(MERCI) POUR LE RECONFORT de Vincent Macaigne

(MERCI) POUR LE RECONFORT de Vincent Macaigne

C’est un film de cinéma en 4/3 de Vincent Macaigne qui commence par une session skype épouvantablement pixellisée entre Mexico et New-York. C’est l’histoire d’un frère et d’une soeur, Pascal et Pauline qui reviennent au pays voir comment se porte le domaine dont ils ont hérité et qu’ils ont laissé entre les mains de leurs amis d’enfance pour brûler leur vie d’Aristo devenus bobo, s’ennuyer et se ruiner à petits feux.

Ils y retrouvent Manu, Laurent, Josephine… sur les terres de leurs parents, ne parviennent plus à payer les traites pour entretenir le domaine, ce qui provoque des animosités avec leurs anciens amis.

Les personnages portent les mêmes prénoms que leurs personnages, tous les acteurs hommes sont des personnages macaigniens au sens stricte. Le réalisateur aurait pu camper à merveille avec son style, sa dégaine et son jeu ces trois barbus quarantenaires. Il y a Pascal le bourgeois flambeur, séducteur et héritier qui a raté sa life, Emmanuel le prolétaire énervé qui veut racheter le terrain de pascal et Pauline pour agrandir sa maison de retraite, et il y a Laurent, le compagnon gentil et un peu collant de Josephine qui est le bouc émissaire d’Emmanuel qui et rêve d’ailleurs.

L’argent, l’amitié, l’amour, la propriété, la fidélité, la lutte des classes, l’héritage, le prolétariat, les bourgeois bohèmes, les jeunes, les vieux, « Pour le réconfort » est un film ultra réaliste qui fonctionne comme un documentaire in situ alors qu’il est parfaitement un film de cinéma, écrit et joué aux petits oignons.

Il y a toute une série de scènes cultes, de dialogues savoureux, faussement simples, faussement improvisés. Nous sommes dans un magnifique réel de cinéma, avec une image réelle, un son réel et un jeu hyper bon, hyper juste, qui rend réel. L’illusion est totale pour montrer encore mieux qu’on est absolument, intrinsèquement au cinéma. Un grand cinéma d’auteur, prodigieusement rafraichissant, jubilatoire, drôle, émouvant où Vincent Macaigne pose une foultitude de questions sociales des plus importantes et pertinentes.

Tout y es, pelle-mêle, de manière foutraque, bordélique pour que la poésie, la violence, l’incongru aient encore plus de contrastes. Vincent Macaigne invente un nouveau monde, parallèle sans gros moyens, sans trucages, avec juste de l’intelligence, du sociologique, du discours, de la réthorique, des punchlines « Le débile, il est nombreux » ou encore « « village de vieillards en briques biologiques ».

« Pour le réconfort » est un talentueux petit théâtre social en colère qui fait plus pour le cinéma et la société que n’importe quelle oeuvre idéologique, discours politique, édito de grand journaliste ou philosophe ou sociologue ou Blockbuster.
Je ne rate jamais un film ou joue Vincent Macaigne, j’essaye de voir ses mises en scène au théâtre et désormais je suivrais et défendrais tous ses prochains films.
J’ai vu « Pour le réconfort » le deuxième jour de son exploitation au MK2 Beaubourg et au même rang à trois sièges il y avait un des réalisateurs les plus doués de sa génération Bertrand Bonello, il semblait apprécier le spectacle, et moi donc ! cqfd.

A voir absolument car c’est réconfortant les artistes libres par ces temps troublés. Macaigne me rappelle Orson Welles avec sa Troupe du Mercury Theater, l’affiche du film est un hommage au "Septième sceau" d’Ingmar Bergman, il n’y a pas de hasard.. Macaigne est un grand, un géant artiste d’une sensibilité et d’un talent immenses, il nourrit le Cinéma français d’une vérité nouvelle et salvatrice. Merci Vincent pour tout ce réconfort.

POUR LE RECONFORT, un film de Vincent Macaigne avec Emmanuel Matte, Pascal Reneric, Laure Calamy, Pauline Lorillard et Laurent Papot.