(Justine) Levy attend !

Justine Levy attend l’amour comme Jenifer de la Star Academy sauf qu’elle l’exprime mieux, avec davantage de mots, d’émotion, de vocabulaire et de style. Justine, elle, est écrivain et éditeur, fille de son père célèbre et de sa mère moins connue, ex hippy aux mœurs légères.

Un jour d’été la petite Justine trouva sa maman sous la douche avec une autre femme, elle prit, à ce moment-là, une douche froide qui la rendra à jamais tolérante et ouverte sur le monde. Elle peut remercier maman de cet apprentissage-là, elle peut rendre grâce aussi à son BHL de géniteur une existence dorée, un tissu relationnel inouï, des protections pratiques et un enrichissement intellectuel de tout premier ordre.

Adulte comme les autres, elle prend des coups, en donne peu. Femme quittée, bafouée, trompée abandonnée par son beau Raphaël dans le privé, elle écrit sa vie pour combattre son chagrin, comme une thérapie littéraire et réactionnaire un peu indécente mais vraie, juste, désespérée et même parfois cocasse.

Justine est une jolie petite fille riche et frisottée pour qui le malheur est aussi légitime qu’une pauvrette de province avec père analphabète. Peu importe que tout cela se passe du côté de St-Germain des Près, que sa rivale soit une top modèle d’origine italienne qui chante mal mais qui vend bien ; voilà un drame universelle qui émeut son monde, qui touche nos cordes sensibles et le reste.

J’aurais aimé dire du mal, faire comme à mon habitude du mauvais esprit, rire comme le tout Paris des trahisons et des intrigues du petit milieu littéraire et artistique mais je n’en trouve pas la force. Il aura fallu beaucoup de courage à Justine pour coucher ainsi sur le papier l’intime de la séparation, l’horreur du manque et les humiliations sociétales.

Il y a fort à parier que Raphaël ne méritait pas le talent, la fidélité et la générosité de l’écrivain, que ce jeune homme narcissique et présomptueux a préféré les chimères de la facilité et les trompettes flatteuses d’une union avec une beauté plastique manipulatrice pour qui toute la planète mâle bande de concert.

Je préfère garder mon inclination pour la petite Justine, écrivain délicate et digne, éditrice de talent et travailleuse hors paire. Assurément son ex-petit copain ne méritait pas un livre à la gloire de ses forfaits mais la littérature gagne là un témoignage humain de tout premier choix...celui du cœur.

Car on sait bien que la littérature c’est avant tout un travail obsédant sur l’Intime.

"Rien de grave" ; Justine Levy, Stock

"Rien de grave" ; Justine Levy, Stock