Marguerite : le film avec Frot et Fau qui sonne terriblement faux

Marguerite : le film avec Frot et Fau qui sonne terriblement faux

Le chef d’Oeuvre français annoncé et plébiscité par beaucoup n’en est pas un, il ne faut pas se leurrer. Il a été largement surestimé. Xavier Giannoli, malgré des moyens énormes, passe à côté de son sujet par manque de subtilité et de nuances et pour avoir voulu rendre grand public une histoire plus complexe que ce qu’il met finalement en scène par volonté de plaire, de fédérer et finalement de tourner en dérision gratuitement une femme malheureuse et bébête. La volonté critique de dénoncer l’Imposture artistique se retourne contre le Réalisateur et son long métrage

Faire passer Marguerite pour une pauvre dame riche sans amour de son mari qui compense par des rêves de gloire musical, est une idée faible qui ne correspond pas du tout à la réalité du personnage réel qui a inspiré le film car, elle, avait un certain talent, même s’il était contesté par certains.

Michel Fau joue bien mais pas comme il faut, Catherine Frot joue le faux de manière molle, le film adapté librement de la vraie vie de Florence Foster Jenkins - celle-là même qui aurait inspiré la Castafiore d’Hergé - ne tient pas toutes ses promesses, il est trop long, assez misogyne et réducteur et fait passer son personnage pour une Ridicule nunuche et imbaisable sans fond alors qu’il aurait pu en être autrement. Jenkins était une vraie artiste, certes particulière, mais elle tenait la note, a sorti des disques, Giannoli en fait une femme nulle, mythomane, seule et naïve, une idiote immature gentillette et généreuse qui se fait du mal toute seule alors que les personnages masculins excellent à l’image alors qu’ils sont manipulateurs, pervers, intéressés et lâches.

On pensait assister au triomphe de Catherine Frot mais finalement ce sont les hommes qui s’en tirent le mieux, André Macron et Sylvain Dieuaide juste épatants, prodigieux et haut dessus du lot, laissant finalement peu de place pour admirer la prestation de Catherine Frot qui se concentre sur ses scènes « chantée » et en oublie un peu son jeu.
On sent bien que le réalisateur prend finalement beaucoup plus de plaisir à développer les rôles d’hommes et à les filmer et que finalement le regard qu’il pose sur le personnage de Catherine Frot en pâti du début à la fin du film.

Xavier Giannoli filme un monde basique où la misogynie, l’homosexualité, les figures masculines écrasent les deux personnages féminins qui apparaissent finalement fades, anecdotiques. Catherine Frot et Christa Théret ayant finalement des rôles qui sont beaucoup moins intéressants que ceux des hommes, des rôles de femmes aux ordres des hommes, sans possibilité de sortir de ce schéma alors qu’elles ont l’argent ou la beauté, le talent ou la jeunesse..

Le personnage du poète un peu fou et fantasque joué brillamment par Aubert Fenoy aurait mérité d’être développé tant il apporte de la fraîcheur, du sens et de la fantaisie au film.

Mais l’ensemble manque de culture cinématographique et de génie dans le travail, on est étonné de ne voir aucun clin d’oeil au personnage de Suzanne Alexander dans Citizen Kane d’Orson Welles alors qu’il y a une filiation évidente qu’un cinéphile qui se respecte aurait mis en scène avec un joli clin d’oeil.

Le niveau d’exigence en matière de cinéma baisse, on crie à la Merveille à propos d’un film ennuyeux et manquant de rythme, qui est un cadeau empoisonné à l’actrice Catherine Frot et qui ne rentrera jamais dans la mémoire collective des vrais (et pas Faux) amateurs éclairés de Cinéma.

La déception est grande. Tout sonne faux, archi faux, ce qui est un comble tout de même...

MARGUERITE, un film de Xavier Giannoli (2015)