Interview de Jacques BRIERE

Interview de Jacques BRIERE

Tout le monde connaît et a aimé Jacques Brière, à un moment donné, car il reste une des figures marquantes de ces grands et gros succès populaires et humoristiques que furent les émissions de Stéphane Collaro sur TF1. Qui a pu oublier le fameux Docteur Cynoque campé par Jacques aux côtés de la fabuleuse Claire Nadeau ? PERSONNE. Nous avons eu envie de converser avec ce héros de notre mémoire référentielle et la rencontre, outre le fait qu’elle est émouvante, plaisante et joyeuse, est véritablement pleine d’enseignements sur ce métier. Merci monsieur Jacques.

1. Bonjour Jacques je suis ravi de te rencontrer car, pour tous les individus qui ont été, comme moi, des téléspectateurs assidus dans les années 80, tu es culte, tu fais partie de notre mémoire référentielle et collective. Tu as fait mille choses artistiques dans ta vie mais tu est devenu célèbre et restes profondément marqué par ton personnage du Docteur Cynoque dans les émissions de Stéphane Collaro ? Comment est né ce personnage ?

L’idée est venue assez logiquement : L’émission était constituée de plusieurs rubriques, il en fallait obligatoirement une sur la médecine... Quoi de plus riche que le domaine psychiatrique. Je me suis donc proposé à l’écriture de sketches avec un psychiatre et sa cliente. (avec Claire Nadeau bien sûr...richesse d’interprétation oblige. La série a marché au point de devenir une des plus appréciées !

2. Quand on connaît un tel succès que celui-ci qui appartient désormais au public, c’est à dire qu’on doit tous les jours ou presque encore te parler de Cynoque, est-ce une chance ou quelque chose d’un peu lourd, à force... ou les deux ?

Oui on me parle encore de Cinoque aujourdhui, Et malgré 25 ans écoulés, certains me reconnaissent encore aujourdhui (j’aurai si peu changé ???) Je sais pas si c’est une chance, mais en tout cas c’est pas lourd : Si on fait quelque chose à la télé, on aime bien avoir des résultats positifs. Le fait que les gens te reconnaissent dans la rue et qu’ils t’en parlent, c’est une récompense. J’ai toujours eu le respect du public (télé et théatre) simplement parce que sans lui tu n’existes pas ! ( et bêtement tu ne gagnes pas ta vie) Je lui serai toujours reconnaissant !

3. En regardant les vidéos de cette époque et certaines autres de ton duo avec Michel Bonnet qu’on peut voir notamment sur INA.fr, je me disais que tu as vachement d’airs à Jerry Lewis tout de même...

Jerry Léwis, c’est un grand compliment mon cher Frédéric. Ce qui est marrant c’est que quand j’étais éleve de cours de théâtre, le prof disait que j’avais des airs à Montand jeune, 10 ans plus tard on me parlait de Fernandel... aujourdhui tu me parles de Jerry Léwis, je prend ! Mais il est important de finir par ressembler à soi même. car le nombre des années t’impose de développer ta propre personnalité.

4. Tu as toujours eu un physique qui plaisait aux filles... pas évident d’être un beau mec et de faire rire... tu aurais pu choisir aussi de faire des rôles de jeune premier. Est-ce toi qui a choisi l’humour ou est-ce l’humour qui t’as choisi ?

Je plaisais au filles c’est vrai, mais artistiquement, j’avais la chance d’avoir un physique trés élastique....( Jerry Léwis, t’as raison) Alors je pouvais faire des grimaces, ça faisait rire les filles..... Jeune premier ?? en fait mon prof m ’avait dit : T as pas un physique de jeune premier mais t’as pas un physique pour jouer les vieux non plus ! ( référence conservatoire) et Plus tard tu seras un fantaisiste. Ce qu’en fait je suis devenu jusqu’à maintenant.

5. Tu as fais partie d’un âge d’or de la télévision française et de l’humour à la France, tu as connu tout le show business des années 80/90. que gardes-tu de ces années de fastes, de paillettes et de gloire... il me semble que c’était aussi des années très exigeantes où il fallait travailler beaucoup ?

C’est vrai que j’ai eu la chance de faire partie d’une télévision où la liberté de création était présente ! On montrait des choses qu’on ne pourrait plus faire aujourd hui. ( Une playmate à 8 H - quart ne serait plus possible aujourd hui. car des grands penseurs intellectuels investis d’une mission divine l’interdiraient ! ces années étaient très exigentes c’est vrai : On tournait lundi mardi mercredi et jeudi. Le vendrtedi réunion pour décider des prochaines émissions et samedi dimanche écritures. Et ça pendant 10 ans ! bon le salaire était en conséquence.

6. Quel a été ton meilleur et ton pire souvenir de ta période Collaro ?

Mon meilleur souvenir est tout simplement d’avoir rencontré 500 artistes , (français, anglais et américains) et l’artiste (sur les 5OO) qui a mis une pêche d’enfer sur le plateau a été Line Renaud, mais quand tu donnes la réplique dans un sketche à Joe Cooker ou à Jeanne Moreau, ça ne s’oublie pas ! Pire souvenir ? Pas vraiment à part peut être l’interdiction de Collaro d’avoir des fou-rire sur le plateau. C’est pour ça qu’il y en a pas dans les émissions qui en montrent... c’est dommage !

7. Quels sont tes projets artistiques, car je suppose que tu fourmilles toujours d’idées et d’envies artistiques ?

Après l’arrêt des émissions je suis retourné au théâtre : c’était salutaire !!! J’ai joué, entre autres, une parodie de l’émission de Pivot : Apostrophons-nous que tu peux voir sur l’INA. Ensuite je suis descendu dans le sud par choix , là j’ai revu un vieux pote Christian Dob qui venait de créer un théatre de 200 places dans un vieux chai, et nous avons joué 26 pièces jusqu’à aujourdhui. Actuellement je finis de jouer par ci par là Areu=mc2 de Gérard Hernandez en attendant de monter autre chose.

8. Tu as choisi depuis de nombreuses années de donner des cours de théâtre ?

J’ai effectivement donné des cours de comédie pendant longtemps, et aujourd hui, j’ai pas mal d’élèves qui jouent soit professionnel, soit amateurs. Mais j’ai arrété pour me consacrer plus à mes enfants. ( j’ai encore un petit de 11 ans, malgré mon âge canonique Hihihihihi)

9. Quels conseils donneraient-tu à un jeune qui veut percer dans le comique aujourd’hui ?

S’il s’avère qu’il a un potentiel comique je lui dirai : vaz’y !!! Si t’y vas pas quelqu’un prendras ta place. Essaie d’être original dans ton comique. travaille ! soit créatif et surtout entoure toi de bons textes. (C’est souvent ce qui pêchent aujourd hui - voir Ruquier-) je lui dirai aussi : respecte ce métier, ne le trahis pas, respecte le public, il te le rendra ! soit humble ! Met toujours tes personnages de théatre en avant ! toi tu n’es rien, qu’une enveloppe qui donne vie à tes personnages de fiction. Respecte les gens qui travaillent avec toi. Ne te prend jamais pour une star, ça te rendrait aveugle....

10. Quels sont les gens, dans ce métier, qui te font rire aujourd’hui ?

Qui me fait rire ? Robin, Gad el Maleh, Palmade, Ladessous (vieille copine) et des imitateurs : ceux qui sont en avant scène, mais la jeune génération a à faire ses preuves sur la durée, et là j’en doute un peu.

11. Cher Jacques, je te laisse le mot de la fin...

Je terminerai en disant : si on est doué pour faire un métier artistique et qu’on a envie de le faire, faut surtout pas se l’interdire, même si on sait que la chance est important aussi. Combien de gens j’ai rencontré dans ma vie qui ont regrèté de ne pas avoir tenté l’aventure un jour...... Bisous Frédéric.