Dès qu’on utilise ce terme, on suppose que l’islam est en lui même un excès, et qu’il doit être modéré. Non aux excès, oui à la modération, credo très en vogue ces derniers temps, mais de là à l’appliquer à une religion ou à une communauté, on se doit de se poser des questions.
Quel est donc ce musulman modéré qu’on tolérerait sur le territoire français ? Qui est il et à quoi ressemble t il ? Me voilà en opération spéciale, démasquer le musulman modéré afin de le cloner pour que l’islam de France vive et prospère avec la bénédiction collective.

Déjà il ne doit pas être barbu, ah non, la pilosité est un signe d’excès et non de modération et un barbu est forcément un étrange personnage aux idées aussi courtes que sa barbe est longue.

Pas voilée non plus, non une musulmane modérée, doit avoir un budget coiffure à l’encontre de sa modération.

Pour sa pratique, elle doit être modérée, voire inexistante, non monsieur, vos prières prescrites par votre livre saint sont excessives, contentez vous d’un Ave Mohamed avant de dormir chez vous, et vérifiez avant que vos rideaux soient tirés et vos volets fermés.

Manger halal, non ça aussi, le musulman modéré doit revoir sa pratique et rester dans le pli, donc il mangera son rôti de porc à la cantine sans s’offusquer ou sans demander un poisson, un œuf ou que des légumes. Le musulman modéré est celui qui mange tout ce qu’on lui sert sans dire bismillah avant et même le porc, c’est économiquement attractif en ces périodes de crise.

Pour le ramadan, le musulman modéré s’il souhaite vraiment le faire devra s’inscrire dans la discrétion et surtout ne pas imposer un changement d’heures de travail.

En gros, un musulman modéré est celui qui n’a de musulman que de non, et qui n’en a pas la pratique, voilà j’ai compris.

On le retrouve souvent à la TV française ou au cinéma, récemment, j’ai eu la joie d’en voir un dans un film, le musulman modéré interprété par Kad Merad dans l’Italien. Dans la dernière scène, on le voit siroter une coupe de champagne. Voilà l’image du musulman modéré, celui qui ne fera pas de vagues et qui surtout ne militera pas pour l’acceptation de sa religion.

J’en entends certains, mais non Madame, vous ne comprenez donc pas, un musulman modéré est celui qui respecte les lois de la République et la laicité. Et là, je me dis, en quoi la pratique « normale » de l’islam pose problème aux règles de vie sociétales ? Est ce qu’on doit devenir la moitié d’un musulman, si possible celle sans pratiques, et sans idées pour que la France nous accepte.

On ne demande jamais à ce que les chrétiens soient modérés, ni les juifs. Et encore une fois c’est mal connaître l’islam que d’exiger de sa part la modération, car la religion musulmane est celle de la communauté du juste milieu, celle où déjà tous les excés sont condamnés, condamnables, celle où on appelle à la mesure, la justice, l’équité, et au respect.

Mais un musulman modéré ne dira pas ça, il pliera l’échine, s’excusera presque d’exister, et continuera à prier chez lui à l’abri des regards, sans exiger le droit à la pratique libre de son culte.

J’ai finalement compris qu’un musulman modéré est celui qui ne parlait pas d’islam, qui s’excusait perpétuellement d’exister, et qui était le bon musulman, l’autre étant le mauvais musulman. Diviser pour mieux régner, voilà une autre façon de créer le trouble au sein même de la communauté. Les modérés ou laïcs ou libéraux face aux fanatiques ou aux islamistes. En gros, le musulman modéré est celui qui mange son couscous aux lardons le vendredi midi, avec un bon verre de vin avec modération.

J’ai trouvé le musulman modéré, celui que la France appelle de ses vœux, le musulman modéré est l’invisible, le même que ses parents, discret, silencieux et cachant sa pratique par peur du jugement, taisant ses opinions et calquant sa pratique à la volonté générale, une pratique plus que modérée, une pratique quasi inexistante, et là je reste modérée...