TOKYO : aventure monstrueuse

TOKYO : aventure monstrueuse

Attention ! Explicite dans l’horreur et le sexe ! Tokyo, une jolie femme rousse, Mitchell, un ancien militaire en détresse sexuels, vivent dans un monde très étrange, et vont mener une aventure sanguinaire, de sacrifices, entre le conflit d’un lion et d’un tigre, et l’antre d’une actrice porno de l’internet : la Serrure. Joann Sfar nous entraîne dans un parcours jonché d’endroits les plus terrifiants, des plus sombres, avec plus d’un danger, de sacrifices, de monstres des plus cauchemardesques.

Tokyo est une belle femme, longue chevelure rousse, elle fait des ravages auprès des hommes, et deux bêtes très forte, musiciens de blues et de rock : Lion et Tigre, deux parfaits rivaux, mais la belle reste libre, elle se permet même d’avoir une aventure avec une BGM : une Banane Génétiquement Modifiée, capable de faire l’amour en passant sur toutes les zones érogènes, mais doit éviter la pénétration ! Le bar « Aloxic Tokoha », avec son cri de guerre « Giiiirlzzzzzzzzzzz ! », sa boisson la plus forte en alcool, le Toxic, elle rencontre un homme en sueur, planté avec son ordinateur portable, son nom est Mitchell, un ancien militaire, il a vécu plus d’une guerre. Il est connecté à un site pornographique d’une actrice porno, qui répond au nom de La Serrure. Une fois que l’on pénètre dans son monde, personne n’en revient ! Mitchell ose le clic, le mot clé tapé, et ce malgré les recommandations de Tokyo qui tente un plan séduction. L’ancien sergent de l’armée est dans un monde de la Serrure. Dépouillé de sa peau, il est désormais Meat, il essaye de retrouver la sortie ! Mais l’univers de la Serrure est peuplé de monstres, de danger, d’une femme au langage mystérieux...

Joann Sfar nous entraine dans une aventure fantastique, avec du fantasme, des monstres, un esprit graphique où la technique du dessin se mixe à celle de la photographie par le biais de l’objectif de Philippe Charlot et ses ravissantes modèles habillées de lingerie fine, de latex voir de cuir pour piloter une Harley Davidson. Une explosion de planches, des cases qui débordes, des ornements qui entourent certaines pages, c’est tout à fait inspiré de cette époque des années 60-70, où l’on peut mettre des références comme Fred et son Phileamon, Druillet avec Salammbô.

Sfar envahit de double page des décors des plus fouillés, un amalgame de formes, de courbes, de divers tracés, pour former les différents objets et personnages. où se frottent plus d’une espèce mutante, avec quatre bras, trois yeux, une queue de dragon... ou animalière, avec le Tigre et le Lion éternels ennemis musiciens, amoureux de Tokyo, jamais en accord sur le blues et le rock.
Le site internet de la Serrure, actrice de X, donne des sueurs. Elle attire les hommes, aucune autre femme ne peut rentrer en rivalité. Avec ses clients déguisé en « Serrure », un sombre costume noir moulant, cachant le visage, Mitchell va se rendre compte qu’il peut-être fait une erreur, et la Serrure lui restera inaccessible ! Le site porno cache bien des tortures, des horreurs, des monstres... !
C’est tout un univers de fantaisie et d’horreur. Sfar avait déjà utilisé ce procédé sur dans « La vallée des Merveilles » où il se glissait dans la peau de Conan le Barbare, combattant un monstre géant pour nourrir sa famille. Dans TOKYO, Sfar va plus loin, le temps d’une page interlude, en se glissant dans la peau d’une femme asiatique, répondant au nom de « Joanna », pour justifier ses envies de dessins nocturne, éclairé par sa table lumineuse, allongée sur le lit.
L’inspiration vient aussi du manga : les séries TV, les animations « Hentaï » (le porno animé pour adulte)... tout un univers placé après les bombes nucléaire de Nagasaki et Hiroshima, engendrant tout une population en pleine mutation, entre les profondeurs marines et la terre, jusque dans les entrailles d’un enfer, au fin fond d’une forêt, un marais où vivent des créatures prêtes à faire subir aux jeunes femmes des horreurs sexuelles, bavant et baladant leurs regards lubriques sur un corps où a été tranché un bras... Certaines mise en scène d’action, comme la bagarre entre le Tigre et le Lion prend largement exemple sur le manga, et puis d’autres parties , sur une planche, comme l’affiche-couverture de « Meat » ( Mitchell , dépecé de sa peau), est très proche des posters de ces films de série Z ( horreur et sexe).

TOKYO est explicite, à côté du soit disant « best seller » sur les nuances de grey, Sfar va beaucoup plus loin. Il a porté son attention sur l’accident nucléaire de Fukushima : le coloriste de l’album, Walter, et son épouse, vivent à Tokyo,au Japon, ils viennent de quitter la ville pour éviter de possibles radiations à cause des tremblements de terre. Sfar imagine ce qui a pu se passer depuis les profondeurs de l’océan,comme si une méduse pouvait remonter et respirer à la surface.

C’est à la fois manga, mais aussi très explosif dans les cases, tout déborde en liberté, des pages mutantes, avec des écrits, des cases décroissantes, tout s’enchevêtre, s’introduit, un déchaînement graphique extraordinaire, avec un mélange photographie de belles pin-up par Philippe Charlot. Les couleurs de Walter : un véritable travail d’orfèvre, pour exploiter tout les recoins des dessins de Joann Sfar, donner du relier par la création d’une touche de pinceau numérique.

Le scénario dévoile les protagonistes , la première Tokyo, déjà dans ce monde en proie aux monstres depuis les eaux, puis tel un beau blond, au volant d’une voiture décapotable rouge, proche d’un paysage semblable à paradis terrestre pour les vacances : plage, palmiers, et cabanons individuels, et faire ainsi la connaissance de Mitchell. La suite part sur la rencontre dans le bar entre la belle rousse et le militaire, la Serrure, étrange actrice du porno et son monde dont personne n’en revient vivant. Derrière le site porno se cache bien des tortures, des horreurs, des monstres... !

Est ce que le prochain tome sera encore pire ? Est ce que des femmes seront encore tranchées ? L’enfer ? Plus de monstres dégoulinants à la sexualité débridée ?

TOKYO n’est pas plus complexe dans l’histoire, elle peut s’éterniser comme n’importe quelle série « Manga », comme DragonBall Z, et peut se dérouler sur plusieurs tomes, vingt, trente, cinquante ou plus, comme Sfar a déjà fait en détournant, avec Lewis Trondheim,l’esprit de l’héroïc fantasy avec DONJON et ses dérivés ( Poltron minet, Zénith, Crépuscule, Parade, et Monsters).

TOKYO , plus qu’une ville, c’est une femme rousse aux yeux bleus, sexy, libre de toute relation sexuelle avec une BGM ( Banane Génétiquement Modifiée) , un Tigre ou un Lion, de chauffer un ancien militaire comme Mitchell si il ne se laisse tenter par la Serrure. Un monde où la mutation monstrueuse règne dans une galerie d’êtres à la génétique irradiée par le nucléaire. Une lecture qui part dans tout les sens, vous devrez tourner le livre, la page, rester dessus pour prendre la lumière de cet enfer alcoolisé, C’est une épopée dont on sera loin d’en voir la fin ! Le nuage nucléaire « Joann Sfar » n’a peut-être pas fini de s’étendre, et d’envoyer plus d’une radiation pour permettre à une méduse de s’assimiler à l’humain pour engendrer un hybride

TOKYO / Joann SFAR ( dessin) , Walter (couleur) , Philippe Charlot (photos) / Dargaud.

Attention ! Livre pour lecteurs avertis !