Interview de Amale El Atrassi victime de Mustapha

Interview de Amale El Atrassi victime de Mustapha

Elle a écrit un très beau livre, la grande sœur de l’humoriste Mustapha El Atrassi. Mais le bouquin ne semble pas faire les affaires ni plaire au petit frère qui fait régner un droit de véto sur les plateaux de télévision, dans les stations de radio et certains médias, afin qu’on ne parle pas du livre de son impudente frangine rebelle dont le titre sonne comme une claque dans la tronche : Louve Musulmane.

Notre Journal libre a décidé de tout vous dire et de tout mettre en oeuvre pour aider Amale à être normalement publiée et à faire la promotion de son livre, sans contrainte.
Une phrase forte et hautement symbolique y est d’actualité : « L’ignorance est le pilier de l’Islam des incultes ».
La vérité fait-elle peur au petit Mustapha ? Il devrait pourtant être fier de sa sœur et de son combat pour devenir libre. Mais lui, le petit gâté, le petit dernier, le petit protégé, le petit préféré a-t-il seulement conscience de ce que sa sœur Amale a pu vivre. Oui, c’est la honte d’avoir un père poivrot et violent, menteur et voleur. Cependant personne n’y peut rien, c’est ainsi et c’est une grande souffrance dont il faut bien se libérer.
Louve Musulmane est, dans ce sens, un exutoire et l’humoriste devrait le comprendre et le soutenir, ce qui lui ferait une sacrée belle publicité car les gens aiment bien les artistes, surtout lorsque leurs vies ne sont pas banales.
Au lieu de cela, le beau Mustapha exerce une véritable dictature intellectuelle contre le livre de Amale. Pas question de l’inviter nulle part et surtout pas sur le plateau de son maître à penser Laurent Ruquier, ni dans aucune émission de la production de Catherine Barma. Elle est belle, la liberté d’expression que ce trio revendique à tout instant pour lui. Faire taire les autres, les censurer, les juger et les condamner… Que dirait-il, ce joli triumvirat si cela devait s’appliquer à lui ?
Au fil des pages qui se lisent très bien, Amale nous parle de son enfance douloureuse, des moqueries et autres insultes de son père qui n’a aucun considération pour les femmes, les traitant comme des putes sans cervelle. Née et élevée en France, Amale sera exilée de force au Maroc, par la seule volonté de son machiavélique paternel prénommé Choukri. Elle y sera blessée, violée, humiliée et ne devra son salut qu’à la seule volonté de sa Maman qui est aussi celle de Mustapha.
Interview de Amale El Atrassi par Philippe Chauveau-Beaubaton :

PCB : Pourquoi ce titre "Louve Musulmane" et ne crois-tu pas qu’il soit paradoxal ?

AEA : Un jour, alors que je travaillais encore sur mon livre, j’aidais mon fils Nassim, en classe de 6e, à réviser sa leçon d’histoire et l’un des chapitres était sur la mythologie romaine. Il y avait un paragraphe concernant la louve romaine. Ce titre m’a interpellée. Cet animal évoque le côté à la fois nourricier et protecteur. Il est aussi solitaire et chef de meute. Je trouvais que cela caractérisait bien mon rôle au sein de ma famille et de celle que j’ai créée avec mon compagnon et nos quatre enfants. Il est vrai que le "titre" peut sembler pharamineux, mais je voulais avant tout interpeller au travers de mon titre qui, je vous l’avoue, est paradoxal.

PCB : Ton livre est sorti en janvier 2013, comme une bombe, et pourtant les médias semblent tous vouloir la désamorcer, pourquoi ?

AEA : Mon frère, l’humoriste Mustapha El Atrassi, a organisé un "boycott" validé par le clan "Ruquier" ainsi que ses amis de la radio et tv Hanouna, Morandini, Ardisson, Nikos, Cauet, Mouloud Achour etc... il faut savoir que tout ce "beau" monde se côtoie chez Europe 1 où mon frère travaille entre autre ou avec qui il a été en collaboration par le passé.

PCB : Certains diront que tu es courageuse, d’autres prétendront que tu es inconsciente et d’autres pensent que ta vie est en danger. Qu’est-ce qui te motive pour rompre cette loi du silence ?

AEA : Tout d abord je ne me suis jamais trouvée courageuse, j’avais besoin de rompre le silence, pour que mon témoignage puisse aider. J avais également besoin de laisser une sorte de "testament" a mes enfants, j avais aussi un défi à relever Ce que je trouve dommage c’est qu’une fois, il a été interrogé par les journalistes de LCI. Ils lui ont seulement demandé pourquoi il ne parlait jamais de sa famille. Il a répondu : « Je me donnerais la peine de parler des membres de ma famille le jour où ils produiront un spectacle ou ils écriront un livre ». Donc pour moi ça a été un défi d’écrire ce livre et de le sortir pour lui dire « Voilà, maintenant j’ai écrit ce livre et j’attends ta réponse ».

PCB : Quelles sont les réactions de ton entourage et surtout de ta famille ?

AEA : Écoutez, je suis bannie de la famille. Je suis la bête noire. Il n’y a qu’une de mes sœurs qui me soutient. Et, bizarrement, mon papa qui est revenu vers moi pour me soutenir et me dire qu’il était fier de moi. Alors que je parle beaucoup de mon père dans le livre et qu’il aurait pu mal le prendre – ce que j’aurais tout a fait compris. Il me dit que j’aurais du mettre son vrai prénom dans le livre - parce que j’ai changé son prénom – et qu’il était conscient de ce qu’il avait fait, qu’il assumait ses fautes. C’est aujourd’hui un homme blessé qui essaie de se racheter. Il m’appelle pratiquement tous les jours pour me dire qu’il est fier de moi. Il essaie d’expliquer pourquoi il a fait les choses dont je parle dans le livre. Il met ça sur le compte de sa culture, qui est une culture archaïque. Il dit qu’il le vit encore très mal et qu’il regrette. À partir de ce moment-là, je ne peux que lui ouvrir les bras. Mon père, ça restera mon père. Et mon frère restera mon frère quoiqu’il arrive.

PCB : Tu es la sœur de l’humoriste Mustapha El Atrassi, découvert par Laurent Ruquier ! Comment prend-t-il ce livre et pourquoi verrouille-t-il la presse classique ?

AEA : Mon réseau s’est un peu renseigné, en essayant de contacter Morandini, Hanouna, Ardisson les rédactions de certains journaux, de certains magazines, de certaines télés. On leur a dit de manière officieuse que Mustapha, avec Catherine Barma -qui est quelqu’un de très très médiatisé et qui a du poids – avait fait pression sur certains animateurs et journalistes : le livre est tout simplement boycotté. Les gens me posent la question tous les jours : « Pourquoi on ne te voit pas chez untel, chez lui ? » Il y a un problème. Je me bats au quotidien pour simplement pouvoir m’exprimer et défendre mon livre qui est également distribué au Maroc où, fort heureusement, la presse ne pratique pas cette espèce de copinage.

PCB : Mustapha semble pourtant avoir une belle ouverture d’esprit, alors pourquoi veut-il museler sa sœur, vu qu’il n’est nullement en cause dans ton livre et que tu l’aimes ?

AEA : Mustapha a honte qu’une de ses sœurs puisse crier haut et fort le viol dont elle a été victime. Ce passage de ma vie aurait dû rester secret pour lui. C’est tabou, il ne faut pas en parler. Mon frère se croit dépositaire du nom El Atrassi. Il est également phallocrate, il considère ses sœurs comme des inutilités qui doivent tout simplement courber l’échine, chose que je refuse bien évidemment. Le fait qu’il ne soutienne pas mon livre n’est en soi pas très grave, par contre Mustapha a orchestré un boycott accepté par la plupart des animateurs des grandes chaines de télé françaises, ce qui nuit fortement au potentiel de mon livre. Je subis une injustice et je me bats pour lever cette censure injustifiée.

PCB : Crois-tu possible que les femmes musulmanes deviennent des louves protectrices autant que combattives et peux-tu imaginer qu’elles puissent faire évoluer les mentalités des hommes.

AEA : Bien évidemment que les femmes, en général, vont devenir des louves combattives, nous avons assisté ces derniers temps a une rébellion des centaines de femmes dénoncent les dérives sexistes et militent pour l’instauration de libertés. en (Tunisie, Egypte....). Grâce a la Femme, oui les mentalités vont évoluer. Il faut, à mon sens, éduquer les enfants dès le plus jeune âge, leur parler de parité, revoir également la vente de jouets rayon fille où on trouve encore des articles de la parfaite maman.

PCB : Même si ta vie n’appartient qu’à toi, te sens-tu parfois bien seule dans ton combat et n’as-tu pas envie de baisser les bras ?

AEA : Non je ne me sens pas seule dans mon combat, il ya beaucoup de lecteurs qui me soutiennent, au travers de mon compte Facebook. Je reçois énormément de soutiens et de témoignages, et si au travers de mon livre je leurs insuffle du courage et de l’espoir ; j aurai a mon sens tout gagné. La vie ma rendue forte, stoïque, je suis tenace donc non je ne baisserai jamais les bras, même si je ne me bats pas a armes égales.

PCB : Que veux-tu dire, lorsque tu parles de l’islam des illettrés ?

AEA : L’islam des illettrés est une religion faussée que des gens, non instruits, essayent d’inculquer sans jamais, bien évidemment, avoir lu le Coran. C’est cet islam dont une minorité se sert pour commettre des actes monstrueux. Il ne faut pas stigmatiser une religion qui prône le respect, la tolérance et le partage.

PCB : Comme il est de coutume, dans notre journal, le mot de la fin est pour toi, alors dis-nous tout ce qui te passe par la tête et que nous n’avons pas évoqué au cours de notre entretien !

AEA : Le boycott est généralement ordonné par des gens idiots qui sont incapables de débattre.