Sport médiatisé = fric + bionisme capitaliste !

 Sport médiatisé = fric + bionisme capitaliste !

L’homme et la femme bioniques vont bientôt détrôner les champion(ne)s qui rivalisent d’astuces pour atteindre les marches du podium. Les grandes messes médiatiques des sports sponsorisés selon les marques du dépassement des performances compétitives à la mode capitalistique nous rebattent les oreilles tout l’été. Roland Garros, le championnat d’Europe de foot, le Tour de France et très prochainement encore les Jeux olympiques nous rendent marteaux. Qu’est ce qui se trame derrière la vitesse éponyme des liesses populaires du corps profit, du corps-esprit abruti qui n’obéit qu’aux dogmes productivistes et le salut au drapeau ?

Chez nous les grands singes, on n’éprouve aucunement ces soucis de représentation physique. Le sport, on le pratique à poil sans s’en apercevoir et le plus naturellement du monde pour le plaisir sexuel sans jamais jouer à se surpasser. Il ne nous viendrait jamais à l’idée de chronométrer notre temps départ au sol pour atteindre la cime des arbres et en plus tenter de l’améliorer pour la gloriole. On laisse ce soin à l’abêtissement des masses humanoïdes fétides qui sirotent leur bière des supporters devant leur écran, au moins quatre plombes par jour dans leur fauteuil.
Cet opium du peuple à l’échelle internationale que vous ingérez selon une propagande agressive à la Big Brother, si vous n’y souscrivez pas, vous risquez d’être dénoncés par votre voisinage comme au bon vieux temps de la France occupée. On vous montre du doigt. Vous êtes persona non grata.

Je me marre quand je vois arriver la caravane des envahisseurs vacanciers frénétiques qui se payent du bon temps très cher et qui en veulent pour leur pognon. Il y en a qui se mettent à courir, nager, véloter, s’agiter convulsivement pour prendre le pouls des possibilités de leur corps à dégraisser leur sédentarité des gens des villes. Véritables panneaux publicitaires ambulants et militants, ils portent toutes et tous le même logo qui leur barre le cœur, le même sobriquet de la marque de godasses fabriquées par des gosses en âge d’être leur môme.

Y’en a même qui font de la résistance, du temps héroïque à passer l’arme à gauche, dopés aux vitamines et autres cochonneries qui se la jouent jeune loup maître du troupeau. Trop drôle papi gâteau en sportif de chambre qui ingurgite sa pilule bleue de vigueur et oublie le gras de sa virgule pour la proposer plat de résistance à une femelle les nibars rehaussés à la silicone vallée prête pour la culbute. A quand le remboursement par la sécurité sociale de tous ces produits dopants et autres prothèses de rajeunissement ? A ces jeux du stade, si ça tombe, d’ici une décennie, une mamie de 70 balais pourra enfanter un bébé pas trop cassé et voir sa descendance pousser jusqu’à la majorité. C’est en tout cas ce qu’on veut nous faire gober avec la retraite au flambeau au minimum à 60 balais. Sauf qu’on oublie de vous dire que c’est autour de 50 printemps que se déclarent toutes les saloperies de maladies qui vont vous faire jouer la vie brève en souffrances diverses jusqu’à vous reposer six pieds sous terre. A ce calcul c’est tout bénef pour l’assurance vieillesse. Vous entrez en retraite la pelle à la main à creuser votre tombe. A chaque jour suffit sa peine des gueules cassées au boulot.

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Alors papi, alors mamie, vous dépassez vos limites autorisées par votre enveloppe corporelle, le palpitant en accords dissonants et même sans doute que vos ciboulots ne suivront pas le mouvement de votre balancier déréglé. Ce n’est pas facile de s’imaginer vieillir quand les pubs vous ventent le jeunisme comme la seule valeur marchande porteuse d’avenir ! Je vous rassure, la dure loi du sport à se surpasser concoure à votre santé physique et mentale. Les sportifs transpirent des muscles pour vous l’avenir grandiose d’une société qui pète la forme. En se surpassant, ils découvrent de nouveaux champs physiques à exploiter pour améliorer votre rendement salarial. Ils vous le prouvent à grands renforts de pubs à travers les méthodes d’entrainements infaillibles, une nutrition au top de sa forme, des thérapies gymniques efficaces. Le sport de compétition représente l’avenir de l’humanité. A ce prix tout est permis. Les marques, les sponsors parient sur le bon cheval qui va porter ses couleurs sur les quatre continents par écran interposé. On accole les prothèses chimiques à la chique des sportifs endurants. On use les molécules du miracle physique (stéroïdes, créatine, hormones de croissance) jusque dans l’humain génétiquement modifié. On invente des records, toujours de nouvelles limites à transcender pour vérifier la célérité des produits induits et ingurgités. On affronte des adversaires sur le terrain d’un corpus sémantique guerrier. On devient l’héroïne ou le héros du monde capitaliste des jeux du stade selon les vœux de ce très cher Pierre de Coubertin qui se gaussait de « la révolution industrielle et la société libérale capitaliste, des chevaliers servants au caractère trempé, à l’esprit clair, aux muscles robustes ». Entre gens biens à la morale acquise à l’ordre nouveau, un dignitaire des Jeux Olympiques d’origine espagnole et franquiste de surcroit insuffla aussi cet esprit durant des décennies ! Ça dérange ? Non, ça l’arrange !

La femme et l’homme sans limite qui se dépassent dans l’effort sont entré(e)s dans les mœurs courantes. La femme et l’homme bioniques vont détrôner l’humain pour s’inscrire toujours plus loin dans de nouvelles performances étiquetées par la dure loi du sport. Je parie qu’un jour, il y aura une présidente ou un président de la république d’un pays qui aura été sportive ou sportif à la médaille pendante et qui règnera sans partage dans un esprit d’indépendance et d’endurance dans un meilleur des mondes. Mais j’ai tendance à anticiper de façon par trop littéraire et mes propos échappent parfois stricto sensu à la réalité triviale. Je risque même de mettre un cran d’arrêt à vos espoirs. Puisque en 2007, une étude publiée par l’Institut de recherche biomédicale et épidémiologique du sport (IRMES) considère elle que « les limites de l’espèce humaine seront atteintes d’ici une génération. Nous sommes donc en train de parvenir au bout des capacités physiologiques de l’être humain  ».Vous imaginez l’écho d’une telle info dans les milieux du sport ? C’est bien simple, bouche cousue, on continue marche ou crève. Imaginez si d’ici une génération plus aucun record ne pourrait être battu malgré tous les efforts et le surpassement de la vitesse pour y parvenir. Ce sera la mort du sport de compétition et tout un pan du monde économique s’écroulera (hum quel merveilleux rêve !). Plus d’annonceurs, plus de médias à la solde de cette idéologie capitaliste de la rentabilité à tout crin des performances vouées à l’échelle industrielle. Enfin vivre dans une société au ralenti où l’on prend son temps de vivre en harmonie avec son prochain et la nature sans aucun souci de production qui ne nous affecte la santé mentale et physique. Une génération dans ce cas, c’est beaucoup trop long…..

http://youtu.be/VGRLEV0hh58

Mais rassurez-vous, contrairement au veu pieu d’un Yves Cochet visionnaire vert qui prédisait dans son baril de pétrole l’annulation des Jeux olympiques de Londres, cette noble compétition, avec toute la ruine économique qui s’en suivra, aura bien lieu avec un budget d’environ 28, 6 milliards. Voir le désastre grec expliqué enfin de mon article. Même qu’un fabricant de meubles suédois en kit a senti le filon et s’est payé un quartier entier, sur le dos de ses employés exploités, en achetant un terrain au quart de son prix dans le but d’y installer une population bobo, avec au total : 1200 maison et 50 000 m2 de bureaux, un hôtel, des commerces, une crèche, un centre médical…. Bref un village dans la capitale londonienne ! Les bonimenteurs bétonneurs ont eux-aussi senti le filon. 21 millions d’euros dans la caisse pleine d’ArcelorMittal lui seront alloués pour la construction d’une tour ! Le millier d’ouvriers à la casse de Florange appréciea ce florilège !

Les Jeux olympiques ou la face cachée de la grande messe sportive imposée à l’échelle internationale de la planète via les canaux des médias vont vous siphonner le cerveau.
Je laisserai le mot de la fin à Patrick Vassort sociologue critique de sport qui vient de publier en 2012 avec Clément Hamel et Simon Maillard  : "Le Sport contre la société" aux éditions bordelaises Le Bord de l’eau. Je reproduis, un extrait de son interview par Cédric Biagini paru dans le numéro 91 de juillet-août 2012 de La décroissance et son excellent dossier (pages 8 et 9) intitulé : « Plus vite, plus haut, plus fort  » dont je me suis librement inspiré.
« La Grèce est exemplaire. Le pays, qui connait la plus grave crise économique de son histoire, a organisé les JO en 2004. Au total, ces jeux ont coûté 9 milliards d’euros, soit 5% des richesses produites par la Grèce en un an. Le déficit pour l’année 2004 devait être de 1,2% du PIB. Il sera de 7,5 %. Les populations payent le prix de ces jeux, de la restructuration économique et du sauvetage des banques. Désormais les institutions sportives prospèrent, s’enrichissent, participent à des formes de domination capitaliste tout en accélérant l’appauvrissement des populations et imposent même aux Etat leur vision du monde. Une vision où la compétition est devenue la raison même de toute organisation  ». (Patrick Vassort)

Paname l’a échappé belle, pas vrai Superdupont ?

« Les Jeux olympiques » d’Henri Tachan in l’album « Les amis  » (1973)

Ce s’rait chouette les Jeux Olympiques,
Tous ces athlètes dans la foulée,
Pour un marathon fantastique
À la seule force du mollet.
Ce s’rait chouette les Jeux Olympiques,
L’émulation sur la cendrée,
Ce s’rait chouette les Jeux Olympiques
Si, nom de Dieu, il n’y avait

Leurs p’tits drapeaux
Leurs p’tits fanions
Couleur kaki
Caca d’oie des frontières
Leurs p’tits drapeaux
Pour chaque nation
Qui claquent au vent
D’une musique militaire.

Ce s’rait chouette les "Souvenez-vous"
Les "N’oublie pas qu’ la guerre est conne",
Les recueillements sur les trous
Où les soldats fusillés dorment.
Ce s’rait chouette les "Souvenez-vous",
Les manifestations de paix,
Ce s’rait chouette les "Souvenez-vous"
Si, nom de Dieu, il n’y avait

Leurs p’tits drapeaux
Leurs p’tits fanions
Leurs p’tits tambours
Qui battent la cadence
Leurs p’tits drapeaux
Leurs p’tits fanions
Qui claquent au vent
D’une minute de silence.

Ce s’rait chouette d’aller sur la lune
Dans le scaphandre de Pierrot,
J’y emporterais bien ma plume
Pour vous écrire quelques mots
Ce s’rait chouette d’aller sur la lune
En vacances pour mille étés,
Ce s’rait chouette d’aller sur la lune
Si, nom de Dieu, il n’y avait

Leurs p’tits drapeaux
Leurs p’tits fanions
Pour cette fois ricains
De préférence
Leurs p’tits drapeaux
Leurs p’tits fanions
Leurs p’tites étoiles
La Grande Ourse s’en balance

Ce s’rait chouette si tous les drapeaux
Voulaient bien se donner la hampe,
Ça f’rait des pyjamas très beaux,
Des soutiens gorges pour les vamps.
Ce s’rait chouette si tous les drapeaux
Finissaient un jour draps de lits.
On y ferait l’amour bien au chaud
Avec les filles de leur pays.