LA NEIGE ETAIT TIEDE

LA NEIGE ETAIT TIEDE

Comment pouvons-nous continuer à vivre lorsqu’un drame nous prive de ce que nous avons de plus cher au monde ? C’est l’histoire, toute l’histoire, de ce nouveau roman de Jean-Claude Romera. Ayant sur vous le privilège de l’avoir déjà lu, il me serait fastoche de vous en dire un peu plus, mais ce serait comme vous en dévoiler la fin, vous priver de beaucoup de plaisir !... Retenez seulement que face au malheur, certains couples résistent et se consolident, à l’inverse, d’autres se désunissent. Toutefois, lorsque la fatalité s’acharne et frappe à diverses reprises, cela donne un récit d’une extrême intensité émotionnelle, que l’on ne lâche plus... Une ode à la vie, comme je les aime bien !

Dans le paysage foisonnant des auteurs marseillais, Romera est un énergumène discret mais prolifique, au parcours singulier : avec un recueil composé d’un millier d’aphorismes facétieux, « Le Fol Humour de mes Folles Pensées », j’avais découvert en lui un forcené de la formule truculente ! Il a d’autres cordes a son arc et s’affirme comme un romancier de premier ordre, avec des histoires bien troussées et une bonne maîtrise de la narration, ce qui est important pour qui s’attaque à des récits au long cours !

Des récits que je qualifierai de polars psychologiques, pour faire court…
Une écriture fluide, de l’originalité et du rythme, ça renifle le travail artisanal, dans ce qu’il a de plus noble ! J’avais déjà apprécié le style de Roméra dans « La faculté de la mort », son précédent opus, mais il transforme brillamment l’essai dans « La neige était tiède », qui vaut largement son excellent titre. Sur les traces de l’auteur, le lecteur se surprendra à vaguer dans diverses communes du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, mais je vous préviens tout de suite qu’il ne s’agit pas là de régionalisme pour lecteur bobo en mal de tourisme ! Je déconseille même cet ouvrage palpitant aux âmes trop sensibles… On passe facilement du rire aux larmes, mais heureusement tout également de la détresse au désespoir, en patientant jusqu’aux dernières lignes pour savoir si Romera nous aidera finalement à répondre à l’une de nos plus obsédantes interrogations… !

S’il reste un dernier effort à Jean-Claude Romera, c’est celui de changer d’éditeur, car il mérite mieux, à mon avis ! Si un éditeur plus conséquent lit cet article, je l’invite donc à se pencher avec intérêt sur le cas de ce jeune homme de soixante ans, pour la suite…

LA NEIGE ETAIT TIEDE, par Jean-Claude Romera,
Les Presses du Midi