PROHOM, L’électron libre de l’electro-rock

PROHOM, L'électron libre de l'electro-rock

Toujours en mouvement mais pas insaisissable, le coeur tendu vers l’avant, Philippe Prohom est un artiste foisonnant dont l’arc créatif compte des cordes plus nombreuses que celles de sa guitare. Auteur, compositeur ( pour lui, pour d’autres, pour le spectacle vivant ), interprète, comédien, clown, intervenant scénique, son parcours artistique atypique, riche et tumultueux, se dessine, évolue, rebondit au gré de ses amours et désamours, personnels ou professionnels.

Après avoir exploré différents univers et griffonné des centaines de chansons, Prohom se laisse séduire par les ondes electro-rock. Une révélation en guise de véritable point de départ. Il se déleste alors de son prénom, appose son nom de famille sur l’affiche, grimpe sur scène en trio, dynamise et dynamite ce que l’on nomme communément « chanson française à texte ».

Polydor tombe sous le charme de l’énergique lyonnais aux prestations scéniques explosives et lui offre une signature pour cinq albums. Jaillissent alors les deux premiers opus : « Prohom » en 2002, puis « Peu importe » en 2004. Sur les radios s’installent dans la foulée et en bonne place certains de ses singles ( « ça oublie d’aimer » ). À cela s’ajoute une tournée de 650 dates, qui va se faire sentir interminable. Prohom, à cet instant-là en quatuor, produit de magiques étincelles mais ce rythme infernal va engendrer une explosion en plein vol.

Nous sommes fin 2005. Une pause s’impose.
Une année pour revenir vers soi, rompre avec Universal, faire naître un label nouveau, et signer chez les indépendants.

Une autre année pour trouver une nouvelle bande, un nouveau répertoire et faire éclore, en 2007, « Allers- retours », un album différent en forme de « voyage qui parle au corps » comme le décrit lui-même l’artiste. Mais public, programmateurs et médias lui réserveront un accueil frileux.
Pour finir, la mort se mêle à cette atmosphère déjà glaciale avec la disparition de François, ami et batteur, qui s’éloigne pour toujours.
Nous en sommes aux heures sombres de la fin 2008.
Réconfort et souffle nouveau viendront de son ami pianiste Christian Fradin : une nouvelle page va s’écrire en formule duo, piano electro. Nouveau tourneur ( Melodyn ), nouvelles éditions ( Chrysalis ) et un EP 4 titres sur vinyle, « La vie sans ».
Et puis encore des chemins qui se croisent et se décroisent, se nouent et se dénouent. À la fin de l’année 2010, tout semble encore se couvrir d’ombre. Chrysalis disparaît, le duo s’épuise.
Il fallait sans doute que Prohom traverse ces nuits noires multiples pour parvenir à auréoler de lumière son existence et son quatrième opus « Un monde pour soi ». Apaisé, libre, accordé avec lui-même, l’artiste renoue désormais avec ses amours premières, résolument electro-rock. De quoi réjouir les fans du tout début, tant dans le son que dans le sens. On entendra dans cet album des questions qui préoccupent : « Comment lutter ? », « À quoi me fier ? » Autant d’interrogations qui viennent se poser sur des rythmiques tenaces.

Des titres étonnants, « L’encre au bout de tes doigts », lancinants « Dis-toi », « Madame Canaille », une chanson et un clip bouleversant « Je voudrais que tu sois morte », des ballades aussi, dont un duo remarquable, « Au coin des rues », avec la charismatique Carmen Maria Vega, qui joue ici avec brio d’une émotion toute retenue.
Douze chansons, un album authentique forgé de main de maître par un Prohom lumineux, toujours intègre, qui assume désormais en pleine conscience ses choix artistiques.
Un quatrième opus qui remonte à la source de l’émotion pure.
Profondément humain.

Pour suivre toute l’actualité de PROHOM :
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Cinq questions à Prohom !

Ton quatrième album, « Un monde pour soi », sortira en février prochain. La première question que j’ai envie de te poser, c’est : « Comment te sens-tu ? »

Eh bien écoute j’ai envie de te répondre que je me sens plutôt bien ! Serein, tranquille, sans attentes particulières...

On ne peut pas dire que ton parcours artistique soit un long fleuve tranquille. Que retires-tu de toutes ces épreuves ou plutôt « expériences » qui ont été les tiennes ces dernières années, qu’elles aient été traversées du désert, plongeons dans les abysses, vertiges étoilés ou autres ?

Tout est relatif. Je n’ai pas à me plaindre de mon parcours artistique. Je suis là où je suis parce que consciemment ou non je l’ai choisi. Quand je regarde en arrière, je vois des choix que j’assume, quels qu’ils soient. Je constate juste qu’à partir du moment où j’ai décidé d’avoir cette vie, je l’ai assumé et l’assume toujours. Je ne peux décemment pas me plaindre car je vis toujours de ma passion. Le prix de cette liberté est la précarité, que connaissent la majeure partie des gens et la majorité des artistes dans le monde. Je n’ai jamais pensé « réussite » quand j’ai fait mes choix, alors à partir du moment où je me débrouille, le reste n’est pas une priorité ni un but. Vraiment je n’oserai jamais me plaindre de ma situation, d’autant plus qu’on est en France, et qu’avec ce statut, on y est bien. Quand bien même il n’est pas parfait.

Je crois qu’on peut affirmer que c’est la vie tout court qui n’est pas un long fleuve tranquille ; et ce que je retire de ces cinq dernières années, c’est que je me préfère aujourd’hui qu’hier ! Et que je ne peux pas regretter d’avoir vécu en plein tout ce que j’ai vécu, y compris les plongeons dans les abysses et les vertiges étoilés ! J’ai l’impression de les avoir vécus comme des passages obligés pour me faire grandir. Ces expériences m’ont recentré vers l’essentiel. Un jour j’ai repris ma guitare, j’ai ressenti les vibrations dans mon corps et je me suis dit : « Aaaah mais oui, c’est ça !!! » Comme si j’avais oublié. À partir du moment où je me suis sorti de tout, aujourd’hui je ne peux que constater que « non rien de rien, non je ne regrette rien » !!
Encore une fois c’est la vie qui m’anime et pas mon plan de carrière ; à l’arrivée je pourrai dire que je ne me suis pas ennuyé et c’est tout ce qui compte.
Je note quand même que si j’ai bien retenu quelque chose, c’est une attention accrue aux affaires de mon corps : disons que j’apprends de plus en plus à prendre en compte et à écouter mon véhicule !

Après quelques détours sonores et des formations à géométrie variable, tu reviens sans concession, semble-t-il, à tes premières amours musicales et à un son résolument électro-rock, que tu revendiques haut et fort. Comment tu expliques cela ?

Je ne revendique pas grand chose et je ne sais pas si on peut parler de « rock » dans cet album.
Il est majoritairement électro, un peu comme les autres. Les guitares sont finalement peu présentes, mais je crois qu’il a une certaine dynamique dans les compos et dans les éléments de percussions, qu’ils soient électroniques ou pas. Vu de chez moi c’est juste un album de plus, assez varié et ne brillant pas par son homogénéité, comme d’habitude. Mes albums sont habités par mes contradictions d’être humain, je ne réfléchis pas quand je fais des chansons et sur ce coup, je n’ai pas cherché à créer un concept quand je les ai rassemblées. Il est comme il est, il s’est imposé comme ça, c’est une photo sonore de ces 3 dernières années et il est proche de ce que je suis aujourd’hui.

Tu sais que je trouve ton nom de famille excellent ? Avant de te connaître j’ai cru que c’était un pseudo ! « Pro », c’est un préfixe latin qui signifie « pour », « en faveur de ». Pour moi, Prohom ( Pro-homme ), ça veut dire « profondément humain »
Ton nom résumerait-il ce que tu es dans la vie ?

Ce serait quand même olé olé de répondre « oui oui c’est ça !! » . Mais quand même...
Disons qu’il y a quelques années je me suis défini des objectifs pour la suite de ma vie. C’était vers la trentaine, j’ai bien réfléchi, j’ai fait le point sur ce que je voulais faire, qui je voulais être et j’ai défini des priorités. Je me suis aussi dit que si je portais ce nom, ce n’était peut-être pas un hasard. J’ai appris que Prohom est l’ancêtre de prud’homme, alors je me suis dit qu’il serait peut-être porteur et intéressant d’essayer de se rapprocher d’un certain idéal de la condition humaine. Je me suis dit qu’essayer, faire de mon mieux, serait la moindre des choses.

Je crois qu’à l’arrivée, je serai certainement heureux d’être allé dans cette direction. Donc oui j’essaye d’être le plus profondément humain possible, avec mes petites capacités d’être humain.
J’essaye d’être conscient et de faire la part des choses ; et surtout je sais parfaitement que je suis imparfait !!

Je discutais l’autre jour avec une personne et celle-ci me disait qu’elle avait entendu de moi que j’étais « un mec infréquentable », donc je sais qu’il y aura toujours du chemin à parcourir. J’ai appris à l’accepter, à être conscient de mes défauts, à oser voir le pire en moi et à bien le regarder en face. Oser voir mes faiblesses et ne jamais parier sur mes vertus. Si demain il y a une guerre, j’ai conscience qu’en tant qu’être humain, j’aurai peut-être la faiblesse de trucider mon voisin ; parce qu’on voit bien que c’est possible partout, il suffit d’allumer la télé à 20 h pour en avoir la preuve.

Le mec qui m’affirme avec aplomb qu’il en est incapable ou qu’il n’aurait pas été collabo en 40 me fait peur ; car cette affirmation est la preuve qu’il ne se connaît pas.

Globalement je préfère les gens qui doutent et se posent des questions.

Fais un voeu...

J’espère que Jean-luc ne se fera pas virer de koh-lanta.

Propos recueillis par Céline Righi
photo : Lynn SK. http://lynnsk.free.fr