Catel et Grisseaux connaissent bien l’univers féminin pour avoir traité de la belle légende et muse d’artistes parisiens : Kiki Montparnasse .

Lucie a 30 ans. Sa vie n’est dans un ciel de diamants comme dans la chanson des Beatles. Sa vie sentimentale et professionnelle sont à la baisse. Le parcours de ses amies, sa sœur aînée sont irréprochables : mariées, avec des enfants, un mari à la carte bleue illimité. 30 ans, et l’horloge biologique tourne, Lucie veut un homme, fonder une famille, des enfants. Elle voudrait rattraper son destin entre une séance de shopping, un soin beauté complet, et les prédictions d’un voyante. Les occasions ne manquent pas pour rencontrer un homme : des expositions, des sorties en campagne ou à la montagne. Attention, un prince charmant peut créer quelques surprises ! Alors à 30 ans, faut il rester encore célibataire les filles ?

L’image d’une vie d’une femme célibataire trentenaire est pointé sur l’angle d’humour par le duo Catel et Véronique Grisseaux. La jeune « Lucie » est inspirée par une des amies du duo de cette bande dessinée. Au fil du scénario de Grisseaux, le personnage de Lucie évolue dans le pire, le doute, pessimisme broyeuse de noir, humour grinçant. La jeune célibataire trentenaire voudrait déclarer la fin de son célibat pour un mariage heureux, avec un mari parfait, idéal qui n’existe pas, même si ce dernier est le voisin de palier. Bien sur, il faudra régler son fameux « radar féminin » pour ne pas tomber un gay qui serait le côté « parfait » de l’homme.
Côte dessin, Catel reste dans un noir et blanc basique, l’encrage à son stricte minimum, simple, équilibré dans les noirs, avec quelques cases un peu plus travaillée dans l’accumulation des traits pour former une masse d’ombre.

Pour les plus avertis, pour les connaisseurs, ils pourront comparer la vie de Lucie avec celle de « Monsieur Jean » de Berberian et Dupuy : la vie d’un trentenaire entre célibat et succès littéraire. Il cauchemarde sur son futur de vie, peur du mariage, ou de finir célibataire, la pression des parents, des amis.
Femme moderne, des années 2000 ( date de la première parution ) , c’est une nouvelle édition au même format « Pocket » ou « qui rentre dans votre sac à main », avec une préface de José Louis Bocquet. En 2014, cette femme ressemble encore à celle que vous trouverez à travers de nombreux blogs « Tendances-Sorties-les Mecs c’est nul mais j’en veux un-Hype-Mode-Food-Street Food- Goûter … ! » . Elle est cadre dans une boite de communication-pub , elle a envie de bosser pas loin du show-biz entre musique et cinéma. Elle tente des sorties en pleine campagne, à la montagne, et tenter une nuit avec le possible homme de sa vie … pour rentrer au plus vite, le 2ième jour, dans la capitale : Paris !
Bien sur, là le mobile en est à ses balbutiements, pas de Wap ou de 4G, ni vraiment beaucoup de SMS mais le répondeur existait bien pour le téléphone fixe. L’attente d’une sonnerie est aussi insoutenable que le chiffre de « 1 » inscrit sur le boîtier du répondeur téléphonique ! L’amour est un suspens insoutenable.

« Lucie s’en soucie »fait peur à la réflexion compliquée d’une femme : celle de la vie toute seule, pour la vie !

LUCIE S’EN SOUCIE / CATEL et GRISSEAUX / Humanoïdes Associés.