Herz incinère les cadavres tchèques à tout va

Herz incinère les cadavres tchèques à tout va

Quel beau métier que celui d’employé de crématorium ! Réduire en poussière les enveloppes corporelles, s’enivrer ensuite de la montée des âmes et se délecter enfin du crépitement des flammes caressant le cercueil de bois tout en respectant la productivité et la santé financière du lieu doit certainement être des plus excitant.

Monsieur Kopfringl, père de famille modèle, est l’employé du crématorium de Prague. Se nourrissant de la mort de ses clients et marqué par un certain embonpoint, il vous ferait certainement prendre vos jambes à votre coup si vous deviez le rencontrer au détour d’une sombre ruelle. Un regard glacial et pénétrant, la raie sur le côté parfaitement exécutée, une chevelure ultra gominée, nœud papillon et costume près du corps, le personnage du réalisateur Juraj Herz impose dès les premières secondes du film une curieuse atmosphère ne laissant présager qu’horreurs et absurdités.

A la veille de la deuxième Guerre Mondiale, convaincu par un ami nazi que du sang allemand abreuve ses veines, Kopfringl va s’employer à détruire consciencieusement toutes traces d’impureté. Epouse, enfants, collègue, tous y passent dans des mises en scènes macabres aux univers décalés et étranges. Ses crimes et crémations s’enchaînent froidement sous nos yeux dans un élan surréaliste.

Délicieux schizophrène, grotesque malade mental, il emploie tous les moyens dont il dispose pour mener à bien la solution finale préconisée par le Führer avec un seul et unique objectif : prendre la place du vénéré Dalai-Lama à Lhassa.

Réalisé en 1968 par Juraj Herz, l’Incinérateur de cadavres a été adapté avec l’auteur du roman éponyme Ladislas Fuks (paru en 1967). Œuvre dérangeante, étrange et expressionniste, Herz a voulu avec ce film s’écarter du réalisme subjectif. Interdit en République Tchèque lors de l’occupation par les forces du Pacte de Varsovie, l’Incinérateur de cadavres, comédie noire et décalée est un film culte, une rencontre entre Bunuel et Kafka.

A voir dans toutes les bonnes salles Art et Essai ...

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