Séverine Lavaux résiste, au son de son accordéon !

Séverine Lavaux résiste, au son de son accordéon !

Samedi dernier 4 juin, alors que je devais retrouver Frédéric Vignale à Montmartre pour faire suite à mon interview concernant la parution de son dernier livre « Je suis très souvent d‘accord avec les gens qi pensent comme moi », j’en profitais pour aller saluer cette superbe artiste de la rue qu’est Séverine Lavaux, accordéoniste de son état, danseuse et comédienne de Cabaret.

Avant d’arriver jusqu’à elle, il faut le vouloir et effectuer un véritable parcours du combattant jonché d’obstacles divers et variés.
Tout d’abord descendre au métro Anvers, avant de traverser la jungle, sans se faire attaquer ou dévaliser, puis escalader les marches du Sacré-Cœur. En arrivant sur le parvis, il faut se frayer un passage entre les vendeurs à la sauvette, en faisant attention de ne pas se prendre les pieds dans les répliques chinoises de la Tour Eiffel, jongler avec les petites Roumaines qui ont tendance à prendre vos poches pour les leurs, éviter de se faire brûler la figure par le retour de flamme d’un cracheur de feu et débrancher son sonotone pour ne pas subir les agressions violentes et auditives des sons du hip hop et autres breakers.

On se dit que notre belle et frêle Séverine n’aura pu résister aux assauts de ce nouveau monde, lequel n’a franchement plus rien à voir avec celui, plus calme, qu’elle nous proposait dans ce voyage vers le passé et le siècle dernier, au son de son rutilant accordéon jaune.
Tout en haut de la Butte, entre la Basilique et le village du Vieux Montmartre aux airs de Provence et aux effluves festives des saveurs d’autrefois, Séverine Lavaux occupe encore le terrain, mais combien de temps pourra-t-elle résister à ces phénomènes qui lui enlèvent clients et argent, alors qu’il lui faut payer ses redevances pour avoir le droit de travailler, pendant que d’autres se remplissent les poches en toute illégalité, en insultant, en menaçant, en intimidant, en provoquant et surtout en riant de l’inefficacité de nos pouvoirs publics.

Les musiques sont tellement fortes que le Curé ne s’entend plus dire sa messe et que l’intérieur de la Basilique sert de caisse de résonance. Les abords du Sacré-Cœur ont des allures de cour des miracles et sont devenus des zones de non-droit où même les aveugles, les mendiants et les paralytiques n’ont plus leur place.

Quel dommage d’entendre « Voulez-vous danser Grand-Mère » interprété par Séverine, recouvert par les battements intempestifs des percussions qui dénaturent l’œuvre originelle, en tuant l’âme et la tranquillité Montmartroises.

En bavardant avec Séverine, je constate qu’un véhicule de Police passe. Le conducteur arrive à notre hauteur, baisse sa vitre et demande si tout se passe bien, avant de continuer sa tournée… Comme si la Police avait peur d’être la Police !
Il faudrait lui trouver un endroit plus serein, à notre petite reine de l’accordéon, un bout de pavé qui lui ressemble, un endroit digne d’elle et du paysage de son décor, un emplacement aussi chouette que ses beaux habits d’antan et qui serait en harmonie avec le mauve de ses lèvres aux fragrances de glycine.
La Place du Tertre étant trop bruyante et réservée aux peintres, Séverine serait à l’aise Place du Calvaire, assise sur le banc situé entre l’Auberge « Chez Plumeau » et l’Espace Dali, jusqu’à trouver un terrain d’entente avec le contrebassiste au registre musical très voisin de son répertoire.

http://www.youtube.com/watch?v=Jl4RdXXh4SY&feature=related

Crédit Photo PCB 04/06/2011