FORNACIS, un long métrage d’Aurélia Mengin

FORNACIS, un long métrage d'Aurélia Mengin

Fornacis, ça veut dire « fournaise » en latin mais ici dans ce film, c’est le « Fornacis Bar » où le patron est campé par le charismatique et impressionnant Philippe Nahon. C’est d’ailleurs un lieu chaud bouillant où de beaux hommes moustachus et cuirs s’embrassent à pleines langues, où des personnages de tous les âges se font plaisir, un lieu de débauche épicurienne où toutes les différences s’assument et s’affichent sans complexes, sans censure et sans formatage.

Le « Fornacis Bar » c’est un hommage au Volcan actif de la Réunion, toujours prêt à être en ébullition. Anya (Aurélia Mengin) aime Frida (Anna D’annunzio), mais Frida n’est plus que cendres. Fornacis n’est pas un film de genre, c’est un film d’amour, un amour absolu, un amour total, passion, qui hante même après la mort. Le manque d’amour est tellement fort, puissant qu’Anya en porte les stigmates sur la peau, un manque qui se transforme en une sorte de gangrène qui mange, peu à peu, sa peau et sa beauté captivante.
C’est là également au Fornacis Bar, sorte de lieu carrefour qu’apparait Wolf (Emmanuel Bonani qui crève l’écran), un bel homme puissant et barbu qui malgré sa virilité apparente sera désiré comme une femme.

Il y a de la catharsis, de la douleur, du désir, des râles, des souffles, des voix qui se mêlent, des coeurs qui battent très forts et qui rythment les chapitres.

Anya est belle, mystérieuse, une sorte de prêtresse du désir obsessionnel qui conduit comme une furie une voiture de sport bordeaux qui vire au rouge selon que les sentiments sont exacerbés ou pas. Au volant de sa Facel Véga Facellia 1961 décapotable, elle est en route vers le Deuil, on the road again comme dans un film américain pour mieux fuir l’amour perdu, mais la route sera longue. Son corps beau, fin nous rappelle le plus beau statutaire, sa nudité n’est jamais dérangeante, nous sommes au contraire dans une représentation très pure de la femme, l’esthétique est parfaite, très chaste, nous sommes presque dans l’iconographie religieuse, sauf que les cérémonies d’amour ici ne sont pas dogmatiques ou alors Dieu est une femme, Dieu est un amour surpuissant qui dépasse tout.

On est en plein Cinéma, tout est amplifié, tout est mis en scène avec une grande exigence. Il y a un travail remarquable du duo Images/sons avec la complicité et le talent de Nicolas Luquet. La chorégraphie ne fonctionne que dans cette dualité permanente entre la photographie, la vidéo et la musique. On n’est pas dans le cinéma expérimental mais dans l’expérience même du cinéma qui cherche, qui explore, qui se perd puis se retrouve. Tout a du sens, toute cette mécanique est parfaitement maîtrisée, tout est pensé, rien n’est laissé au hasard.
C’est un film de cinéma à part entière qui aura puisé une partie de sa force et de son inventivité et quelques codes à l’Art contemporain, au théâtre, aux performances corporelles.

Au final on se retrouve dans un Opéra Baroque, une tragédie grecque, une oeuvre littéraire et musicale qui touche l’universel. Quiconque a connu l’expérience du vrai amour se retrouve dans ce film peu importe son orientation sexuelle ou son vécu. C’est un film profondément polymorphe, bi-sexuel des sentiments mais avec une grande pudeur dans l’expression de l’amour. Finalement ce que vit le corps importe peu, importe moins que la fantasmatique, la fidélité amoureuse, l’emprise mentale, le ressenti intellectuel et émotionnel. Il faut parcourir beaucoup de chemin, de routes au volant de son bolide rouge, son bolide couleur pavot pour oublier un amour fou et renaître autrement, retourner à la position foetale pour re-naître à un autre amour, une autre vie.

Aurelia Mengin est digne, elle est courageuse, elle a construit avec une équipe savamment choisie de fidèles qui croient en son talent immense un monde parallèle bien à elle mais pas un monde fermé sur ses propres obsessions, un monde ouvert qui n’est ni violent, ni marginal, ni underground mais profondément en phase avec ce monde et les thématiques qui l’animent. Amour, désir, tatouages éphémères, sexualité plurielle, amour platonique, éthique, violence des sentiments, folie amoureuse, schizophrénie, dualité, Fornacis est riche, Fornacis est dense, Fornacis est une explosion de sentiments continus. Ce n’est pas u

n film provocateur, exhibitionniste ou libertaire, c&#8217;est un film sur la liberté d&#8217;aimer hors cadre, sur la possibilité de se réinventer, même quand cela parait impossible ou une question de vie ou de mort. </poesie>


Fornacis est profondément un film féminisme c&#8217;est à dire un film de femme qui n&#8217;exclut pas les hommes, qui aimer l&#8217;Humain avec un grand H. de manière haletante et merveilleuse.

Une grande réalisatrice est née sur les terres volcaniques d’une belle ile. Il va falloir compter désormais avec Aurélia Mengin dans le Cinéma français. S’il veut grandir, il doit être curieux d’elle et de son art, de son langage nouveau, intuitif et terriblement référentiel, presque malgré elle, elle est hantée par le Cinéma, elle respire le Cinéma.

Le Teaser du film : https://vimeo.com/279340794. https://www.imdb.com/title/tt8329428/mediaviewer/rm1113539328

https://www.facebook.com/FornacisLeFilm/