Gaëlle Dupille : L’IMAGINARIUS magazine fantastique entre deux rives francophones !

Gaëlle Dupille : L'IMAGINARIUS magazine fantastique entre deux rives francophones !

Gaëlle Dupille est une jeune femme qui s’active de Montréal à Bordeaux à fourbir ses âmes créatives par-delà les frontières de l’Atlantique. Elle a la chique fantastique rivée aux tripes et aime s’entourer d’aminches qui partagent ses goûts ouverts. Avec sa joyeuse bande elle vient de créer sur la toile, à toucher les étoiles, le magazine L’IMAGINARIUS à vous dérider Sirius ! Elle nous en parle et son enthousiasme vraiment contagieux me donne envie de l’encourager et vous inviter à découvrir tous les deux mois cet univers si fantastique ! Le premier numéro est en ligne depuis le 8 juin, à suivre donc !

Le Mague : Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Gaëlle : Je suis la créatrice et la rédactrice en chef du nouveau magazine franco-québécois en ligne L’IMAGINARIUS, dont le but est de mettre en lumière les nouveaux auteurs et les jeunes talents prometteurs. Je suis également l’auteur de « 999 rue Bélial ». Dans la « vraie vie », je suis chargée de mission et formatrice de français langue étrangère !

Le Mague : Quels sont les auteurs qui t’ont inspiré ce goût prononcé pour le fantastique ?

Gaëlle : Mon maître absolu reste Stephen King, même si depuis les années 2000, j’aime un peu moins ses écrits. C’est « Simetierre » qui m’a donné envie de devenir romancière, alors que j’étais encore une toute jeune adolescente. Je suis admirative de l’imagination débordante de King et de la manière dont il plonge le lecteur dans ses univers, avec des mots et des phrases d’une simplicité déroutante. Je suis également une inconditionnelle d’Isaac Asimov, George Orwell, HP Lovecraft, ainsi que Lewis Caroll (surtout pour « Alice au Pays des Merveilles » qui reste l’un de mes livres préférés) mais aussi Paulo Coelho dont « L’Alchimiste » (que je considère comme une œuvre fantastique) est mon livre culte, celui qui me suit partout, un peu comme un gri-gri !

Le Mague : Comment t’es venue l’idée de créer un nouveau magazine sur la toile intitulé « L’IMAGINARIUS » ?

Gaëlle : Tout est parti d’un constat fait avec plusieurs de mes amis auteurs : pas facile de se faire connaître lorsque l’on est un nouvel auteur, même si l’on est très talentueux mais que l’on n’a pas signé chez un « gros » éditeur très connu. A partir de là, nous avons fondé un groupe baptisé « Les Fossoyeurs de Rêves » qui comprend Sklaerenn Baron, Sabine Chantraine-Cachart, John Steelwood, Romain Billot, Sylvain Johnson, Guillaume Guike Lemaitre, Pierre Brulhet et moi-même. Au début, nous avons décidé de nous faire de la pub entre nous, mais cette bonne idée avait ses limites puisque nous n’avions aucun projet à proposer. C’est là que m’est venue l’idée de créer « L’IMAGINARIUS » qui combine ma passion pour l’écriture et mon envie de faire connaître les romans ou les talents de rédacteurs de mes amis.

Le Mague : Quelles seront les rubriques que l’on y découvrira et qui seront les auteur(e)s ?

Gaëlle : On y trouvera 13 rubriques différentes : des portraits d’auteurs, des nouvelles inédites de jeunes talents encore méconnus, des enquêtes sur des sujets liés au paranormal, une rubrique TV un peu particulière, une rubrique cinéma, des interviews d’éditeurs, des conseils littéraires, les sorties littéraires destinées aux plus jeunes, des nouvelles inédites de certains Fossoyeurs et même une rubrique voyage assez surprenante, le tout illustré par Batkilla, un jeune illustrateur bourré de talent. Les auteurs des rubriques seront pour ce numéro : Sklaerenn Baron, Guillaume Guike Lemaitre, James Wittenfield, Chantal Guédez, Corinne Guitteaud (des Editions Voy’El), Thierry Fraysse (des Editions Callidor), Jean-Charles Bouchoux (auteur et psychanalyste) et moi-même.

Le Mague : A quel lectorat s’adresse L’IMAGINARIUS ?

Gaëlle : Il est destiné à tous les amateurs de littérature, mais aussi de BD, de cinéma et de séries télévisées fantastiques ou de tout ce qui touche au monde du paranormal, dès 12/13 ans et sans limite d’âge. J’ai également choisi de publier des nouvelles courtes afin de tenter de redonner le goût de la lecture aux plus jeunes (mais aussi aux moins jeunes !) qui se lassent vite de romans trop longs et auront moins de mal à se concentrer sur des nouvelles de 4 à 10 pages.

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Le Mague : Il existe des magazines du fantastique en ligne complètement hermétiques aux formes littéraires inventives et rebelles. Ils se la pètent dans l’hémoglobine conformiste, tournent en vase clos et roulent pour les grosses machines éditoriales. Ce sont des zombies qui n’ont plus rien d’humain ! Je sais que par chez toi en revanche, vous fonctionnez à la fibre bénévole, gratuite et partageuse. Quelle sera la spécificité de L’IMAGINARIUS justement face aux autres revues sur la toile ?

Gaëlle : Au lieu de parler des auteurs connus, L’IMAGINARIUS va se focaliser sur les auteurs talentueux qui ne sont pas encore célèbres, sur de jeunes auteurs ou dessinateurs prometteurs à la recherche d’un éditeur ou d’un contrat avec un magazine, ainsi que sur les maisons d’édition indépendantes à qui je donne la parole afin de mieux les faire connaître.
Une autre particularité est d’avoir fait de L’IMAGINARIUS un magazine en ligne gratuit, car pour moi, l’accès à la culture littéraire doit être le même pour tous. Bien entendu, la difficulté est de faire vivre un magazine où tout le monde est bénévole, mais je compte sur un appel à des partenariats publicitaires avec des librairies ou des maisons d’édition pour remédier à ce problème dans le futur ! En outre, ce magazine est franco-québécois, ce qui à ma connaissance, est une première ! J’ai fait ce choix tout simplement parce que mon futur époux est canadien et que je passe la moitié de l’année en France, l’autre à Montréal et que parmi mes amis auteurs, plusieurs sont originaires du Québec. Plus qu’un choix, je dirais que c’était une évidence pour moi de réunir les talents littéraires de « mes deux pays » !

Le Mague : Tu es toi-même écrivaine en peine de trouver une éditrice ou un éditeur, peux-tu nous parler de ton œuvre littéraire ?

Gaëlle : En réalité, j’ai trouvé un éditeur en 3 mois seulement, ce qui est très rapide. Seulement, l’éditeur en question ne s’est pas montré professionnel, ni avec moi, ni avec les autres auteurs qu’il voulait publier. Il repoussait sans cesse les publications et au bout d’un an, quand nous avons communiqué entre nous, nous nous sommes aperçus qu’il nous avait raconté à tous des mensonges qui se contredisaient complètement. J’ai perdu toute la confiance que j’avais en lui et il a perdu 90 % de ses auteurs, dont moi. J’ai proposé mon manuscrit à 4 « grosses » maisons d’édition, mais n’ai obtenu que des refus. Lassée de perdre du temps, j’ai préféré m’auto-éditer, ce qui ne signifie pas pour autant que j’ai renoncé définitivement à trouver un véritable éditeur, avis aux amateurs !
Mon roman s’appelle « 999 rue Bélial ». Il raconte l’histoire d’Oliver King, un jeune médecin qui emménage dans une étrange petite ville appelée Sidon et qui va se retrouver confronté à des événements assez perturbants et effrayants, des meurtres d’une grande cruauté et des disparitions inexpliquées. Alors qu’il est un vrai cartésien, il va en arriver à se demander s’il vient ou non de rencontrer l’incarnation du Mal sous forme humaine… J’ai également terminé un recueil de nouvelles intitulé « Histoires à vous glacer le sang » pour lequel je n’ai pas encore cherché d’éditeur et j’ai 2 romans en cours, mais j’avoue manquer un peu de temps en ce moment pour m’y consacrer comme je l’aimerais !

Le Mague : Je me permets une incise qui pourra t’intéresser ainsi que tes collègues de plume mais également je pense des lectrices et lecteurs du Mague qui écrivent aussi. Je veux parler du site http://www.enviedecrire.com/ vraiment bath qui peut répondre à maintes interrogations quant au monde de l’édition et de ses différents rouages : un sacré outil en ligne !
A ce sujet, en discutant avec une amie éditrice qui fut aussi lectrice chez de grands éditeurs, elle ne partage pas du tout ton point de vue au sujet des tapuscrits qui ne sont pas vraiment lus. Concernant ton ressenti intime, qu’est-ce qui l’étaye ?

Gaëlle : J’en ai tout simplement fait l’expérience ! Après 2 refus de mon roman par des éditeurs, j’ai parlé avec une amie, elle aussi romancière et elle m’a dit avoir constaté que plusieurs de ses tapuscrits avaient été refusés sans même avoir été lus. Elle m’a suggéré de faire ce qu’elle avait fait : coller légèrement toutes les premières pages (une vingtaine) avec un petit point de colle au milieu de chaque côté, l’envoyer à un éditeur et attendre sa réaction. Résultat : j’ai essuyé un refus au prétexte que mon roman « ne collait pas avec la ligne éditoriale de l’éditeur » et quand j’ai demandé le retour de mon tapuscrit, toutes les pages étaient encore collées ! Bien entendu, je me doute que tous les éditeurs n’utilisent pas ce genre de pratique, mais je l’ai vérifié, cela existe bel et bien et c’est assez décourageant !

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Le Mague : Certes ! Toi qui a la chance de vivre entre Bordeaux et Montréal, peux-tu nous parler du dynamisme littéraire dans les courants du fantastique chez nos cousins du Québec ?

Gaëlle : Les Québécois sont des Américains du Nord avant tout et pour eux, le paranormal et l’univers du fantastique font partie de leur culture. Il en résulte une grande inventivité et une production littéraire fantastique dynamique et encouragée par de nombreux lecteurs, jeunes et moins jeunes. Au Québec, le genre fantastique est un genre littéraire à part entière, reconnu pour ses qualités. Là-bas, les gens n’ont pas peur de laisser leur imagination dériver au travers d’histoires effrayantes ou impossibles. L’irrationnel ne les effraie pas, ne les rebute pas, bien au contraire et j’adore cet état d’esprit très ouvert !

Le Mague : A propos du Québec justement et d’une réalité beaucoup plus triviale quant aux phénomènes liberticides qui s’y produisent actuellement ! Un sujet pour ainsi dire pratiquement passé à l’as par nos médias franchouillards, je veux évoquer la révolte étudiante et populaire si légitime qui bat le pavé au son des casseroles qu’on appelle aussi chaudron si je ne m’abuse au Québec. Quels échos en as-tu et qu’en penses-tu ?

Gaëlle : Je rentre tout juste de Montréal et j’ai donc assisté à la transformation de cette révolte étudiante en une révolte de toutes les couches sociales. Plus de 200 000 personnes étaient dans les rues ces derniers jours, réclamant plus de liberté d’expression, de meilleurs salaires, moins d’impôts, bref, une vie meilleure. Quant aux étudiants, ils réclament tout simplement que leurs frais d’inscription à l’université, déjà très onéreux, n’augmentent pas. En tant qu’enseignante, je ne peux que les soutenir. Ce que beaucoup ignorent en France, c’est la violence inouïe avec laquelle la police a réprimé des manifestations très pacifiques. Pour te donner un exemple très concret, le 18 mai au soir, je me baladais avec mon fiancé et nous étions dans la même rue qu’un groupe de manifestants qui marchaient tranquillement. Tout d’un coup, on s’est faits charger par la police, coursés comme des délinquants et on a reçu des gaz lacrymogènes comme tous les autres passants au seul prétexte que nous étions dans la même rue que ces jeunes étudiants !
Des touristes ont été littéralement « attaqués » par la police rue St Denis, alors qu’ils étaient à des terrasses de restaurants, uniquement parce que des manifestants avaient envahi la rue. Il y a eu de nombreux dérapages et j’ai vu de mes propres yeux des gens se faire rouer de coups par des policiers juste parce qu’ils portaient des pancartes pour protester contre la hausse des frais de scolarité. J’ai été choquée et déçue par un tel comportement de la part de certains membres des forces de l’ordre qui ont tout simplement rendu dangereux l’accès aux rues principales de Montréal durant la nuit. Un comble ! Malgré tout, nous avons suivi des cortèges de manifestants, plusieurs nuits durant, par solidarité avec le peuple Québécois. Le Québec est une magnifique région, habitée par des gens formidables et j’espère qu’ils vont retrouver très vite la paix qu’ils méritent.

Le Mague : Pour finir et avant de souhaiter longue vie à L’IMAGINARIUS, peux-tu nous donner ton souhait le plus cher au sujet de ton magazine ?

Gaëlle : Qu’il aide à mieux faire connaître les auteurs et dessinateurs qui seront présentés, qu’il permette de booster leurs ventes de romans ou, pourquoi pas, de permettre à certains jeunes auteurs de se faire remarquer par des maisons d’édition. Le voilà mon plus grand souhait, celui pour lequel L’IMAGINARIUS a vu le jour. Ce serait la plus belle des récompenses.

Le Mague : On peut aussi retrouver L’IMAGINARIUS sur Facebook : http://www.facebook.com/#!/pages/LIMAGINARIUS-le-petit-journal-du-fantastique-/448570785158796 C’est aussi le moment de vérifier l’adage : les amis de mes amis sont vos amis et d’en parlez-en autour de vous sur la toile, c’est fantastique !

A suivre l’interview d’Olivier Moyano qui nous présentera un concours de nouvelles en hommage à Philip K Dick par les éditons Assyelle.