Ghinzu : the Rock is back !!!

Avec ‘Franz Ferdinand’, ‘The Kills’, ‘Interpol’, ‘Radio 4’ on savait que le rock pur était en train de revenir au pouvoir. Pourquoi ? Comment ? impossible à diagnostiquer, le monde musical est parfois plus flou qu’une boule de cristal. Loin de se poser des questions métaphysiques, les Ghinzu eux, en passant par la Belgique avec leurs perruques afros, ont investi l’hexagone de leur rock mélodique tout récemment, précédé d’un bouche à oreille dithyrambiques sur leurs qualités mélodieuses. On leur prête même la faculté de donner une perception que le bruit peut bien faire office d’œuvre classique.

Leur second album, une bombe, que certains qualifient de prodigieux, explose tous les standards anglo-saxons et les attitudes suspectes de groupes plus fantomatiques que créatifs. Il faut donc, pour le bien de la république, faire découvrir Ghinzu au plus grand nombre. Rencontre décisive avec le nouveau cheval de bataille que j’ai décidé de monter à bras le corps.

On peut commencer l’interview ?

Ghinzu : « Je suis prêt ! j’ai enlevé mon pantalon : je suis prêt ! »

Pour mes lecteurs je tiens à dire que je ne me situe pas dans la même pièce que vous et que nous nous parlons par téléphones interposés ?

Ghinzu : « C’est ça toute la magie de ce genre d’appareil, on peut être dans une situation extrêmement bizarre avec un journaliste au téléphone. »

Vous me permettrez de mentionner votre apparente décontraction ?

Ghinzu : « Ecoutez d’accord... mais dites dans ces conditions que vous êtes une femme. (rire) »

Pouvez-vous me rappeler pour quelles raisons vous vous êtes appelé Ghinzu ?

Ghinzu : « Ha le problème des noms ! En fait nous ne savions pas très bien choisir un nom et pourtant nous avions une émission à la télévision en 1999 où l’on devait jouer alors que nous n’avions jamais sorti encore de disques. Alors la veille on a choisi ce nom car il ne voulait rien dire, il était intemporel, court et compliqué tout à la fois. »

Ghinzu ce sont aussi les fameux couteaux prétendus japonais dont la devise est « Plus on coupe plus ils s’aiguisent », est ce que vous c’est « plus ils jouent plus ils s’améliorent » ?

Ghinzu : « Ce serait vraiment bien si c’était la réalité ! Pour l’instant c’est comme ça, mais est ce qu’il restera une lame après cet album ? (rire) »

Vous êtes content du résultat final de ‘Blow’ votre nouvel album ?

Ghinzu : « Super content, d’autant plus que le CD est sorti en Belgique en Février, en France c’est en Septembre, on va le sortir aussi en Allemagne et dans d’autres pays et souvent quand tu essayes de ré-écouter ton album après coup, tu te dis « putain j’aurais pas du faire comme ça ou comme ci, ce son là est merdique, etc... » et là je l’ai écouté il n’y a pas longtemps et je le trouve très bien ! »

L’album a donc une carrière internationale qui va s’amorcer, c’est effrayant ?

Ghinzu : « Non ! on espère d’ailleurs pouvoir jouer un peu partout. Que tu sois au Portugal, en France ou en Angleterre nous jouerons la même chose. »

Ce titre signifie explosion ou caresse en anglais, on ne pouvait pas trouver mieux ?

Ghinzu : « Blow en anglais est une base qui veut dire plein de choses. The Win Blow c’est quand il y a une petite brise qui souffle, Blow peut aussi dire une explosion. T’as aussi Blow Jup qui veut dire une fellation. Cela peut passer de quelque chose de très doux à quelque chose de très violent ou de très sexuel. »

Quand on écoute le CD, même si l’album est long, il n’y a que 11 titres et l’on en souhaiterait d’autres ?

Ghinzu : « Pour cet album on a eu vraiment beaucoup de matière. Sur 20 chansons enregistrées, on en a mixées 16 pour n’en prendre finalement que 11. On a jeté 5 chansons que j’adorais qui ne correspondaient pas au rythme de l’album. Seules, elles étaient excellentes mais dans l’album elles déformaient le tout. »

L’album débute par un morceaux de 8 mn, pourquoi avoir choisi de commencer de cette manière votre LP ?

Ghinzu : « Tout résulte de notre envie de travailler sur l’instinct et l’impulsion. On a remarqué qu’il y avait une soufflerie qui tournait à l’aide de deux turbines dans le studio où l’on enregistrait avec un son hyper intéressant. On a décidé de mettre cette intro de soufflerie car elle correspondait bien à ‘Blow’ et à ce que nous avions décidé d’y mettre à l’intérieur. »

Ensuite vous poursuivez aussitôt dans une chanson qui est le single ‘Do You Read Me’ beaucoup plus acerbe ?

Ghinzu : « Apparemment on est super bien coté avec ce single. »

L’album n’est pas linéaire, il s’envole puis redescend pour remonter ensuite ?

Ghinzu : « En général on a une base de composition parce que je dirais qu’on est une sorte de production de composition. A un moment, on se dit qu’on va en faire un album en mettant tout à plat, en regardant ce qui manque, en prenant ce qu’il y a déjà à la base. Après on décide de voir comment l’on mixe une chanson puis l’autre de manière assez naturelle. On a été conduit à faire un album à différentes facettes et couleurs. On ne voulait pas un truc avec le même son du début à la fin car je me lasse très vite des sons identiques. »

Vous bidouillez énormément sur les sons ?

Ghinzu : « On utilise plein de machines. Quand on enregistre on essaye de faire des prises lives en jouant sur une certaine dynamique de tempo. Dans toute la période du mix on crée un espèce de laboratoire dans lequel il y a des dizaines et des dizaines de choses. On envoi un signal à l’intérieur du laboratoire pour que les personnes qui y travaillent puisse écouter et modifier les paramètres. Ces personnes ont donc une idée du son leur permettant de travailler à rajouter des pistes, à trouver des trucs. Il y a ensuite des conférences entre la salle de contrôle et le labo. Certains souhaitent un break, demandent à ce qu’on arrêtent toutes les guitares pour y mettre quelque chose d’autres, etc. »

Vous fonctionnez plutôt dans un consensus ou dans un choix dictatorial où seul le maître à penser a le droit de trancher ?

Ghinzu : « C’est dictatorialement consensuel ! (rire) »

Il y a même un « Sherman », vous n’utilisez tout de même pas un tank ?

Ghinzu : « Ce fameux Sherman ! C’est dément, une sorte de module de son qui les tord dans tous le sens. Sherman est donc une machine qui prend un son et le converti en un autre. »

Vous avez piqué ça à Bjork ?

Ghinzu : « Vous avez lu ça dans la pochette... je suis au regret de vous dire qu’il y a pas mal de choses sur la pochette qui sont vraies ! D’ailleurs l’Islande j’en viens (rire). »

A l’écoute du Cd, on se dit que vous avez été très influencé par le classique ?

Ghinzu : « Il y a 3 types de morceaux sur l’album. Soit des morceaux piano, voix et chœurs, des trucs plus rock electro punk et enfin des chansons plus symphoniques. De toute façon nous sommes très liés à la composition du piano qui elle est assez classique. »

Vous prenez du plaisir plus spécialement dans quel genre ?

Ghinzu : « Je dirais que chaque morceau nous apportent des émotions qui leur sont propres. Il y a des chansons qui sont liées au contraste doux-fort, et d’autres liées à l’hystérie pur. En commençant par ‘Blow’ on essaye d’ouvrir des fenêtres pêchues pour que l’auditeur puisse sortir sa tête à l’air libre. Sur scène ce qui est génial c’est qu’on commence généralement par des trucs doux pour aller vers la pêche. »

Comment avez-vous décidé de faire au niveau de la production ?

Ghinzu : « On est auto-produit du fait d’avoir eu de très mauvaises expériences avec des majors. On avait envie d’avancer selon nos règles de production. Nous n’avions pas la prétention de vouloir prendre tel ou tel producteur pour faire notre musique. Nous avions peur qu’il n’y ait pas de liens entre nous- la maison de disque - le producteur de l’album et le consommateur. A partir de là on a produit l’album nous même avec un super ingénieur du son. C’était super. »

Votre album est déjà sorti depuis pas mal de temps en Belgique donc vous devez déjà être en train de préparer le suivant ?

Ghinzu : « En ce moment il y a la tournée française qui démarre mi-octobre jusque mi-novembre, puis une autre tournée en 2005. Donc je dirais qu’avant fin de l’été 2005 nous n’irons pas en studio. »

Vous êtes tous multi-instrumentistes, comment cela se passe en studio et sur scène ?
Ghinzu : « Tout dépend du morceau, moi je suis au piano et à la voix, j’ai un guitariste et un bassiste mais si quelqu’un désire faire autre chose on en parle et on essaye. C’est un fameux pot pourri ! »

Qu’est-ce qui a changé chez les Ghinzu depuis 2000 et votre création ?

Ghinzu : « On a beaucoup plus de moyens, on joue devant beaucoup plus de monde et donc on se prend beaucoup plus au sérieux ! (rire). »

Certains critiques ont fait de ‘Blow’ la base de la renaissance musicale ?

Ghinzu : « Je démens ! »

Pourquoi ?

Ghinzu : « Je trouve ça tellement bien que je me dis que c’est trop ! »

Et si c’était vrai ?

Ghinzu : « Non ! on prend des influences qu’on mélange. Ce que je trouve vraiment intéressant par rapport à ce que l’on fait c’est que contrairement à des américains ou des anglais nous n’avons pas des décennies d’excellents albums rock au dessus de la tête. On a pas de patrimoine national rock à défendre. Nous sommes juste des belges qui peuvent paraître frais car on s’inspire de tout. On prend de l’anglais, de l’américain pour en faire ce qu’on en a envie afin de créer une entité qui est assez chouette à l’oreille. De là à dire que c’est la renaissance de ce siècle nouveau... on s’appellera dans 80 ans pour faire un phoner ! »

Que signifie ces perruques afro que vous portez ?

Ghinzu : « Encore une fois, pendant un show télé comme j’étais mal rasé j’ai mis cette perruque. A l’image on trouvait ça chouette et cela donnait quelque chose de particulier. Je fais de la musique parce que j’ai toujours été un fan de Live. Et dans le Live il y a toujours une partie de show inhérent au rock. Avec 4 ou 5 accords tu te dois d’avoir une attitude pour donner un sens à ta musique. Sur scène je trouve ça important que lorsque tu débarques il y ait quelque chose de graphique qui se passe. »

Sur la photo à l’intérieur de votre album vous êtes tous assis sur un canapé. En jouant au jeu des 7 erreurs seul l’un d’entre vous ne boit pas une bière en pression, c’était déjà pour exporter votre musique en dehors du cadre belge ?

Ghinzu : « L’un de nous boit effectivement un Martini car il doit sûrement avoir des origines italiennes. (rire) »