Un Z qui veut dire Zozo !

Un Z qui veut dire Zozo !

Le tome 1 « Coup de foudre à l’hacienda » de la série « Z comme don Diego » nous replonge avec délice dans les aventures d’un type zarbi tout en noir, qui signe d’un Z de l’épée une double personnalité pour le moins foirée. Fabacaro au scénario et Fabrice Erre au dessin ont pigé à dessein tous les ressors et enjeux qu’ils pouvaient tirer de ce zéro de héros. Celui-ci tombe amoureux, le cave et nous entraine dans des gags qui déchainent à la chaîne nos Z comme zygomatiques.

Pas toujours facile d’assumer le déboulement de l’épure de sa stature. N’est pas Superman, alias Clark Kent, qui veut ! Don Diego gère son boulot de justicier masqué, avec certains retours de manivelle qui mettent à mal son moral et son image mentale. Il faut dire que le zigue accuse un manque d’étoffe affirmée. La bravoure c’est comme l’amour, il a tout faux, quand, héros pressé, il se grime en Zorro en deux heures et vingt minutes top chrono. Son décalage horaire accuse le tempo.

On est heureux de retrouver Bernardo au top niveau de la légèreté du langage des signes qui peut parfois s’emmêler les pinceaux. «  Sans compter qu’il semble intellectuellement quelque peu déficient. Ce qui expliquerait ce regard mongoloïde  ». Selon les propos de margoulins dignes représentants d’Iznogoud à se petits soins. Et don Diego qui renchérit le sourire en cul de poule. « Ça été ta journée ? » (page 19). Je vous laisse devenir la chute… plus dure sera la corde pour se pendre !

Le sergent Garcia tout en grâce, comme vous le savez, lui sait gérer sa dualité. Surtout quand don Diego l’interroge sur le sujet. « Moi par exemple, je suis là tout la journée à boire du vin. Mais dès que la nuit tombe… je vais boire à la taverne.  » Et Diego pas vraiment convaincu lui porte l’estocade. « Mais où est la double personnalité là-dedans ? Ah ben oui tiens !!!  » (page 12)

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Exercice pratique périlleux au fil de l’épée pour nos deux auteurs, les gags s’articulent sur une demi page. Chapeau les artistes ! Fabrice Erre aux pinceaux a soutenu une thèse sur la presse satirique au XIXe siècle et publié un essai sur la caricature politique. Vous l’aurez compris, il est à l’aise Blaise dans cette figure de style pourtant si difficile. Fabcarno, textuellement le suit à l’unisson de l’humour toujours.

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Et l’amour, reflet du titre de ce premier opus « Coup de foudre à l’hacienda  » explose les cases et les bulles sous la cage thoracique développée de Sexoa, la bombe humaine, quand enlevée, la senora crache dans la paella que lui servent ses ravisseurs. Don Diego dragueur lourdingue est bluffé dans son for intérieur par la perception particulière qu’elle entrevoit de sa relation intime avec son fidèle serviteur sourd et muet. « Bernardo et vous, ça saute aux yeux  » (page 31).

Quant au père bipolaire du héros, il s’affiche en public. Gaffe à la gaffe Gaston ! « Oh làla ils sont d’une susceptibilité ces justiciers masqués !  » (page 45). Pire encore quand tout le monde veut devenir Zorro, c’est la panique et il y a de quoi se faire de sacrés sushis radioactifs !

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Sur leur lancé, les auteurs au rythme du Z comme Zorro nous défrisent et vont nous zébrer les rires à raison de deux albums par an. Qui sait, si la loi des séries va propulser don Diego, héros malgré et contre lui à nous éclater de rire à lire ses aventures franchement poilantes où tous les bouffons de la farce électorale y retrouveront leurs petits !

Série Z comme don Diego, tome 1 Coup de foudre à l’hacienda, scénario de Fabcaro et dessin Fabrice Erre, éditions Dargaud, 40 page, 10, 60 euros, avril 2012