Les faits d’hiver sur fond d’accident de chasse bien arrosé ou de castagne aux cèpes, les micros de la capitale sont rarement le point de mire du Médoc, à part lors des tempêtes d’hiver, quand même !

Depuis belles lunes, dans ma forêt en bordure d’océan Atlantique, je cherchais par quel regard affinitaire, j’allais vous convier à vous poser pour écouter « Les pieds sur terre  ». Tellement vaste projet mis en onde et qui me touche à chaque émission par ces personnages plus vrais que nature et qui ont de la jactance dans leur besace. Alors vous pensez-bien quand lundi 19 mars, Sonia Kronlund a énoncé le thème de la querelle de clocher à Saint-Vivien de Médoc, je me suis installée et me suis carrée une banane jusqu’à l’indigestion, tellement j’étais heureuse qu’elle ne nous ait pas oubliés !

Durant une demi-heure complète, comme à l’accoutumée entre 13 h 30 et 14 heures chaque jour de la semaine, sauf le samedi et le jour du saigneur, l’antenne de France Culture donne la parole aux gens biens ordinaires, qui ressemblent à votre voisin de palier ou de jardin. La grande prêtresse de cérémonie qui orchestre ces tranches de vie s’appelle Sonia Kronlund. Et, comme de bien entendu sur cette station, une bonne partie des producteurs de sa qualité sont issus du sérail universitaire qui mettent leurs savoirs à portée de toutes les citoyennes ou citoyens un peu curieux.
Sac à terre, cette année Sonia Kronlund fêtera les dix ans de son émission et pour l’exalter dignement, elle a publié un ouvrage «  Les pieds sur terre – Nouvelles du réel  » aux éditions Actes Sud. Je tiens à préciser que le service de presse de cette maison est déplorable avec le Mague. Puisque ces caves n’ont même pas daigné m’envoyer un exemplaire pour que je le chronique, malgré mes relances ! Passons le malaise dans l’édition, j’aurai l’occasion d’y revenir…

Revenons-en à nos brebis égarées, sonnez les matines, ding ding dong qui se propulsent heureusement fort loin de l’école laïque et publique de Saint-Vivien de Médoc…. D’autant plus étonnant encore, ce village résiste même à la capitale de la Gironde en prenant soin de ne pas réparer les œuvres d’érosion jusque sur ses panneaux de signalisation qui effacent le B de Bordeaux  !

Sonia Kronlund a l’art de prospecter sur des événements de proximité et les raconter à l’antenne dans sa présentation, avec un ton très personnel, du style : « Querelle de clocher entre les anciens médocains qui ont vécu ici et les nouveaux venus qu’on nomme les parisiens, même si ces retraités qui viennent chercher le soleil et le bon vin dans le Médoc après une dure vie de labeur, viennent en l’occurrence de Belgique, de Bourgogne, de Hollande ou de Seine Saint-Denis. Car ici, à la différence de nombreux coins de France, depuis dix ans environ, car loin de se dépeupler, le village a gagné 17 % d’habitants  ».

Cette émission dans le ton des documentaristes radiophoniques interviewe et donne la parole contradictoire aux actrices et acteurs du terrain sans jamais y joindre un commentaire. C’est toute la force et l’originalité qui tonne dans le poste. D’autant que ces voix n’ont pour ainsi dire jamais droit au chapitre et sur cette antenne, du moins jusqu’à présent, aucune pub ne vient entacher les propos des producteurs et leur dicter leur crédo comme sur France Inter par exemple !

« Nous voulons, ici modestement, tenter d’écouter sans analyser, de comprendre sans commentaire, d’ouvrir une petite fenêtre sur ce réel qui nous échappe ou qui nous parvient toujours formaté. Ecouter ceux dont on commente abondamment les faits et gestes, aller sur le terrain et y rester. C’est au coin de la rue, à deux pas d’ici, dans le centre de la France, ou à l’autre bout du monde, tous les jours… et, à chaque fois la volonté d’aller au plus près, de prendre du temps, de participer, de se laisser surprendre par les démons et merveilles de notre belle époque. Et les pieds sur terre, c’est aller surtout vers ceux qui se battent et qui luttent pour un rien, pour tout changer, pour vivre mieux ou pour vivre tout court, aller vers les lieux de conflits, de revendications, de désaccords, aussi minuscules soient-ils, et tenter d’écouter sans analyser ceux dont on commente abondamment les faits et gestes, aller sur leur terrain et y rester. Alors tous les jours, une demi-heure de reportages sans commentaire  ».
Vaste projet en effet, Sonia et toute ton équipe !

Une bande sonore qui se situe près de chez vous et vous honore, avis à la population, qu’on se le dise !
Vous l’aurez compris et pour aller dans le sens de cette émission que j’adore, je ne vais pas commenter les propos émis par les protagonistes à Saint-Vivien de Médoc, mes voisines et voisins.
Bonne écoute à toutes et à tous et que sonne le glas de France Culture, toujours les pieds sur terre et bon anniversaire !