Quand un trio de féministes des années 70 prend sa destinée en main !

Quand un trio de féministes des années 70 prend sa destinée en main !

Ce court roman de Claude Colson, auteur qui va son bonhomme de chemin en harmonie avec les femmes qu’il chérie, m’a ravie à plus d’un titre. A commencer par son blaze « La fin, les moyens », son format, son écriture vivante et enfin son aisance à nous plonger dans une pure fiction des années 70, avec le passage presque obligé à l’action directe par un trio féministe. Un petit éditeur, le Banc d’Arguin, fait émerger un auteur de talent qu’il faut soutenir, dans la jungle des requins qui dévorent et phagocytent toute l’édition. Un roman à caresser du regard la cause des femmes afin qu’elle ne soit jamais considérée comme infâme.

Claude Colson (né en 1949) est un tout jeune homme. Dans sa tête, il a transcendé le romantisme allemand de ses études et de son propre enseignement pour nous retranscrire son amour des femmes à qui il donne la part belle dans tous ses écrits. Forcément de ce point de vue, il ne peut que m’être sympathique, pour sûr !

Depuis 1995, il écrit et met en forme des textes courts pour la plupart où l’humaine condition et l’amour au grand jour éclosent à chaque page.
L’autofiction ne lui est pas non plus inconnue. Les éditions Chloé de Lys ont apprécié son style et ses thématiques pour le prendre sous son aile. En 2012, les éditions Kirographaires s’affairent avec son roman court « Malgré tout  ». Infatigable écrivain qui sait à chaque écrit se remettre en question, Claude Colson nous gratifie en 2013 de son roman « La fin, les moyens  » aux éditions du Banc d’Arguin.

Ce qui me surprend le plus dans sa personnalité, c’est son entrain, sa force de caractère et de conviction d’écumer tous les salons littéraires en région parisienne où il réside actuellement mais pas seulement. Puisque dernièrement encore il était en Gironde. Claude Colson est un véritable globetrotter des lieux littéraires dans l’hexagone. Vous ne pouvez pas le ratez. Si vous ne venez pas à lui, c’est lui qui viendra à vous.

Sur son Facebook ou son propre site, il vous tiendra au courant de toutes ses pérégrinations et sera en joie de vous rencontrer et vous narrer ses aventures littéraires. Ce gars du Nord a le tempérament à la discussion et la chaleur humaine chevillée au corps. Vous ne pouvez pas le rater.

Concernant son dernier opus que j’ai entre les mains. J’ai été tout d’abord surprise par le format généreux que cet éditeur offre à ses auteurs. Ce qui permet une aération du texte et une lecture aisée. En l’espace d’une centaine de pages, il vous propose un récit bien torché alerte, vif et sans temps mort. Je ne vous cache pas que la thématique des années 70 capte toujours une résonance chez moi. Alors à plus forte raison quand c’est Claude Colson qui s’y attelle de nous dresser le portrait de trois donzelles révoltées. Elles entrent en scène dès les premières pages comme des pionnières féministes qui viennent déposer une gerbe sous l’Arc de Triomphe en hommage « A la femme inconnue du soldat inconnu  ».

Nadia, c’est la tête chercheuse, la tête pensante du trio, à la dégaine à entonner « Vingt ans  » de Léo Ferré. Elle déboule à la fac de Vincennes encore à Vincennes à ses débuts et non à Saint-Denis du 93, comme de nous jours ternes où cette fac a perdu de son panache libertaire. Quelques mots en passant sur cette université innovante et en révolte permanante durant ses années d’existence dans le Val de Marne entre 1969 et 1979. Je me rappellerai toujours les mots passionnés d’Henri Laborit à l’antenne de radio libertaire , qui y enseigna la biologie ouverte aux sciences sociales dans un esprit à casser les moules. Il adorait rencontrer les non-bacheliers salariés ou pas et aussi les bacheliers tout court dans un charivari festif et si fraternel.
Claude Colson évoque une scène particulièrement émouvante quant aux débats virulents qui pouvaient y fuser de toute part. Annie, une des trois jeunes femmes du trio féministe interpelle un étudiant : « Dis donc, ça t’arrange, toi, ou quoi ? Nous on veut tout, y’a pas de raison que pour le même boulot on gagne moins que vous, et pas qu’un peu, hein les filles ? » (pages 22 et 23) Les femmes présentes entonnent déjà les premiers chants de revendication pour se sentir libres et égales des hommes, libre dans leur corps plaisir d’enfanter si et seulement elles le désirent et tout le tralala.

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La trame narrative est ouverte par les confessions d’un juge a la retraite au seuil de son existence, qui doit en avoir gros sur la patate. En fait, le sujet du livre tourne autour de la thématique suivante : comment trois jeunes femmes éprises de liberté et féministes à Paris vont devenir terroristes dans les années 70, pour faire entendre leurs légitimes revendications ?

Issues de la génération spontanée, elles décident d’enlever un fils de député réac pour extorquer des sous, qui devraient leur permettre d’organiser leur résistance à l’ordre patriarcal en vigueur. Pas vraiment au clair avec leurs idées, elles votent Giscard et se réclament de la mouvance autonome !!!!!! Forcément pas très préparées à devenir martyres pour la cause du peuple féminin, elles risquent de se casser le clito…
Bien vite les médias vont les taxer de « gang armé des féministes  » à l’issu incertaine que je ne vous dévoilerai surtout pas.

Tout, tout, tout vous connaitrez tout des aventures révolutionnaires des trois jeunes femmes si vous lisez le roman de Claude Colson.

Dans l’épilogue, l’auteur dresse comme un réquisitoire, toutes les avancées que le combat féministe a forgées en actes dans la réalité. Avec en plus sa vision actuelle hélas objective : «  La cause des femmes avance certes, mais seulement pas à pas…  » (page 107)

Vous découvrirez la maman poule du jeune fils de député dont le mari tombe en amitié avec le flic bienveillant pour ses intérêts. Trois jeunes femmes enthousiastes en protagonistes bientôt dépassées par leurs actes et leurs tripes. Vous y lirez aussi quelques échos des événements de l’époque. Il n’y a pas à dire, Claude Colson s’est documenté et ne s’est pas lancé à la légère dans l’écriture de son roman.

On ne s’ennuie pas, on avance avec les trois héroïnes, on les accompagne, on souffre avec elles. Elles ouvrent le bal.
« Il était temps d’agir. On a donné le signal et on ne va pas tarder à être imitées par nos sœurs. Vous serez les égéries de cette révolution moderne. Si on avait rien fait, tout le monde continuerait à trouver normal que toi, Annie, aies un tout petit salaire de cadre B, alors que ta tâche est des plus noble : instituer l’Homme dans l’enfant. Quant à toi, Paule, je n’en parle même pas : s’échiner toute la journée pour un salaire de misère, afin d’arrondir le capital des patrons….. pfff !  » ( page 75) Rien de changé, c’est rouges bonnets et Poujade en personne sur l’estrade qui pousse l’estocade de la grande arnaque…..

A se demander si la fin justifie les moyens et si surtout comme dans le titre du roman de Claude Colson, la virgule est toujours nécessaire pour ponctuer la fin et les moyens ?

Claude Colson : La fin, les moyens, éditions du banc d’Arguin, 107 pages, juillet 2013, 16 euros


Le Facebook de Claude Colson
 : claude.colson@facebook.com