Les indestructibles, anti-cinéma de Papa !

Les indestructibles, anti-cinéma de Papa !

Alors que l’adoption de Tavernier avec Johnny rend malade Laeticia penchée dans la cuvette du cinéma français moribond, voici venir à nous, en cette fin 2004, certainement l’une des plus grandes réussites en matière d’animation mais aussi en matière de film tout court.

Comme vous l’aurez deviné mes braves lecteurs : il s’agit de la dernière trouvaille des studios Pixar connu sous le nom de code des « Indestructibles ». J’avoue, ma première idée était de faire plaisir à ma progéniture. Apparemment je n’étais pas le seul cas pathologique de père ou mère accompagnant ses ouailles. C’est un phénomène de transhumance régulier : aux approches des vacances scolaire sort la dernière pépite des studio truc ou machin pour arrondir les caisses des studios produisant « du » dessin-animé avec la voix d’acteurs fauchés. Là, à la différence, je savais qu’il y avait matière à divertir les les petit mais aussi les grands sans imaginer la claque que j’allais recevoir.

Je peux même vous avertir d’une chose : vous sortirez plus emballés que les enfants qui seront dans la salle. Pourquoi ? Car ce film est un film d’adulte, fait par des adultes (géniaux) qui veulent faire plaisir aux grands enfants que nous sommes. Tout y est parfait du début à la fin. Du générique de départ à l’arrivée triomphante ! tout frise l’excellence vous dis-je !

Ce cinéma américain est le cinéma que j’aime. Crée dans le seul but de divertir dans le spectaculaire tout en gardant une profondeur sous la vivacité des images. Qu’on arrête ensuite de me louer de sombres histoires d’heroic fantasy pompeuses ou d’araignée sponsorisée par l’affectation de block-buster immédiatement cloisonné dans un univers carcéral hollywoodien ou bessonien.

Premier point qui est une brillante idée : « Les Indestructibles » n’a pas d’acteur et c’est tant mieux (à peine peut on jouer sur l’idée de Bruce Willis en papa sauveur du monde, de Léonardo Di Caprio en énième rôle prè-pubère ou de Jodie Foster en mère aimante) car je ne vous donne pas 10 minutes pour passer le cap du dessin et empoigner votre siège (de rire ou de plaisir) en émotions humaines pour toutes les scènes du film. Tout est en vie chez Pixar. Effacé le manque de réalisme des textures humaines dans leurs films précédents.

Deuxième pierre philosophale indispensable : le scénario. Partant du principe que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités, vous ne trouverez là aucune histoire de fesse de Jenny Lopez même s’il y est question de formes (particularité physique exacerbée pour le bien de gags magistraux) ce sera donc sur le fond que vous trouverez le plus de plaisir. Derrière le divertissement enfantin se cache des thèmes forts comme la crise d’identité, le rôle familial et la diversité des êtres humains.

Enfin, votre bagage cinématographique quel qu’il soit vous donnera droit aux clins d’œil enamourés pour le cinéma d’action passéiste : technologies fantasques, base secrète, course poursuite du Jedi, stylisations des personnages à outrance, action, aventure et pain bénis pour les cinéphages. Tout passe en revue pour mieux exploiter le contentement de chacun selon sa taille et son savoir.

Que vous ayez eu l’immense chance de grandir dans les comic’s américains, dans la couleur flash de héros affrontant sa dualité néfaste ou encore sur le toit du monde loin des salles obscures vous ne pourrez pas me dire que Brad Bird et ses acolytes ne mettent pas le paquet pour le bonheur du spectateur.

On est loin du cinéma de papa et son « 36 quai des Orfèvres ». Là tout est en image et subtilité narrative ainsi que visuelle. Je défie quiconque de me trouver des arguments fondés pour une critique négative.

En conclusion : tous à vos costumes. Laissez vos enfants gardés en soirées afin qu’ils ne dérangent pas vos rêves de chérubins et préservez l’identité de Monsieur Indestructible en vous engouffrant plusieurs fois sous le masque d’un film irréprochable.