Enlivrez-vous des nouvelles littéraires érotiques d’Eric Holder !

Enlivrez-vous des nouvelles littéraires érotiques d'Eric Holder !

Eric Holder a tout de l’honnête homme pour nous surprendre. Il n’a aucun tic de la grosse tête de l’auteur passé à la postérité après trois de ses romans adaptés au cinoche. Il a au contraire tout du Gavroche qui tinte ses croches sur le papier du maître mot des histoires courtes. Il s’entiche cette fois d’Eros pris en flagrant délit dans les maux des amours, en sept opus pour nous dire de ses nouvelles. Il vous invite chères lectrices et chers lecteurs, accrochez-vous à la sensualité de vos désinvoltures, suspens garanti et même chute et liquide séminal jamais sémillant mais garant de vos corps à corps avec le texte. Ça pulse à chaque page de vous pager avec l’auteur des plaisirs garantis.

Bizarre tout de même d’avoir repris en chœur le titre « Embrassez-moi » d’un ragondin à la Kong dans l’hémisphère littéraire pour mémère à la ménopause fâcheuse et désabusée. Katherine Pancol avait déjà noyé dans l’alcool un roman à l’eau de rose faisandée concernant New York et la thématique très putassière autour de quelques poussières du 11 septembre 2001 envolées au nez de personnes féminines pas vraiment bandantes.
Franchement, tout le contraire du bon vieux Eric Holder, ce tout jeune homme dans son corps et son esprit du Médoc. Au point de saillir ses mots à chaque page et son art de nous raconter ses héros et héroïnes, de surprises en surprises, en prise direct, qui auraient branché nos sexe en ébullition sur quelques lunes et cons appétissants.
Grand cru du Médoc sous la plume du sieur sensuel à souhait, c’était tout naturel de sa faconde qu’il sonde nos esprits en peaux sensibles et correspondances avec les voyelles qui nous dézinguent les fondements de nos pulsions.

Littérature charnelle qui fait la belle à l’essor de tous nos efforts pour nous sentir forts et si fragiles face à l’être convoité compulsé de nos buées et nos souffles courts dans un cinoche que l’on se joue au guichet fermé de notre intimité. « Cette partie de la littérature la plus charnue, la plus charmante, je regrettais de ne pouvoir lui rendre hommage. J’éprouvais une sorte de dette envers elle, qui m’a bercé, nourri, et une sorte de lâcheté à ne pouvoir l’honorer. J’ai la chance de pouvoir m’acquitter de l’une en abandonnant le manteau de l’autre ». (In Avertissements d’Eric Holder en page 9).

On retrouve certains thèmes qui lui sont chers. De sa vocation d’écrivain en échappatoire d’un gueuloir, qui consiste à tester devant ses pairs ses écrits. Un dortoir fera l’affaire. « Dès lors, pourquoi tel récit déclenchait sur moi l’opprobre et tel autre, la jouissance alentour ? De là nait une vocation d’écrivain  » (in la nouvelle « l’Echappée belle  » du recueil Les sentiers délicats, page 31).

Dans « Francis Boulouris  » qui ouvre le recueil, Eric revient à ses premières amours avec tambour et trompettes. « La muse du lycée  » dans sa nouvelle a un lointain cousinage avec la fille du proviseur dont s’était entiché le jeune Duduche de Cabu. On a tous connu ces personnes haletantes qu’ont « l’assurance inoxydable que possèdent les jeunes filles intelligentes et modestes  » (page 29). De même que « De mémoire de rose  », les vers du père Hugo nous assènent les regrets éternels de notre incorrigible timidité à l’âge des premiers soupirs, j’expire. Plus dure sera la chute de cette magnifique nouvelle d’Eric Holder qui ne peut vous laisser insensible sur le carreau !

Notre auteur n’est pas de bois ni encore moins de vigne quand il décrit les assauts de Charles sur Marie et le point du vue crucial de la femme. « Entièrement concentrée sur ce point, elle se contentait de hausser la croupe afin qu’il vint lui raboter contre. Car c’était d’un travail de charpentier qu’il s’agissait : à l’aide d’une varlope appropriée, éplucher, corroyer l’espace intime, lequel ne se trouvait pas, comme d’autres l’auraient imaginé, retranché au fond ». (in « Marie sans chemise  », page 55). Saillant le style jusque dans les renoncules des abysses, Eric fait l’amour avec ses mots et nous laisse sur le cul, tellement c’est écrit avec passion et c’est unique dans les annales de la littérature du genre !

Cette « Aurore à Paris  » passionnée par les arts de l’amour essaime notre faim, elle l’aiguise et nous titille sur sa piste.

« Sainte Blandine  » priez pour nos pauvres pêcheurs et ses leçons de piano qui garantissent un moment d’effroi à l’adolescent, qui s’adonne aux touches de musique en s’abreuvant en pensées friandes au cou de la belle, comme un vampire en manque.

On pourrait croire, qu’Eric Holder idolâtre uniquement ses héroïnes femmes. Que nenni ! Et pour demeurer dans le ton du gothique flamboyant, il y a ce magnifique « Farid et les Viennois  » qui ne jure que par sa Walkyrie à son corps défendant ! « Le plaisir de Brigit se réfugiait dans ses humeurs, larmes et, plus bas, huile de karité, onguent indien, épice suave produite au creuset de sa peau d’amande  ». (page 162)

Quant à sa « Pauline à Roissy  », rien à voir avec une certaine « Pauline à la plage  », pimbèche Éva naissante d’un film pour marchand de sable très fatigué. La Pauline d’Eric Holder à tout à nous apprendre de ses approches de l’art des corps. Tout un tableau !

Enfin, « Laetitia en son salon  », salon du livre comme il convient en Seine et Marne où le narrateur se souvient d’une perle rare en totale métamorphose. Savoureux à souhait pour qui sait observer et noter les us et coutumes selon la recette établie. « Le bon vieux décolleté fonctionne toujours, comme la jupe fendue. Des vieillards gravitent autour des recueils de poésie que signe une Ophélie rousse  ». (page 199). C’est dingue comment les mœurs libres de la campagne émoussent jusqu’aux dernières secousses des corps qui se pâment à la rescousse.

Rien à jeter. Tout se lit avec grand plaisir. Des personnages aux antipodes. On ne peut décidément pas résister à cette bouche offerte aux baisers qui vous titille par la parole dans ce recueil aux sept nouvelles vraiment épatantes. On est émus à chaque personnage qui confie sa résonance sous la plume bandée ferme avec brio et tact d’un grand auteur qui ne s’était pas encore essayé à cet art. On ne peut que l’encourager à creuser ce sillon et le remercier pour les plaisirs dans leurs diversités qu’il a offerts à notre sagacité. On en ressort tout émoustillé et émerveillé. On a même envie de chanter en chœur avec nos voisines et nos voisins le refrain de cette chanson de Louis Arti  : «  La vie ça ne s’écrit plus, ça ne se chante même plus, ça s’baise » pardi !

Embrassez-moi d’Eric Holder, éditions le Dilettante, 224 pages, 14 septembre 2011, 17 euros

Eric Holder dédicacera son livre à la librairie Corinne de 17 heures à 19 h 30 à Soulac. La seule et unique librairie de la Pointe du Médoc avec sa libraire hors pair, chaleureuse et très compétente.