Spécial Lettres nordiques

Spécial Lettres nordiques

Dans La part de l’homme, une humble mercière vend sa vie – pour 7 000 euros ! – à un romancier désabusé. Férocité, humour et tendresse, trois ingrédients plutôt « Hotakainen »… A l’occasion du Salon du livre, le romancier à la mode des lettres finlandaises nous en dit plus… Quant à la Suédoise Katarina Mazetti et à la Norvégienne Hanne Orstavik, autres invitées d’honneur de ces Lettres nordiques, elles nous évoquent leur meilleur et pire souvenir de Salon du Livre…

L’Interview :

Thierry de Fages : Votre roman La part de l’homme débute par la piquante rencontre entre Salme Malmikunnas et l’Ecrivain lors d’un Salon du Livre. Que personnifie Salme ?

Kari Hotakainen : Ce personnage de Salme, qui estime que toute littérature n’est qu’un gros mensonge, m’est particulièrement jouissif. Dans le roman, Salme constitue un inépuisable trésor pour mon personnage de l’Ecrivain. A travers leur rencontre spéciale, je peux m’étendre sur le mode d’élaboration de l’écriture de l’Ecrivain.

Toutes ces cartes postales envoyées par Salme à ses enfants paraissent bien mystérieuses…

Kari Hotakainen : Les quelques mots griffonnés sur ces cartes postales, c’est sa façon à elle de leur parler des choses importantes de la vie. Ma propre mère avait l’habitude de m’envoyer ainsi qu’à mes cinq sœurs des cartes semblables. Mais c’était il y a longtemps, à la fin des années 70, quand nous avions quitté le foyer…

Le personnage de Pavoo, le mari de Salme, offre un violent contraste avec le reste de la famille. Comment le situez-vous ?

Kari Hotakainen : Son comportement est lié à sa propre tragédie, celle d’être presque muet ! Il a perdu sa capacité à parler même si à la fin sa langue fait des miracles ! Le personnage de Pavoo exprime la fatalité de la douleur.

Helena et Maija, les filles de Salme, sont-elles des victimes de cette Finlande « speed », presque désagréable, que souvent vous évoquez dans vos romans, en la mettant souvent en parallèle avec une Finlande plus traditionnelle ?

Kari Hotakainen : En un sens oui… Mais de façon générale je ne suis pas nostalgique. Je ne pense même pas que la Finlande traditionnelle soit meilleure. J’ai juste tenté de décrire, par la voie de La part de l’homme, les gros changements intervenus en Finlande au cours d’un bref espace temps.

Kari Hotakainen, La part de l’homme, JC Lattès, 290 pages, 2011

L’auteur de La part de l’homme sera en dédicace vendredi 18 mars sur le stand Lattès de 19 h à 20 h, samedi 19 mars de 16 h à 17 h 30 sur le stand 10/18 et sur le stand Lattès de 17 h 30 à 19 h.

Meilleur souvenir de Katarina Mazetti (Le caveau de famille) [éditions Gaïa, mars 2011] :

« Il y a quelques années, une très jeune fille s’est dirigée vers ma table, me confiant beaucoup aimer Entre Dieu et moi, c’est fini [2007, Gaïa]. Elle m’a donné une magnifique petite fleur en papier, faite selon la technique de l’origami, puis s’est excusée de ne pouvoir m’offrir un autre cadeau, faute d’argent. J’ai conservé précieusement cette fleur, qui me rappelle quotidiennement que j’écris pour les lecteurs, pas pour les critiques !… »

Pire souvenir : « Ce n’était peut-être pas si terrible que ça mais j’ai gardé le désagréable souvenir d’un certain Salon. J’étais entrée dans l’espace VIP : tout le monde était maigre, très raffiné, habillé en noir avec cet air terriblement intello. J’avais vraiment envie d’être ailleurs… »

Meilleur souvenir de Hanne Orstavik (Amour) [éditions Les Allusif, 2011] :

« C’était à Göteborg en Suède. J’allais être interviewée par un journaliste qui s’était mis en tête, sans l’avoir lu, que mon roman, La Pasteure, n’était qu’un livre écrit pour les femmes et pas pour les hommes, les vrais comme lui. Ce qui était beau à voir c’était son changement quand nous parlions : il s’est ouvert, ça se voyait dans ses yeux, dans son visage, il osait laisser la douceur s’installer, il osait vivre le moment, prêt à oublier sa raideur, à être ouvert après tout. »

Pire souvenir : « Il y a 8 ans, toujours à Göteborg, je me suis réveillée le matin de mon débat, prise de vomissements. J’ai pensé que j’avais bu trop de whisky la veille au soir ; je sors, je comprends que c’est n’est peut-être pas ce que j’ai bu mais mangé, ou le tout, que c’est trop. Ce n’est qu’une heure avant le débat, je me suis assise sur un rocher sur la pelouse devant le Salon, sans force et sans rien pouvoir faire pour m’aider. »

Dédicaces :

Hanne Orstavik : vendredi 18 mars (15 h-16 h puis à 19 h), samedi 19 mars (à 17 h), dimanche 20 mars (à 13 h 30 et 17 h) (Stand T.31)
Katarina Mazetti : vendredi 18 mars (17 h-18 h), samedi 19 mars (16 h-17 h), dimanche 20 mars (17 h-18 h) au Stand Gaïa H33

A signaler : le spécial Les littératures nordiques du Magazine Littéraire de mars 2011

www.salondulivreparis.com
www.editions-jclattes.fr
www.gaia-editions.com
www.lesallusifs.com