elle s’est simplement déclarée « très honorée » de ce prix. Pfffff… « Très honorée ». Et puis quoi encore ? Même pas un petit "Wesh négro on est dans la place". Même pas un délicat « j’men bats la chatte d’vos Césars de vieux mâles blancs ». Non. Je suis très honorée et merci. Bon, à sa décharge, elle n’a que 14 ans, elle a le temps de grandir et de rentrer dans le droit chemin.

Sami Bouajila a raté son intervention aussi, en parlant avec émotion de son père mais en omettant sciemment de rappeler que celui-ci était « racisé » et en faisant donc l’impasse sur le discours dénonçant la France coloniale et oppressive. On lui pardonne pour cette fois, mais la prochaine fois, c’est camp de ré-éducation sur France Culture direct !
Déception aussi pour Catherine Ringer, qui a ouvert la cérémonie, avec une superbe et touchante interprétation de Bécaud… Quel dommage qu’elle ait sobrement conclu sa prestation avec un simple « bonne soirée des Césars ».

Sans même un poing levé.
Enfin, un gros bémol pour quelques moments qui nous ont un peu fait perdre de vue le thème de la soirée (ou du meeting). Des extraits de films ! Des scènes de cinéma ! Ils ont osé… On a vu Claude Brasseur, Yves Montand, Marlène Jobert, Jean Rochefort, Romy Schneider, Michel Piccoli, Annie Girardot, Jean-Pierre Bacri, Mireille Darc, Lino Ventura…Des gens qui faisaient juste du cinéma, avec simplicité, élégance, des gens qui nous ont fait rire, rêver, pleurer. C’était très déplacé !

Encore un petit effort donc. Louis Garrel aurait par exemple avantageusement pu agrémenter son discours en faisant l’hélicoptère avec sa bite. Isabelle Huppert a raté une occasion de faire pipi debout sur scène en chantant l’internationale. Mais on va y arriver, j’en suis sûre.

On y est presque.
En attendant bravo à Albert Dupontel, pour son film récompensé dont le titre prémonitoire résumait parfaitement la cérémonie : Adieu les cons !!

Nathalie Bianco