Pour moi, Max von Sydow restera toujours le chevalier du Septième Sceau poursuivant son étrange et métaphorique partie d’échecs avec la Mort dans un des films les plus marquant de l’histoire du cinéma.
Lorsque j’avais 17 ans et que je suis tombé en admiration devant l’oeuvre intemporelle d’Ingmar Bergman, jamais je n’aurais imaginé pouvoir rencontrer et interviewer Max Vvon Sydow. Pourtant c’est arrivé, un après-midi de février à l’Hotel Bristol de Paris.
J’ai découvert un bel homme, intelligent, élégant, digne et humble qui aime faire son métier, aime se lancer de nouveaux défits.
Il n’avait jamais joué de muet, était très admiratif du réalisateur du film et a donné le meilleur de lui-même pour un rôle d’une grande force et d’une magnifique émotion.

Depuis Bergman, l’acteur suédois est aussi devenu une star internationale qui a promené son charisme et son talent dans nombre de productions hollywoodiennes, italiennes, scandinaves, françaises. Max Von Sydow a travaillé avec les plus grands réalisateurs de ce siècle et du précédent.

Marié avec une réalisatrice française, il vit en France depuis 20 ans et parle parfaitement notre langue. Il est généreux, ouvert, passionné et très bavard.

Aujourd’hui, on le retrouve dans Extrêmement fort et incroyablement près, drame moderne d’actualité très émouvant de Stephen Daldry (The Reader), avec Tom Hanks et Sandra Bullock, face à un jeune enfant intelligent et hypersensible traumatisé par la disparition de son père dans les attentats du 11 Septembre. Un enfant surdoué presque un autiste d’Asperger (c’est lui qui le dit) qui était lié à son père par toute une série de jeux ludiques et complexes dans les rues et parcs de New York.

Oskar n’est pas un enfant comme les autres. Extrêmement brillant et incroyablement mature, il est aussi un peu asocial, effronté et obsessionnel. Son père l’aidait à apprivoiser ses peurs en transformant en jeu ses rituels étranges, hors de nos codes sociaux. Mais ce papa parfait, bijoutier, est parti en fumées, comme tant d’autres, dans les attentats du 11 Septembre, lors d’un banal rendez-vous professionnel.

Un an après sa mort, Oskar, inconsolable, découvre une clef, dans la maison, et y voit un signe du papa disparu. Accompagné du vieux locataire de sa grand-mère, Max von Sydow, il se lance dans une vaste quête à travers la ville, pour trouver la serrure correspondante. Ils apprendront ainsi à se connaître et deviendront très intimes.

La caméra ne quitte pratiquement pas son jeune interprète, Thomas Horn, qui est formidable pour un acteur débutant qui n’avait jamais joué auparavant.
Max Von Sydow m’explique qu’au départ il n’aurait jamais cru que le petit garçon serait aussi bon car il ne connaissait rien à ce métier mais qu’ensuite il a été bluffé par son jeu, son énergie et son sérieux.

Le film tisse un réseau compliqué de relations, de mémoire et de souvenirs. Il parle de la perte, de l’absence, de la transmission, de la filiation, des pouvoirs de l’imagination, des peurs guéries par l’amour… Sans pathos excessif, le film touche juste, il touche au coeur, en profondeur.

Stephen Daldry, réalisateur qui s’est fait connaître avec Billy Elliott, prouve de nouveau son talent pour les portraits d’enfants et pour les oeuvres en rapport avec les sentiments profonds et l’Histoire. Stephen Daldry est un des réalisateurs les plus doués de sa génération avec Sam Mendes.

Max Von Sydow qui a tellement joué au Théâtre apporte toute son expérience et son génie expressif au service du film. Son métier et sa force tragique et comique donne une grande dimension à ce rôle muet dont on se souviendra.

Max Von Sydowm méritait vraiment un Oscar pour son rôle du Locataire. Max Von Sydow est un de s plus grands acteurs vivants. Sa carrière est un modèle du genre.