A Rodilhan, les barbares ont montré toute l’étendue de leur violence.

A Rodilhan, les barbares ont montré toute l'étendue de leur violence.

Le 8 octobre 2011, nous étions près de cent militants venus d’un peu partout, y compris de Belgique, pour former une résistance citoyenne à la torture animale.

Ce jour là, 6 veaux devaient être torturés à mort dans les arènes de Rodilhan (à quelques kilomètres de Nîmes) lors de la finale des "graines de toréros"... Ces jeunes tortionnaires allaient se livrer à une becerrada, corrida pratiquée sur de jeunes animaux qui, ne comprenant rien de ce qui leur arrive et sous la douleur des banderilles qui déchirent leur chair, hurlent et appellent leur mère.

Donc, ce 8 octobre nous étions une centaine prête à affronter la violence dans l’espoir de mettre à mal cette boucherie immonde au cours de laquelle tout le sadisme, la perversité et la cruauté des hommes est déployée contre des jeunes animaux qui n’ont absolument aucun moyen de s’opposer.

Deux groupes étaient formés, l’un dans les gradins pour déployer des banderoles et faire diversion, l’autre devant sauter sur la piste pour s’enchaîner et tenter d’empêcher le spectacle de mort.

Très vite, tout s’est enchainé, les banderoles, le saut dans l’arène (plus de deux mètres mais avec l’adrénaline personne n’a reculé devant l’obstacle), l’opposition, la résistance !

Le mot d’ordre : ne pas répondre aux provocations ni aux coups... Alors la haine des barbares s’est montrée avec toute sa férocité, sa violence à l’encontre des animaux bien sûr mais aussi des militants sans aucune défense et qui ont été roués de coups.

Pendant que nos camarades aux banderoles se faisaient molester dans les gradins, sur la piste, enchaînés, impuissants, nous recevions tour-à-tour des coups de poings, de pieds, des gifles, des crachats... Face à moi une jeune fille s’est retrouvée violentée avec deux sadiques venus lui déchirer ses vêtements, arracher son soutien-gorge, tirer sur son pantalon, l’asperger d’eau comme nous tous, militante qui sous les coups, les gestes obscènes, est restée d’une dignité exemplaire.

La pagaille générale a permis également aux aficionados de voler ou casser des portables, des caméras mais aussi de molester le cameraman de France 3 qui a très vite été éjecté hors des arènes.

Nous sommes restés soudés pendant 20 minutes au cœur des arènes, 20 minutes d’une folie qu’aucune image ne pourra retranscrire car la haine, la véritable haine, nous arrivait comme une vague du public en même temps que les coups. Face à moi, dans les gradins, plusieurs spectateurs tenaient leur poing devant, pousse baissé, pour signifier aux autres que le sacrifice pouvait commencer.

Car le plus monstrueux peut-être est qu’il n’y avait aucune empathie, je n’ai entendu personne pour dénoncer ce qui était en train de se passer dans cette arène, non, que des encouragements et des appels au meurtre. Le vrai visage de ces gens étaient visibles alors, ceux là-même qui prétendent qu’il vaut mieux défendre les hommes que les animaux sont prêts à torturer et, si besoin, à tuer des êtres humains dès lors que ces derniers ne peuvent se défendre.

Après 20 minutes quelques chaines ont été coupées, alors la violence a redoublé d’intensité, nous avons été trainés en groupe, certains écrasés sous d’autres, tirés par les bras, les jambes, par les cheveux comme je l’ai été, nos chaînes nous coupant la respiration. Mis à l’écart les coups sont arrivés de partout à la fois et les gendarmes ont assuré le strict minimum, enfin, il serait plus juste de dire qu’ils n’ont rien assuré du tout car ils n’étaient visiblement pas là pour nous protéger mais pour laisser faire.

A la sortie le spectacle était apocalyptique, nous ressemblions tous à des zombies, blancs de poussière, boitant, comparant nos blessures mais pas peu fiers d’avoir pu troubler ce spectacle de pure barbarie.

Certains des militants ont fini aux urgences, tous ont été violentés d’une manière ou d’une autre, mais cet acte de résistance doit aujourd’hui servir à montrer ce que nous n’avons plus le droit d’accepter car malgré notre action, malgré les coups et le reste, 6 veaux ont été torturés à mort à Rodilhan sous les applaudissements et la joie d’une foule enivrée de violence, pas seulement de violence...

Les jeux du cirque ce n’est plus tolérable en 2011, ce n’est plus acceptable ou alors cela signifie que l’homme est toujours un barbare... Le 8 octobre 2011, dans les arènes de Rodilhan, il n’était pas permis d’en douter.