ECO : conte autour d’une malédiction

ECO : conte autour d'une malédiction

Une malédiction depuis le fin fond d’une forêt, une chaumière avec une famille aussi pauvre que celle du Petit Poucet, Eco va fuir, et traverser cette jungle d’arbres et de marais, avec sa faune, et sa magie, ses contes et légendes. La petite fille au corps de femme va pouvoir peut-être conjurer le malheur que sa mère lui lancé au souper. Rencontres bizarres sur le chemin qui mène à une princesse dans les nuages, qui pourrait lui rendre sa forme de petite fille innocente.

La soupe est le seul repas pour cette petite famille dans les bois, les marécages, vapeurs et brouillards, la petite Eco ne supporte toujours pas son corps avec ses seins, ses fesses rebondies, ses parents, et surtout sa mère, comme une sorcière a jeté le mauvais sort sur sa fillette de neuf ans pour la rendre presque adulte. Alors la soupe est renversée, la fille est punie, c’est l’occasion ou jamais de partir, quitter ce lieu sinistre à tout jamais, chercher à conjurer le sort pour redevenir une enfant dans un corps d’enfant.
Avec ses poupons de chiffon : Epictète, Diogène et Ésope, ils traversent la sombre forêt, en croisant sur le chemin un bien étrange personnage : il se dit un prince charmant, ayant eu subit un mauvais sort, qui lui a donné une allure d’épouvantail. Tel une grenouille ou un crapaud de conte de fée, il réclame à Eco un baiser pour lui redonner sa forme de beau chevalier blanc.
Le chemin qui va mener la petite fille à cette princesse dans les nuages ne manquera pas d’embûches, et même de sacrifices. De la plongée dans un lac avec ses méduses, de la faune, de la flore tout aussi docile que hostile... jusqu’à la montée dans les nuages par le biais d’un haricot !

Le récit de cette jeune fille est cousue d’une forme de « mashup », un mélange inspiré de différents contes qui ont fait notre enfance, de Grimm à Charles Perrault. Guillaume Bianco fait défiler son écriture d’enfant, sa contine pour petits et grands, dans une prose à métaphores, à tour de mots et de vocabulaire autour de l’univers de Eco au fil de sa ballade, de cette recherche, et à chaque chapitre, son lot d’inspiration d’histoires bien connues lorsque nous étions bambins. Son texte rejoint la poésie qu’il insuffle des ses propres livres : Billy Brouillard ( 3 tomes – collection Métamorphose / Soleil)
Une lecture agréable, que parents comme enfants peuvent se lire mutuellement.

Amanzalna enchaîne les illustrations en y apportant une ambiance de touches aquarelles numérisées, apportant un peu de matière, surtout des ombres, du flou, s’amusant parfois à détailler certaines scènes aux décors parfois fournis. Les arrières plans sont des ciels colorés par le moment donné, entre une plongée dans un noir teinté d’une couleur, comme évaporée, floutée, ou dans des nuances plus douce, dans une saison proche de l’automne, du mystère, de la faune, des lieux, des objets du quotidien détournées dans un dessin : le chapeau de Eco proche de celui d’un champignon, le prince et son allure d’épouvantail avec un masque à gaz, jusqu’à un hôtel, une maisonnette qui ressemble à une cafetière géante, revisitée, avec des engrenages, des bouts de bois, de ferrailles …
Le graphisme de Almanzana sur Eco, pourrait se rapprocher sur celui deShaun Tan, entre autre sur son livre adapté en court métrage d’animation : « the Lost Thing », bien que ici, Eco est plus un conte, loin de se mêler au monde contemporain.

Ce second volet de ECO va vous transporter au fil des chapitres, où vous y retrouverez la nostalgie de ces histoires aussi sombres que le Petit Poucet, le Petit chaperon rouge, ou Jack et le Haricot Magique, à travers cette fugue, pour conjurer un sort, un chapeau, un corps. Un bel objet issue de la collection Métamorphose (dirigée par la flamboyante Barbara Canepas ), qui attira la curiosité d’un enfant, le fameux livre sur l’étagère, avec sa tranche décorée, comme pour un vieux classique de la Pléiade.
ECO est un conte pour les petits et plus grands, un petit rêve, sombre, mais au bout, dans les nuages … une lumière !

À noter  : Almanzan et Bianco seront présent au festival d’Angoulême ce week-end à venir au stand Soleil .

ECO : La bête sans visage / Bianco (texte) et Almanaza (illustration) / collection Métamorphose / Soleil.