"Dernier Carton" d’Olivier Balu avec Patrice Laffont et Michaël Msihid

"Dernier Carton" d'Olivier Balu avec Patrice Laffont et Michaël Msihid

Voilà une bien belle et agréable surprise artistique et théâtrale tout à fait réjouissante ! Si le titre de cette pièce « Dernier carton » est relativement banal, tout le reste ne l’est pas du tout. Il s’agit bien là d’une pièce remarquablement écrite, inventive et rare, servie par deux excellents comédiens qui font jeu égal et défendent les situation et le propos avec un savoir-faire qui force le respect et l’admiration.

Un décor simple et efficace qui sert d’écrin réaliste à un huis clos étonnant et détonnant, poétique et bourré de rebondissements. Un spectacle humain surprenant, vraiment original et audacieux et des comédiens qui chacun dans leur rôle excellent, ce « Dernier carton » est une pièce qui peut facilement devenir culte, un standard du genre.

« Dernier carton » c’est la rencontre improbable d’un clone de Bernard Pivot, célèbre animateur d’une émission littéraire du soir qui croise la route d’une type étrange, fort en gueule et ingérable qui prétend être un écrivain non publié qui cherche à se faire éditer.

Ce qui commence comme une sortie de « Misery » à la française va partir dans un duo équilibré et de haut vol entre deux personnages très profonds, complexes, pluriels et complémentaires dont la réunion fortuite va nous tenir en haleine tout au long de la pièce.
Différences de classe, de culture, d’âge, de psychologie, de vécu ; tout oppose les deux personnages et un seul prénom semble les réunir, une certaine Diane qui vient de quitter l’animateur de télévision et que semble très bien connaître celui qui se fait passer pour un déménageur.

C’est brillant, enlevé, malin, pertinent et désarçonnant à la fois. Tout est au millimètre. La mise en scène, d’une redoutable efficience, les dialogues aux petites oignons et le fil narratif global qui est vraiment plein de sens et nous fait rire, frissonner ou pleurer.
Dans cet appartement vide, c’est un combat viril qui se déroule entre le vieux et le jeune, le riche et le pauvre, le catholique et le musulman… quête de sens, quête philosophique, quête d’amour, ces deux-là sont enrichis par ce moment sous haute tension entre quatre murs.

Un homme célèbre et puissant qui vit une rupture amoureuse et un jeune ambitieux, plein de fougue prêt à tout pour sortir de sa condition, ce combat de coqs tient toutes ces promesses.

Patrice Laffont est vraiment impressionnant, d’une grande justesse, il offre de nombreuses nuances à son personnage, il lui donne son âge, son expérience, son rapport à la scène, au public, à la notoriété et sa grande sensibilité. C’est un « Richard » fort et faible qu’il compose, un homme à la ramasse mais qui a toujours un ressort, une intelligence, une énergie au fond de lui qui fait qu’il ne s’avoue jamais vaincu. De son côté Michaël Msihid en jeune premier, en outsider, en second rôle est à la hauteur de son brillant célèbre partenaire. Les deux jouent avec un grand respect l’un pour l’autre et du coup offrent un duo encore plus fort, et encore plus percutant, un vrai duo de Théâtre qui fonctionnerait très bien au cinéma aussi.

Michaël Msihid amène sa jeunesse, sa folie, sa poésie, son inventivité à son personnage et c’est un plaisir que de le voir évoluer sur scène. Il est vraiment la Révélation de cette pièce après avoir déjà marqué les esprits dans « I love Piaf » de Jacques Pessis.

"Dernier carton » est une réussite totale. Tout est dans le même niveau d’excellence, l’écriture, la scénographie, le jeu et le propos. On sort amusé, nourri et enchanté par ce beau spectacle. Une bien belle production qui mérite un grand succès critique et public.

DERNIER CARTON.
Une pièce d’Olivier Balu mise en scène par Laurent Ziveri. Avec Patrice Laffont et Michael Msihid.

En ce moment au Théâtre du Gymnase.

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