HK et les Saltimbanks : embarquent avec les « Rallumeurs d’étoiles » qui brillent au firmament de la qualité humaine.

HK et les Saltimbanks : embarquent avec les « Rallumeurs d'étoiles » qui brillent au firmament de la qualité humaine.

Depuis près de 20 ans que HK sillonne les mots en chansons après avoir commencé par le hip hop, il ne s’est pas assagi. Au contraire, il tient toujours en toute humilité le flambeau des sans tribunes et ne lâche rien de ses révoltes et son amour pour le genre humain. Il nous convie même à nous envoler avec lui dans les airs sur une inspiration d’Apollinaire, à rallumer les étoiles. HK est une de ces personnes entières et sincères qui chantent la générosité à partager une société pour un autre futur égalitaire et fraternel. Il fait chaud aux tripes. Il me remue le cœur à soutenir dans la continuation de son œuvre ce beau phraseur en musiques vivantes et variées autour de tonalités caraïbes et autres richesses. C’est un poète planétaire iconoclaste et vraiment unique, bien entouré de ses fameux « Saltimbanks ».

Bon, quand j’ai reçu ce CD signé HK, au début j’ai pensé à Alexis HK ! Non c’est vrai, qu’est-ce qu’ils ont tous ces auteurs compositeurs interprètes à résumer leur blaze par des lettres ? J’avais encore tout faux… Vous me connaissez, j’aime bien savoir qui se cache derrière un CD. Avec HK pour Hadadi, Kaddour, franchement je n’ai pas été déçue. Déjà il est kabyle d’origine et forcément il sonne à mes esgourdes les bardes qui ont bercé l’adolescence du Bartos. Ce cave qui a fait tourner en boucle à la casbah, les Idir, Djurdjura ou autres Djamel Allam et bien entendu ce cher Matoub Lounes.

Djurdjura cite dans l’interview ci-dessus Matoub Lounes qui déclarait : “Je ne fais pas des chansons pour les intellectuels, je fais des chansons pour tout le monde”. HK je pense peut reprendre à son compte cette affirmation, tant son œuvre est ouverte, généreuse, rebelle et surtout pas élitiste.

Il se déclame : « Mon grand-père était poilu de la première guerre mondiale. Mon père et ma mère des immigrés algériens ayant fait le grand voyage : des montagnes de Kabylie jusqu’aux pavés roubaisiens. Et moi… Je suis un saltimbanque ». Un saltimbanque forcément voyageur et rebelle, comme aussi le suggèrent ses origines berbères d’un peuple en révolte et en résistance perpétuelle contre toutes les formes d’obscurantisme, qui portent atteinte à la dignité humaine de leur culture et leur poésie comme mode de vie.

Tout à la fin de mon article en regard du F’Haine arrivé en tête lors des dernières élections dans le Nord Médoc, je mettais en parallèle deux générations de chanteurs engagés : François Béranger et HK. Etonnant non ? http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article8893 (avec une monumentale erreur orthographique dont je m’excuse auprès de mon lectorat) Même si comme de bien entendu, chacun de ces deux très grands artistes ont leur propre parole et leur mode de communication qui correspondent à deux périodes distinctes dans l’expression en acte des révoltes.
Aujourd’hui, c’est plutôt mou, du moins on le laisse croire sur les médias à la solde des annonceurs qui musèlent les luttes et les combats en les délégitimant ou pire encore que la censure, en les taisant.
Je pense prochainement à la mobilisation début mai 2015 contre les lois scélérates et liberticides : http://www.mediapart.fr/journal/france/180415/loi-sur-le-renseignement-un-attentat-aux-libertes dont j’avais déjà subodorées le traitement et la mise en place, lors des événements de Charlie Hebdo.
http://www.lemague.net/dyn/spip.php?article8873
Lui HK ne baisse pas les bras non plus et son tube « On ne lâche rien », j’espère sera entendu très prochainement dans les rues.

Très tôt, HK a mis les mains dans les fruits et légumes sur les marchés en aidant son pater, qui était marchand. A quinze balais, il trouve déjà son expression dans la révolution hip hop. En 2005, c’est la première reconnaissance il forme avec son cousin Saïd un groupe MAP (le Ministère des Affaires Populaires). Un hip hop tribal, avec accordéon violon et déjà la volonté de porter l’identité d’une région ouvrière et métissée du côté des ch’tis, pardi.
Le hip hop et le rap de gruyère, vous savez que ce n’est pas mon boc de bière préféré. A ce que j’en sais peu sur la question, mais lors de mes maigres écoutes, je n’ai été charmé ni par la musique sans âme sortie d’un clavier artificiel, ni encore moins par le phrasé monotone qui se ressemblait comme deux gouttes d’eau et encore moins par certaines paroles machos (je ne parle même pas des clips insultants mes frangines les femmes) et dont les majors ont très vite compris le filon qu’ils allaient en tirer. Donc franchement, au départ je n’étais pas trop emballée lorsque j’ai appris que HK avait touché au rap et ses dérivés. Mais comme je ne suis pas conne (j’espère que vous me suivez), j’ai continué à creuser pour en apprendre d’avantage. Grand bien m’en fut de ne pas m’arrêter à mes œillères débiles.
HK nous cause d’ailleurs dans cet album de son parcours atypique et j’apprécie sa franchise : (on a) « Créé un ministère / Celui des poètes enragés /Enjambé les barrières / Sans jamais tomber dans le fossé / Evitant les facilités / Et les caricatures / Les discours accrédités / Les bienveillantes autocensures » (in « A nous d’Jouer »). qui relate 20 ans de carrière d’écritures et de combats fraternels pour exploser les préjugés et les mises en cases. (Bien fait pour ma pomme et vlan passe-moi l’éponge, ko la Singette !)

En 2006 leur premier album remporte la « Révélation au printemps de Bourges ». En 2009, il enchaîne un second album : « Les bronzés font du chti » (admirez l’humour du zigue, j’adore !). En 2009 il prend son envol en cavalier seul et forme le groupe HK et les Saltinbanks avec une sacrée équipe de musicos qui connaissent la zizique. Puis, deux autres albums dans la verve en révolte naitront. Et comme si l’expression poétique musicale engagée en bande ne lui suffisait pas, en plus HK sort des sentiers de la littérature avec deux romans dont l’un autobiographique « J’écris donc j’existe » (bien dit !) et un second « Néapolis ». Désolée je ne les ai pas lus, j’en ai entendu parler, mais il me tarde de me jeter à leur rencontre (si le service de presse de son éditeur me lit et s’il n’est pas trop tard, je suis partante).
En 2014, c’et la sortie de l’album « Les Déserteurs » hommage à la chanson française et à la musique Châabi et peut être aussi, qui sait, connaissant désormais un peu le bonhomme, à Boris Vian !

J’en viens à l’album ici présent qui nous intéresse « Rallumeurs d’étoiles » qui sort le 20 avril 2015. Bon alors là chapeau bas à l’artiste HK. Franchement il m’a scié la branche où je glandais en bouffant des bananes. C’est le Bartos qui est revenu à la charge, ce cave ! Il m’a dit : c’est inspiré d’un vers d’Apollinaire. Ben oui et il m’a relu les quatre vers dont sa meilleure amie Marie-Christine Moreau ou MCM pour les intimes termine ses missives :
« Ils éteignent les étoiles à coups de canon… / Ils ont même assassiné les constellations… / Il est grand temps de rallumer les étoiles ». Sur un chorus des bambins des musiciens.
Après ma bosse due à la chute, de l’arbre causée par ce sacré HK, je me suis remise à l’écouter cette chanson qui donne le titre à son album. Je sais aussi que HK vit désormais du côté de Bergerac, le pays de MCM. Je ne crois pas au hasard, ces deux êtres là si riches de leur culture et de leur sensibilité si humaine sont faits pour se rencontrer. Ils auront maintes affinités à partager, à commencer par le respect qu’ils éprouvent pour la fonction de la poésie.
Sur des accords reggae, j’ai cru piger ce qui anime HK à chanter en poète et saltimbanque l’idée d’utopie, qu’il exprime dans son autofiction littéraire où son narrateur devient fou du fait qu’il n’a plus la possibilité de rêver.

Dans sa présente galette je reconnais aussi (ça va vous paraitre hasardeux, mais j’assume) des vraisemblances avec la quête des origines africaines du bassiste Marcus Miller dans son dernier album « Afrodeezia » où il parcourt la planète à la recherche de ses ancêtres noirs.
Avec HK on voyage « Sur la même longueur d’onde » qui ouvre l’album : « Saurons-nous enfin nous reconnaitre ? / Saurons-nous enfin nous reconnecter ? / Sommes-nous sur la même longueur d’onde, / Positive et vagabonde ? ». Il nous touche aussi sur une zizique du temps de la prohibition de l’alcool aux Amériques avec « Mister Juke ». HK décline toute sa culture jazz dans cette fameuse chanson qui swingue trop bath. Et la poésie en révolte en duo, le chanteur chilien Pena Casanova l’accompagne in « Para cuando la vida ? » avec un extrait (excusez du peu) d’un poème de Pablo Neruda en espagnol : « Vis maintenant ! Risque toi aujourd’hui / Agis tout de suite / Ne te laisse pas mourir lentement ! / Ne te prive pas d’être heureux ! ».

Clin d’œil encore à Marcus Miller, avec « Dounia » et le chanteur malien Aboubacar Kouyaté, qui se joint à HK pour une ode à l’homme libre. J’y vois et ressens aussi la résistance dans ce chant contre les barbus intégristes, comme dans les images du film « Timbuktu ».
« Le manouche du ghetto » nous entraine dans les ghettos des cités par chez nous mais aussi de Soweto, aux peuples des Caraïbes de la Havane aux Antilles d’Aimé Césaire au reggae de Bob Marley … Et c’est encore le HK iconoclaste et éternel voyageur sans frontière où luit la lumière dans son regard.

Toujours chaloupé, ça balance dans « Sans haine, sans armes et sans violence », on retrouve la philosophie de HK. Admirez les paroles dans le refrain, la construction, la rythmique, l’artiste poète dans toute sa splendeur : « Sans haine, sans armes et sans violence /De résistances en désobéissances /C’est une évidence, nos vies n’ont plus aucun sens / Depuis qu’nos rêves sont indexés sur le prix de l’essence ».

Encore un choc, digne des concerts de Carte de Séjour d’il y a longtemps, quand Rachid Taha entamait sa « Douce France » de Monsieur Trenet. Le morceau commence avec le merveilleux accent nord-africain d’un monsieur qui se plaint que « La moitié des gens y dit pas bonjour / L’autre moitié y dit pas s’il vous plait ». La politesse et le respect du regard bienveillant à la personne ce n’est pas encore ringard pour tout le monde et ça me rassure. D’autant quand c’est mis en musique, ça cause. Ca cause, surtout à notre époque où la haine contre le droit à la différence est montée en épingle ! Alors, comme dans ce café où HK rencontre cet homme attentif ; dans tous les lieux publics on pourrait passer cette chanson et danser en chœur ! « Si tout le monde y dit merci / Ca irait mieux la France / Si tout le monde y dit merci / Merci, merci ! ». En tout cas un gros merci à Hk et les Saltinbanks pour cette noble attention.

Le rêve qui tourne au cauchemar. Le délit de sale gueule et la bavure selon l’injure à agent de police dans l’exercice de la répression nous concerne toutes et tous. Surtout de plus en plus avec les lois liberticides dans l’air ! Avec un superbe chorus féminin, sur un air endiablé avec la basse qui dépote une rythmique caraïbe, « Y’a pas de problème » !

Un reggae pur et dur chanté en anglais inspiré par un discours de Yasser Arafat à l’ONU en 1974, c’est « The olive branch ».

Y’a même des chansons d’amour dans cet album. Ah quand même (rires). Avec « Si un jour je tombe » à double sens et tout en finesse. Mais aussi « Je te dis non » ou la parole d’un petit homme devant une femme, lui expose en toute franchise tous ses travers et demande simplement qu’on lui pardonne d’être un homme.

Encore un air du tonnerre, décidément HK et ses aminches musiciens jouent à nous gambiller sur leurs chansons. Y’a d’la joie sur des sujets graves. L’accordéon chez eux n’est pas ringard. Même le spleen d’un « Gars pas très fréquentable » est illustré en musique et s’ouvre à notre sagacité de nous démarquer.

Alors de jour comme de nuit la lune vous sourit un air joyeux et HK et les Saltimbanks vous invitent à naviguer entre les étoiles à rallumer les astres qui brillent en nous, en solidarités et fraternités.
La tournée de toute la bande est déjà bien remplie. Près de chez vous s’arrêtera la caravane, ne manquez pas ce bol d’air et gardez vos révoltes légitimes intactes. La rue est à nous avec HK et les Saltimbanks qui vont vous ragaillardir un rayon de soleil salutaire et sincère. Avec HK et les saltimbanks, non seulement on ne lâche rien mais on continue à se battre tous ensemble !

La présentation de toute la bande :
Kaddour Hadadi - Chant
Jeoffrey Arnone : accordéon, claviers, orgue Hammond
Eric Janson : basse, basse synthé
Jimmy Laurent : guitare, banjo, ukulélé
Sébastien Wacheux : batterie, percussions
Saïd Zarouri : voix
Meddhy Ziouche : mandole, oud, claviers, accordéon, orgue Hammond, percussions, choeurs
Louis Henry Chambat : ingénieur du son, choeurs, bruitages, effets

HK et les Saltimbanks : album « Rallumeurs d’étoiles », sortie le 20 avril et en tournée dans toute la France, Blue Line productions