Portrait de Dabin Lee

Portrait de Dabin Lee

Next (F9) vous propose des portraits de personnalités connues ou inconnues, des poètes ou des vendeurs de boutons, des gauchos ou des gauchers. L’important est de rêver. Chacune des personnalités est contactée personnellement, décide de sa photo à publier et raconte à Patrick Lowie un rêve marquant. Précision d’usage : ce portrait est un portrait onirique, et donc, ce n’est qu’un portrait onirique et imaginé. Par conséquent, l’histoire qu’il raconte n’est pas une histoire vraie.

Dabin Lee est très belle, son aura me tire d’une torpeur sans songes, elle ouvre son journal de rêves. Elle les a écrit pendant plusieurs mois, tous les matins, dans les couloirs blancs d’un hôpital. Travailler minutieusement avec ses rêves, comme des œuvres d’art, comme des mots colorés épinglés sur les plafonds rayés de la réalité, prendre plus de temps pour mieux connaître encore son monde onirique afin d’abattre le mur obsolète qui sépare notre monde éveillé et le monde du rêve, pour que cette séparation soit également plus facile à briser durant les nuits.

Elle sourit en relisant les rêves transcrits. Là, elle se demande si ce rêve n’aurait pas influencé son art de la joaillerie. Là, son regard est plus sévère, comme s’il lui rappelait ce qu’elle avait décidé d’oublier. Elle me dit : Patrick Lowie, j’aimerais avoir une maison à la montagne pour créer tout ce que j’ai en tête, tout ce que j’ai rêvé. Je voudrais des milliers de lapins dans mon jardin intérieur. Ces rêves sont très drôles. Dabin Lee est née dans la queue d’un tigre qui se balance entre les mains de l’harmonie, après la colline, à Pohang (Corée du Sud), là où quand le soleil se lève, il brille à travers les doigts. Je suis dans ce rêve, dans ce portrait tel un miroir. Là je suis avec elle, le parfait triangle : moi, elle et elle-moi, elle qui se découvre en moi. Sans rien attendre de nos reflets, sans même apercevoir le contour de nos ombres, je l’observe réaliser ses bijoux, symboles de la lutte contre l’affreuse et insupportable expérimentation animale, elle ajoute : je me rends compte que j’ai souvent fait le même rêve. Sans dire lequel. J’ouvre un vieux livre coréen et je lis à haute voix : Jadis, il y a de cela de longues, longues années, vivait une mère avec ses trois fillettes et son nouveau-né. Une nuit, au retour des courses, la mère se trouva dans la montagne face à face avec un tigre qui s’apprêtait à la dévorer. [1] Elle me dit que ce n’était pas son rêve, que son rêve n’était pas si fort, pas violent, qu’elle a un rêve simple qui parvient à contrôler son émotion.

Tu te vois rêver. Les plus beaux rêves racontent l’histoire de ceux et celles qui partent sur la route des mondes invisibles et qui, une fois revenus, réintègrent le monde des vivants, pour créer une nouvelle vision du monde, pensai-je. Elle me répète : mon rêve n’est pas si fort, mon rêve est simple et doux. Je rêve souvent de marcher dans une longue rue et de suivre le chemin et je me retrouve dans mon ancienne bâtisse où j’avais l’habitude d’aller lorsque j’étais enfant. Je me regarde jouer avec mon petit chien et attendre ma mère. Elle enlève ses gants bleus en disant : Down the Rabbit Hole. Je cours comme un lapin dans les couloirs de l’hôpital, le reflet de l’enseigne au néon dans les vitres des chambres oubliées par l’Humanité.

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