"La vie même au-delà des nuages" par Franca Maï

"La vie même au-delà des nuages" par Franca Maï

Françoise Baud dit "Franca Maï" née le 26 juillet 1959 à Paris, est une romancière, actrice et productrice française.
Quart vietnamienne de par son grand-père maternel, Franca Maï grandit entre Paris et l’Eure-et-Loir.

Elle est l’ainée d’une fratrie comprenant deux autres sœurs et un frère. Son père, un CAP de tourneur et un BP industriel en poche, brillant autodidacte, maquettiste par la suite, crée et entretient dans une vie parallèle des voitures de collection. Il est le constructeur de la Saga 55. Sa mère, eurasienne, manutentionnaire puis secrétaire médicale, forme avec lui un "couple de feu" dès leurs seize ans.

Brune à la beauté ténébreuse (aspect sans doute renforcé par les fines cicatrices qui émaillent discrètement sa pommette gauche, legs d’un crash en voiture, qu’elle nomme ses "cruelles"), révoltée autant par choix que par essence, Franca Maï revendique au fil de ses expériences artistiques un statut d’électron libre affichant intégrité et "polyédricité" comme valeurs cardinales.

En 2001, « pour des raisons familiales et personnelles », Franca Maï change radicalement de cap et se met à écrire des romans. Repérée par Pierre Drachline grâce à « une lettre, écrite sous forme de nouvelle à un homme qui bien sûr n’a rien compris », elle publiera sept romans au Cherche-Midi entre 2002 et 2009 (le huitième, un roman noir rédigé à quatre mains avec Leny Escudero, sortira en 2011). Son style acéré réinvente un néoréalisme littéraire à forte teneur (et critique) sociale, où violence et érotisme le disputent à candeur et humour en vue de capturer et décortiquer l’instant où « la victime prend le dessus sur le bourreau ».

De ses débuts remarqués avec Momo qui kills (promo sur le plateau télé de Guillaume Durand) au dernier Crescendo en passant par le diptyque de Mata (Speedy Mata, Pedro, peut-être demain un ultime épisode pour clore une trilogie ?) et aux tripes à la lecture de L’ultime tabou, Jean-Pôl et la môme caoutchouc (promo avec PPDA) ou encore L’amour carnassier (promo télé avec Frédéric Taddeï), Franca Maï peaufine une œuvre puissante, cohérente et contemporaine, où chaque phrase dégage une musicalité cernant l’essentiel (ses romans, n’excédant pas les 200.000 signes, dont deux (Momo qui kills et Jean-Pôl et la môme caoutchouc sont également réédités chez Pocket).

Franca Maï se bat actuellement contre un Cancer en phase terminale et elle a choisi de s’exprimer publiquement sur sa maladie et son dernier livre.

"Lectrices et lecteurs du e-torpedo, amies et amis de combat, vous avez toutes et tous remarqué que votre journal en ligne fonctionnait au ralenti depuis quelques mois.

Anormalement.Vous avez su faire preuve d’une patience d’ange, ne comprenant pas la baisse de régime du webzine sans barbelés, réputé pour son rythme vertigineux, son ton singulier, son sens de l’éthique et du partage. Restant néanmoins fidèles et encore plus nombreux au rendez-vous,

vous m’avez prouvé votre attachement à ce lieu virtuel qui est et reste le vôtre.Une « maison » chaleureuse où l’on réfléchit au devenir d’une société que nous rêvons harmonieuse, juste et équilibrée en tentant de décadenasser les préjugés et de déjouer les nombreux pièges...

Au nom de cette belle aventure démarrée il y a plus de sept ans sur la toile, je vous dois une explication.

Le sale crabe qui me taraude depuis de longs mois a enclenché la vitesse sournoise de la Camarde m’affaiblissant implacablement au quotidien. Le temps qui m’est imparti ne m’autorise plus à nos échanges intenses et je voulais vous remercier toutes et tous pour la luminosité et la richesse de ces graines salutaires.

Je tiens à remercier également les rédacteurs spontanés ou dénichés au détour d’explorations sur le Net, qui ont contribué par leurs engagements et leurs plumes acérées à une réflexion profonde et à la qualité de ce webzine : Laiguillon, Gilles Delcuse, Régis Duffour, Philippe Marlière, André Bouny, Serge Rivron, Marc Alpozzo,Rozor, Andy Vérol etc..

Certaines et certains que j’ai eu le plaisir de rencontrer en chair et en os par la suite, ne m’ont pas déçue.

Ils sont en phase avec leurs idées. Sincères, loyaux, sans aucune posture.

Je remercie avec beaucoup de tendresse, les sites amis qui ont contribué au rayonnement de tous ces écrits : Bellaciao, Oulala.net, sistoeurs.net etc...

Mon dernier roman « Divino Sacrum, carnet de bord d’une vieille cancéreuse fripée » (titre provisoire) traite du purgatoire des cancéreux et du sujet tabou de la stomie. Il paraîtra peut-être... à titre posthume. Je choisis donc de vous en faire découvrir quelques pages au rythme de vos battements de cœur. Encore vivante et le souffle aux lèvres.

Fuck la mort ! Continuez les luttes, ne lâchez rien !

Les rêves les plus fous sont nos alliés."

Franca Maï

(crédit photo : Christian Peter (2009)