Critique du Poème d’Edouardo Pisani "J’ai vu Verlaine..."

Critique du Poème d'Edouardo Pisani "J'ai vu Verlaine..."

Edouardo Pisani est, certes, ce chanteur populaire un peu oublié et immortalisé par le Top 50 des années 90, mis aux nues par les amateurs éclairés de "Bide et Musique" et autres Charts référentiels.
Il est cet auteur et interprète singulier, un peu ringard et attachant du tube "Je t’aime le lundi", faussement simple, faussement Kitsch et profondément universel. Mais Edouardo Pisani c’est avant tout un poète. Il nous le prouve avec cet écrit court et provocateur intitulé "J’ai vu Verlaine..." et que nous allons commenter ici avec grand plaisir.
Le Mague, le Journal de résistance culturelle n’a jamais aussi bien porté son slogan !



J’AI VU VERLAINE...

J’ai vu Verlaine
Enculer Rimbaud.
J’ai vu Marilyn Monroe
Se faire prendre
En sandwich
Par les frères Kennedy.
J’ai vu Cléopâtre
Faire une pipe
À Jules César.
J’ai vu Simone de Beauvoir
Faire une branlette
Espagnole
À Jean-Paul Sartre.
J’ai vu George Sand
Lécher les couilles
De Chopin.
J’ai vu Bonny Parker
Se faire bouffer
La chatte
Par Clyde Barrow.
J’ai vu Rodin
Prendre en levrette
Camille Claudel.
J’ai vu
Tout ça,
Dès que je suis arrivé.
Je crois
Que je vais bien
M’y plaire,
Ici, au Paradis.

Edouardo Pisani contempteur insolite d’un monde poético-tragique, noir et rose dont il est le seul à avoir les clefs nous racontent ses visions crues à mi-chemin entre la chanson, le Haîku et la citation minimaliste et la Littérature. Car on est dans un poème qu’aurait adoré Jean Tardieu. Un poème contemporain de nos habitudes, de l’histoire People, de l’histoire de l’art, de l’observation d’une mémoire collective qui nous parle directement au coeur et à la tête.

Edouardo est un poète réaliste qui est à la poésie ce qui Fréhel est à la chanson !

Sexe, humour, provocation facile ou plus subtile, Edouardo frappe là où ça fait réagir, quitte à choquer, quitte à déstabiliser, quitte à se faire moquer. Pourtant il est un des derniers à regarder le monde tel qu’il est dans son cynisme tragique, dans son glauque sexuel, dans ses jeux de pouvoir, dans cette petite histoire qui fait les grandes destinées.
Oui le monde est une gigantesque partouze, oui le cul dirige les rapports humains et ce dans tous les milieux. Hétéro, gay, bandits de grands chemins, artistes, dictateurs, maîtres de guerre, ils baisent tous et c’est ce qui les rend vivants, même morts.

Bravo Edouardo Pisani pour cette Récréation poétique qui fait du bien à l’âme, aux zygomatiques et à la Littérature libre et affranchi de la pudibonderie ambiante...