Faites entrer l’accusé, dans la Société !

Faites entrer l'accusé, dans la Société !

« Le crime de sang, parce qu’il porte atteinte à la vie humaine, constitue dans la plupart des sociétés l’une des infractions les plus graves », résumait le chercheur au CNRS Jean-Hugues Matelly dans son ouvrage « Gendarmerie et crimes de sang ».

Que deviennent nos criminels de sang, depuis l’abolition de la peine de mort ? Les criminels français se portent bien, Dieu merci ! Ils ont une chance inouïe d’être vivants, eux, ce qui n’est malheureusement pas le cas de leurs victimes qui gisent six pieds sous terre.

Le criminel qui a fait couler le sang recommencera forcément un jour, parce que le sang qui gicle d’une gorge ouverte fascine l’égorgeur qui enlève une vie, tel le feu fascine l’incendiaire. Ce tueur prédateur, comme on dit dans le langage populaire, vient d’acquérir le goût du sang par son geste violent et cruel. Comment peut-on pousser l’horreur d’un crime jusqu’à aller ligoter sa victime durant des heures, avant de lui couper la gorge d’une oreille à l’autre, sans sourciller, sans aucun état d’âme, sans le moindre regret, comme une machine à tuer, comme le dernier des barbares, avant de rentrer tranquillement chez soi, comme si de rien n’était, puis se poser le cul dans un fauteuil en sirotant une bière et en fumant un joint, tout en jouant à la console.

Ne dit-on pas qu’un chien qui mord reproduira forcément son attaque, pour le seul plaisir de goûter à ce liquide rouge et chaud qui représente la vie.
Pour rendre la Justice, au Nom du Peuple Français, et permettre aux familles d’être confrontées au regard de l’accusé, afin d’entamer ce deuil long et douloureux d’un proche, on prononce une détention à perpétuité avec une période incompressible.

Pendant le temps de cette détention, l’accusé est à l’abri d’une quelconque vengeance familiale et dans les oubliettes d’une opinion publique outragée. Il pourra, s’il le souhaite, travailler en atelier, suivre une formation qualifiante, voire même poursuivre des études.

Durant ce temps cruel qui s ’écoule inexorablement dans le grand sablier de la vie, les familles éplorées et parfois isolées ne se réparent jamais, s’enfonçant à l’occasion dans une dépression dont elles ne sortiront pas indemnes. Où est le père, la mère, le frère ou la sœur froidement assassinés. Un enfant peut-il se construire normalement, lorsqu’il sait qu’un criminel vient de trancher la gorge de sa mère, en le rendant définitivement orphelin. Pourquoi un individu, comme un grain de sable, est venu se placer dans le rouage d’une vie humaine pour tout détruire, à l’aide de la lame d’un vulgaire couteau à pain qui glisse volontairement sur une gorge innocente, en laissant une plaie béante.

Et puis un jour, pour l’accusé, vient enfin le temps de la seconde chance par la semi-liberté, alors que sa victime n’en aura eu aucune. On lui trouve un bon job, de préférence dans une administration où il y a du monde pour l’entourer d’une relative indulgence, comme s’il s’agissait d’un simple débiteur qui vient finir de payer sa dette à son créancier, en mettant potentiellement en danger la vie d’autrui tant dans l’établissement que dans les transports où battent, sous ses yeux peut-être envieux, quelques veines jugulaires dans des gorges chaudes, de préférence féminines. Pourquoi les décideurs et décideuses, de cette vaste fumisterie, ne prennent-ils pas leur petit protégé dans leurs bureaux, préférant passer la patate chaude aux autres personnels non membres de l’équipe de direction.

Et si demain le fauve, enfermé durant quelques années, décidait de repasser à l’acte, il aurait au moins le choix de sa victime, puisqu’on lui agite plusieurs morceaux de viande sous son museau affamé.
Que pourrions-nous faire à part avoir des regrets, mais il serait trop tard ?!