Un film sur Haybes la Martyre

Un film sur Haybes la Martyre

Haybes est, aujourd’hui, un joli petit village fleuri du département des Ardennes se situant à la sortie d’une boucle de Meuse, juste après la ville de Fumay et enserré dans une vallée bordée par les massifs anciens et une forêt de légendes.

Il y aura bientôt 100 ans, ce n’est pas si loin, Haybes était au cœur de la barbarie de ce que les historiens nomment la grande guerre, celle de 1914 à 1918.

A cette occasion, un film est actuellement en tournage au sein de la commune, pour retracer les heures les plus noires de l’invasion Allemande dans ce village martyrisé par des hordes de Uhlans. Cet hommage sera prêt pour les cérémonies du souvenir prévues en 2014.

Des atrocités y furent commises par des groupes militaires allemands armés, assoiffés de vengeance, de haine et de sang, totalement imprévisibles et incontrôlables, autant que parfaitement indisciplinés.

C’est sur la fin du mois d’août 1914, en plein été, précisément à partir du 24 et durant trois jours, que l’invasion commença. Un soldat allemand fut tué par un soldat français embusqué sur la rive faisant face au village. En signe de représailles, les civils allaient payer un lourd tribut, alors qu’ils étaient parfaitement innocents. Le village sera occupé durant tout le temps de cette guerre, après avoir été pillé et bombardé par l’aviation allemande. 60 habitants seront humiliés, avant d’être exécutés, et 600 maisons seront incendiées.

Des Uhlans, ces fanatiques sanguinaires autant que primitifs, n’hésitèrent pas une seconde à poursuivre femmes et enfants, à travers ruelles et jardins, voire à l’orée du bois. Ils ne tirèrent pas pour se défendre, face à une population désarmée et apeurée, mais juste pour le simple plaisir de tuer et de voir couler le sang, tels de véritables bourreaux et bouchers, sans une once de sentiment et sans l’ombre d’un regret.

Alors qu’elle se trouve près de son jardin, en compagnie de sa petite sœur Raymonde née en 1910 et âgée de 4 ans, Berthe Henry qui a 16 ans prend Raymonde dans ses bras et court pour aller se mettre, toutes deux, à l’abri. C’est à ce moment précis qu’un Uhlan épaule son fusil et tire en direction des jeunes filles. La balle traverse le bras de Raymonde, avant d’aller définitivement se loger dans la poitrine de Berthe, laquelle s’écroule avec sa sœur. Non content de son acte de lâcheté, ce soldat, sans valeur et surtout sans honneur, arrachera des bras ensanglantés de Berthe, le petit corps mutilé de Raymonde pour le jeter dans les orties voisines.

Un peu plus tard, c’est un Major Infirmier de l’armée régulière allemande qui découvrira l’enfant gisant, en la sauvant d’une mort certaine car Raymonde saigne abondamment et son petit bras est totalement brisé, au niveau le plus haut de son humérus. Quant à Berthe, elle décédera quatre jours plus tard, alors qu’elle avait été amenée jusque dans la ville voisine, à l’hospice Malcotte de Fumay.

Raymonde devra être amputée de son bras gauche. Mutilée, elle ne pourra être appareillée définitivement qu’après sa croissance. Outre sa blessure physique, elle portera en elle et toute sa vie durant une ouverture plus profonde, une souffrance qu’on ne peut totalement guérir et qui nous invite non seulement au respect mais surtout à ne jamais oublier les atrocités liées à la sauvagerie des Hommes.