Le naturisme urbain fait sa révolution à Paname !

Le naturisme urbain fait sa révolution à Paname !

Les naturistes parisiens ont conquis un espace au bois de Vincennes. De plus en plus de lieux à Paris s’ouvrent à leurs activités culturelles, culinaires et sportives. Ils sont en phase de passer dans les mœurs. Phénomène de mode ou juste tendance parigote ? Les médias en ont fait leurs choux gras. J’y apporte ma propre touche et leur souhaite des soleils généreux, chaleureux et fraternels.

Avant de commencer, je voulais fêter le cap de mes 500 articles publiés au Mague et remercier son rédac chef Frédéric Vignale pour sa confiance et les écrans qu’il m’a offerts, en toute liberté de ton et de parole depuis plus d’une décennie !

https://philippeldl.wordpress.com/2012/01/19/le-mague-le-journal-aux-10-millions-de-visiteurs-par-fred-eric-de-la-vignaliere/

http://720plan.ovh.net/~lemague/dyn/spip.php?auteur302

Le titre alléchant de mon article pourrait laisser penser que le naturisme urbain en évolution, en révolution à Paname aurait quelques incidences sur le mouvement social, sur l’écologie politique et offrirait quelques billes pour détrôner le roi Manu ! Hélas trois fois hélas il n’en est rien. Contrairement aux pionniers de la Belle Epoque, des hygiénistes, spiritualistes et anarchistes qui s’inscrivaient, eux conscients, dans un vaste mouvement hétérogène de réforme de la vie et de fait de la société.
http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article8928
A contrario du mouvement naturiste urbain actuel qui concourt à libérer les corps nus, les désocialiser, Au sens où ils l’entendent de briser les différences sociales en étant nu tous égaux dans des espaces naturels ou fermés en tant qu’enjeu de loisir. Gommer les critères d’esthétisme en vigueur que l’on retrouve dans la plastique des corps sains en bonne santé que vendent les publicités, en s’affranchissant de la tyrannie des apparences et des préjugés sur la nudité. Dans le sens aussi pour les citadins, de ne pas attendre les vacances pour se mettre à nu.

Hubert Prolongeau, auteur de « Couvrez ce sein… La nudité dans tous ses états » (éditions Robert Laffont) et par ailleurs journaliste, a consacré un dossier de 6 pages dans l’hebdomadaire Marianne en date du 1er juin 2018. Dans son discours, il définit les naturistes urbains comme : « une mouvance en train de conquérir un certain Paris. Il s’agit de gens qui gravitent dans les milieux naturistes, des militants, des milieux homosexuels et bobos. C’est ce côté insolite et curieux qui attire ».
La lutte des classes pour reprendre un verbiage marxiste, aura-t-elle lieu chez les naturistes ?
Telle est la question ! En effet, contrairement aux affirmations de Prolongeau, des naturistes pas forcément friqués et avantagés socialement viennent également se prélasser au bois de Vincennes dans sa partie naturiste, dans dépenser un rond. De même ils peuvent aussi fréquenter les plages naturistes libres d’accès, sans être adhérents à un club et sans vouloir venir s’enfermer derrière les palissades policées des centres naturistes, sans se ruiner pour autant le porte-monnaie et avoir l’impression de devoir payer pour jouir d’un service.
Je crois que pour définir de façon précise les catégories socio-professionnelles qui fréquentent les milieux du naturisme urbain, il faudrait s’adonner à une enquête sérieuse sur un échantillon représentatif. A ma connaissance, sauf erreur de ma part, il n’en existe aucune.
Là encore le débat fait rage entre ceux qui se désignent comme les vrais naturistes et les nudistes, de vrais/faux naturistes. Il y aurait d’un côté, celles et ceux des villes qui se mettent nu ponctuellement dans un désir de confort physique et ludique s’adonnant à des activités de divertissement et celles et ceux des associations naturistes qui revendiquent d’être nu en plein air toute l’année.
Cette analyse trop binaire ne tient pas toujours la route. Car les associations naturistes qui n’ont pas de terrain, comme l’ANP (Association des naturistes de Paris) puisque leur lieu naturiste c’est la piscine. Par la force des choses, certains de leurs militant(e)s deviennent de fervent(e)s partisan(e)s du naturisme urbain.
Comme pour corser l’affaire, ce sont les associations naturistes qui organisent les évènements urbains ouverts aux naturistes encartés ou non. S’il n’existait plus d’associations naturistes, le naturisme serait mort depuis longtemps.
Elles en tirent les marrons du feu. Des marrons aux marronniers des médias qui fleurissent toute l’année, il n’y a qu’un pas. En ce qui concerne le naturisme urbain en totale effervescence, le joint est tout trouvé

On ne compte plus les sujets télé, radio, presse et sur la toile qui traitent désormais du naturisme urbain, principalement en Ile de France, même si également il se déroule des évènements naturistes à Marseille et sa région.
De M6 (zone interdite) au JT de TF1 pour les télés / de Libération, France Dimanche, Le Parisien, le Point, Marianne, l’Obs pour la presse écrite et France Inter et France Culture pour le service public de la radio…. Forcément j’en oublie ! Tous ces médias relatent et s’emparent du naturisme urbain pour en faire les choux gras de leurs titres racoleurs.

De nos jours, il est désormais possible de fréquenter à Paname un bowling, un resto, une piscine, un cours de yoga, de gym, de visiter une expo, de s’éclater en danse de loisir ou soirée clubbing, comme on jacte dans les milieux branchés. Toutes ces activités sont pratiquées en état de nudité collective en mixité non sexuelle dans des cadres appropriés. Au sein de lieux couverts sous un plafond de verre qui ne nécessitent plus les rayons du Phébus comme seul argument pour se dorer la couenne à poil, mais en œuvrant à travers des animations culturelles, culinaires et sportives.
La journaliste Barbara Krief de L’Obs dans un excellent article en date du 9 juin 2018, analyse de façon professionnelle ce nouveau phénomène du naturisme urbain en donnant la parole à ses acteurs.
Pour comprendre les adeptes de soirées clubbing en tenue de peau, enfermé(e)s entre quatre murs et suintant des esgourdes une zizique binaire au marteau piqueur, Barbara Krief donne la parole à Alice Pfeiffer journaliste mode et spécialiste des questions de genre.
« Dans une ère où le corps est fragmenté, taggé sur Ponhub, dans une logique d’excitation sexuelle hypernormée, l’idée de se retrouver nu.e devant un.e inconnu.e sans que cela sous-entende le moindre désir est intéressante. On revient à une logique de bienveillance de safe space, ou un corps nu n’est ni automatiquement une zone d’excitation ni une prise de risque physique ».
https://www.nouvelobs.com/societe/20180607.OBS7900/en-club-au-musee-au-restaurant-le-naturisme-urbain-denature-t-il-la-pratique.html

Une soirée en mouvements des corps décomplexés de leurs oripeaux où tout geste déplacé est sanctionné de l’exclusion du lieu et où les téléphones portables sont interdits pour le respect de l’intimité des participant(e)s. Ca déménage contre les idées reçues des détracteurs qui ont un balai dans le cul !

Autrefois et il n’y a pas encore si longtemps, quand on était naturiste en Ile de France, seuls les clubs pouvaient proposer des lieux propices pour pratiquer la nudité en commun. Le Bartos d’ailleurs a séjourné plus d’une décennie à celui du CGF (club gymnique de France), de Villecresnes à côté de Boissy-Saint-Léger dans le Val de Marne. Le plus ancien, avec piscine, terrains de tennis et de badminton, de boules, pelouses, sauna, sanitaires et mêmes de petits chalets pour y vivre à la belle saison. Il y est retourné cet hiver pour proposer une conférence sur l’histoire du naturisme et a été très bien reçu. Le Bartos a remarqué que sous l’impulsion de son nouveau président, les activités culturelles étaient enfin au diapason.

Il existe aussi l’APNEL (Association pour le naturisme en liberté), une association militante qui lutte depuis plusieurs années pour l’abolition du délit de nudité dans l’espace public. L’article 222-32 du code pénal assimile nudité publique et exhibition sexuelle. Un délit passible d’un an à l’ombre au zonzon et 15 000 euros d’amende. Elle organise partout où c’est possible des randonnues. Pour la troisième fois consécutive en 2018, elle tiendra un stand à la fête de l’Huma, avec pour thème rassembleur : l’irrespect fait aux femmes et particulièrement le harcèlement sexuel. Jacques Freeman l’un de ses principaux animateurs explique : « Dire le naturisme pour une femme, en s’effeuillant, c’est malheureusement plus compliqué ». (Sources Naturisme magazine n°53 avril/mai 2018, page 10)

L’association officielle qui veut rassembler sous la bannière les adeptes du naturisme pour défendre leur cause, c’est la FFN (fédération française de naturisme). Lors de son congrès d’avril 2018, ce fut en quelque sorte une révolution (décidemment !). L’ancien président fut jeté aux oubliettes et un nouveau bureau fut constitué. Elle a effectué en quelque sorte sa mue. Avec une plus grande place donnée aux femmes sans atteindre encore la parité. Mais aussi et surtout à mes yeux, par la nomination de Julien Claude-Périgny en tant que vice-président. Un jeunot de 40 piges, militant impliqué dans moult associations naturistes en Ile de France et insuffleur d’événements concrets portés à leur terme, avec les succès considérables que l’on sait.
Profitant de l’évolution des mœurs dans les têtes et les corps lors de mai 1968, la FFN avait prévu un total de 100 000 adhérents en 1973. Elle présenta à l’automne 1968 dans les salles un court métrage d’information grand public en 35mm en noir et blanc qui fut tourné à l’Ile du Levant à la Pentecôte 1966. Georges Moustaki y apparaissait au naturel. A cette époque, la FFN se réclamait d’un naturisme social, humaniste dans le respect de la dignité humaine.

En l’an 2000, elle comptait 75 000 licenciés et en 2018, elle en dénombre moins de 20 000. (Source Naturisme magazine, n°54 juin/juillet 2018, page 20)

En 2018, le magazine naturiste La vie au soleil et l’association des naturistes de Paris (ANP) conjointement organisèrent une campagne de racolage actif chez les textiles (celles et ceux qui se vêtent d’un maillot de bain). Mieux que le gadget de Pif le chien, un maillot de bain soluble dans l’eau était proposé. Il avait les facultés de fondre les coutures en 25 secondes. Avec à la clé un kit de couture pour les non cons vaincus afin de se reconstituer le maillot de bain standard.
Une telle revue naturiste, pourtant basée dans le Médoc, qui vend du textile et capable de se commettre dans un tel acte de marketing, n’augure rien d’original dans sa ligne éditoriale ! C’est vous qui voyez ! Bé non, ce n’est pas un poisson d’avril fruit de mon imagination fertile ! C’est tout ce qu’il a de plus véridique !

Une journée sans maillot fut instaurée le 27 avril 1969 par la FFN. En juin 2018, conjointement à l’ANP, à l’emplacement de la surface des 7300 m2 du bois de Vincennes allouée au naturisme et reconnue officiellement par la mairie de Paris, regorgeait pas loin de 900 participant(e)s aux différentes journées sans maillot 2018. Je ne contribuerai pas à la polémique habituelle lors d’une manif entre les flics et les manifestants, sur le décompte des participant(e)s. Puisque je suppose que les RG (Renseignements généreux) ne devaient pas être très nombreux au bois ces jours-là.
Paris devenant à la page comme toutes les grandes métropoles européennes qui ont créé depuis belles lurettes des espaces naturistes dans leurs parcs ou au bord de leurs lacs et rivières. Je pense immanquablement à Berlin et Munich.
Pour la petite histoire qui me tient à cœur, la fac de Paris VIII Vincennes, par trop libertaire selon les tenants du pouvoir de l’époque, Ces derniers s’empressèrent de la raser. Dont il ne reste rien, pas même une stèle. Si ça tombe bien, elle aurait été édifiée non loin de l’esplanade désormais naturiste, durant quelques mois de l’année au bois de Vincennes.

Julien Claudé-Périgny, l’un des initiateurs des deux heures de la visite guidée le 5 mai de l’expo : « Discorde fille de la nuit », tout nu au Palais de Tokyo, relate cette expérience entre les pages du numéro 54 de la revue Naturisme magazine.
Seulement 161 élu(e)s pour plus de 30 000 intéressé(e)s ! C’est dire le franc succès de cette expérience unique en France et à Paris. Il insiste sur « l’espace de liberté comme l’est la culture » et « l’ouverture à d’autres initiatives » dont « la culture en fait partie ».

Vous pouvez entendre la voix claire et limpide de Julien en débat à la radio, lors de l’émission de France Inter : le téléphone sonne en date du 28 juin 2018 et intitulée « Tous à poil ». Il était en compagnie d’Arnaud Baubérot historien du naturisme. Il ne pouvait pas mieux tomber !
Ce même Arnaud que le Bartos à deux reprises avait invité à conférencer dans deux lieux naturistes en France.
https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-28-juin-2018

Il existe aussi Imaginat, une association naturiste d’essence culturelle, dont Julien (il est partout !) est un digne représentant. Elle a organisé entre les 8 et 10 juin 2018 sa deuxième fête des arts de vivre nu au Point Ephémère dans le 11ème arrondissement de Paris. Avec au programme, art-thérapie et nu thérapie, avec lectures, dédicaces, humour, yoga performance, hypnose…
Dommage qu’elle rechigne de vouloir partager sur la toile et pour le plus grand nombre ses évènements en images, textes, sons, afin de ne pas oublier les ploucs provinciaux dont je suis.

Vous savez depuis le temps que vous me connaissez, j’aime rigoler. Il est un comique naturiste qui se produit nu devant un public aussi nu que lui. Fred Brulé qui ne monte sur les planches qu’à Paname lors de son spectacle : « J’ai la langue qui fourche ».

Mais ne soyons pas naïfs comme les paroles de la chanson de Carlos « Tout nu et tout bronzé ». Le naturisme en général, le naturisme urbain par les images de corps nus non sexués qu’ils véhiculent attirent les foudres de la censure de Face de Bouc entreprise des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) qui pillent vos données personnelles exprimées pour vous considérer comme un simple produit de consommation à ferrer ferme, digne d’un poisson. Combien de naturistes ont eu leur compte bloqué par les calotins ricains pour plusieurs jours à un mois après avoir poster une photo de nu non érotique ?
A propos d’images véhiculées sur Face de Bouc, il est intéressant de constater qu’un utilisateur qui avait posté l’image du célèbre tableau de Courbet (peintre activiste durant la Commune de Paris ayant fricoté du côté anar chez son compatriote Proudhon) : « L’origine du monde » a eu son compte désactivé. Il a immédiatement assigné Face de Bouc devant le tribunal de grande instance de Paris. Frédéric Picard avocat et journaliste à la revue Naturisme magazine dans le numéro d’avril mai 2018 relate cette aventure de la censure.

Il est aussi une censure encore plus insidieuse et violente qui provient des naturistes eux-mêmes et en plus encartés à la FFN du côté de Marseille. Je veux parler de la censure sur les groupes thématiques, forums et réseaux sociaux naturistes. Ces censeurs, modérateurs (mon clavier à fourché) pervers et liberticides se permettent de confondre le fond et la forme des propos énoncés et éjectent, virent, blessent, tuent, cassent, tout ce qui n’est pas conforme à la norme imposée par le groupe.
big brother is watching you ? No good !
Le Bartos a été exclu de tous ces groupes naturistes de discussion par les mêmes bonshommes qui sévissent en toute impunité et il n’est hélas pas le seul, on en compte des dizaines dans son cas pathologique et critique.
A quant à la FFN, des cours communication, de déontologie de l’information, de sémantique, d’humour de ne pas se prendre trop au sérieux, des cours d’écoute de la libre parole qui circule dans le respect mutuel et aussi des cours de littérature, pour les modérateurs des groupes et forums naturistes ?
Afin que la concorde lumineuse refleurisse la fraternité sans aspérité et que les préjugés soient jetés à la poubelle une fois pour toute. Ce serait une sacrée avancée pour le mouvement naturiste !

Pour aller plus loin, dans le respect des naturistes concernant le thème qui nous intéresse, je vous conseille d’écouter l’émission de France Culture sur le sujet qui nous intéresse.
https://www.franceculture.fr/histoire/tout-nus-au-bois-de-vincennes-au-fait-dou-vient-le-naturisme?utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook#link_time=1528178166
Mais aussi lire, l’excellent dossier « 1968 / 2018 où en est le naturisme » concocté par la revue Naturisme magazine, n°54 de juin / juillet 2018.
Enfin, pour être tenu au courant de l’actualité du naturisme en ligne presque en direct : http://naturisme-hebdo.fr/
Ici aussi article et court documentaire où l’on retrouve entre autre Arnaud Baubérot et Fred Brulé, mais aussi le vice-président de l’APN au bois de Vincennes :
https://www.francetvinfo.fr/sante/psycho-bien-etre/le-naturisme-en-ville-aussi_2846875.html

Mon article ne peut être exhaustif tant ça remue dans les méninges des concepteurs de projets d’évènements naturistes et urbains. A suivre, forcément comme on dit.

Prochainement je vous proposerai de lire l’interview de Julien Claudé-Périgny.