Festival d’avignon : les secrets d’un des meilleurs festival européens !

Festival d'avignon : les secrets d'un des meilleurs festival européens !

Remis en grande partie de la grave crise liée aux attaques du statut des artistes intermittents l’an dernier, le Festival a proposé une programmation engagée et politique ( concoctée par la direction du "IN" - Vincent Baudriller + Hortense Archambault- ), cette année, avec des auteurs fortement engagés comme Rodrigo García pour " L’ histoire de Ronald, le clown de McDonald’s" ou encore Daewoo de François Bon, en passant par la talentueuse mise en scène de Agnès Arnau dans Lettres de délation sous l’occupation (Off) .

Festival ( IN ) Engagé !

Retenez bien ce nom ; Avec Lettres de délation sous l’ occupation, Agnès Arnau, signe, sur un sujet pourtant très exploité déjà, une adaptation talentueuse du livre d’André Halimi . Musique , bruitages de transition, mise en espace scénique, utilisation très intelligente des lumières, et puis belle direction et interprétation de l’acteur François Bourcier, servent une mise en scène d ’exception . Le spectacle nous ramène ce fait historique au présent, comme une paire de claques, ( la France avec la Hollande se disputèrent la palme de la délation durant la deuxième guerre mondiale ) , ici la compréhension du processus de délation est subtilement explicitée ...

Plus légère dans la forme, mais porteuse d’un message de dénonciation du simulacre marchand sur le fond, le travail des norvégiennes Toril Goksøyr et Camilla Martens, nous invite sous forme de clin d ’oeuil, á la réflexion . Imaginez sur la Vitrine d’une Chambre de Commerce et d’Industrie, une grande affiche publicitaire avec deux belles créatures pensives et cette légende au centre : " - ça serait bien de faire quelque chose d’ important ;

Quelque chose de politique ?

Très engagé dans la forme comme dans le fond, "L’ histoire de Ronald, le clown de McDonald’s", la proposition de Rodrigo García ( tirée de l’ouvrage du même nom ), nous projette dans un univers ultra-percutant et sarcastique (Allez lire un extrait du livre .

Les thèmes abordés, la boulimie de consommation, l’impérialisme, vous ramènent à une réflexion sur la mondialisation .

Le thème de la mondialisation est abordé également lorsque, Christoph Marthaler évoque dans son œuvre, la déroute de la compagnie Swissair ; Tout comme Dans "Daewoo" de François Bon, où le pitch se construit à travers la colère et de la fierté de quatre femmes licenciées, lors la fermeture des usines Daewoo de Lorraine. Le paradoxe veut que, dans la mise en scène signée Charles Tordjman, de "vrais chômeurs" montent sur scène, tandis que les intermittents, pourtant conviés par l’auteur, furent finalement refoulés au pot d’ après le spectacle .

Artistes et techniciens intermittents

Les artistes et techniciens intermittents, toujours aussi menacés n’ont pas fait de grève cette année et ont appris depuis plus d’un an de combat, à être plus inventifs ; á l’image de ceux qui avaient investi la villa médicis haut lieu culturel franco- italien, il y a quelques mois.
Cette année, en vente-même dans la boutique du festival, ils ont émis un T-shirt A(comme Abrogation du protocole, et expliqué au public et aux professionnels, leur combat au travers de cinq journées d’ action notamment .

Voici d’ailleurs,une synthèse d’informations amenées par Claude Attia, de la coordination nationale des intermittents .

Les grands médias détournent le système en utilisant,ce que l’on nomme des permittents : par exemple, 15 jours sont payés par l’employeur et puis 15 jours sont payés par les assedic ;Les entreprises abusant du système sont : tf1, france 2 et france 3, canal +, m6, arte, radio france, le spectacle du puy du fou, le prestigieux opéra bastille et puis aussi des boites de production comme endémol, spécialisée dans la production d’émission de Tv-réalité, et la liste est longue encore...

Le fait que beaucoup de médias abusent du système ( même si certains contrôles commencent à être effectués), explique aussi pourquoi l’ action des intermittents est souvent "criminalisée" dans les médias et aussi, la difficulté de transmettre leurs arguments au grand public !

Claude Attia mets l’accent sur la démarche constructive des intermittents,et les énumère : -une expertise indépendante et contradictoire sur les chiffres de l’ unedic, -une enquête sociologiques sur les pratiques artistiques, -un nouveau modèle de régime d’assurance chômage des intermittents ( mutualiste et en accord avec les pratiques artistiques réelles ), - le lancement d’ un grand audit national et enfin, -l ’ édition des brochures techniques explicitant au personnel et intermittents, les conséquences nouveau protocole.

Enfin, Claude Attia rappelle quelques chiffres éloquents : en juin 2003, le Medef parle d’un déficit 828 millions d’ euros ( chiffre largement relayé dans les médias et devant justifier la création d’un nouveau protocole ), alors que selon la cour des comptes, le déficit serait de 223 millions d ’euros, seulement ...

370 millions d ’ euros d’économies sont prévues et annoncées par l’ Unedic grâce á la mise en place du nouveau protocole.

Parallèlement, il faut rappeler l’obtention d’aides et de fonds d’ urgence successifs : de 30, de 20, puis enfin de 80 millions d’euros, soit 130 millions d ’euros en plusieurs fois.
Dernier rebondissement, Gauthier Sauvagnac (représentant du Medef dans les Assedic ) annonce récemment, seulement une économie prévisionnelle du nouveau protocole, de 20 millions d’euros sur 2004 ! Faites le calcul : au total 90 millions d ’euros perdus, pour 370 millions d’euros d’économies annoncées !

De plus, comme le nouveau protocole des intermittents, écarte un bon nombre d’artistes et techniciens qui pour certain ne peuvent que se tourner vers le RMI ; L’économie obtenue chez les intermittents va peser sur le RMI ; la collectivité gagne-t-elle réellement de l’argent ?

Autre interrogation, comment quantifier financièrement le rayonnement culturel de la France á l’étranger, et les pertes occasionnées par l ’ annulation de plusieurs festivals, l’an dernier ? ...