On ne meurt pas quand on a 19 ans !

On ne meurt pas quand on a 19 ans !

J’ai toujours pensé mourir à 19 ans. J’en ai maintenant presque dix de plus. Alors que faire ? Devenir quelqu’un d’autre ? Prendre une fausse identité d’adulte. Rester adolescent. Me faire tatouer « No Futur » sur le bras n’a plus aucun sens. Mon futur est en marche. On dirait une mauvaise publicité pour une assurance vieillesse. Quand je regarde Robert Smith j’ai foi en « le jeune » que je suis.

Ma vie courante est un rappel de sirops sucrées de ma provenance. A l’heure ou je tape ces mots, je poursuis assidûment la lecture de comics book, les titres les plus navrants et les plus bas de gammes comme « Spider-Man » ou « Batman ». Mon libraire me regarde affligé échanger trois Panini virtuelles contre une carte de Dijimon réel.

J’essaye de faire du truc avec la collection complète de France 86 avec Platini en tzar contre la nouvelle version d’Olive et Tom. Je ne grandis pas et pourtant tout le monde tente à me considérer comme un vieux con. Les fonds de pensions me font du tord, mais je ne deviendrais jamais vieux.

J’aime re-écouter mes 33 tours et j’en éprouve la même délectation qu’aux premiers microsillons tournés dans ma jeunesse. Bien sur le confort me fait favoriser les lasers. Le mode « aléatoire » n’existait pas lors du premier hit de « Il était une fois ».

Mon emploi du temps prévois des rendez-vous avec d’éminents membres de ma scolarité ratée. Nous évoquons à tour de crayons bic, de malabar gout naturel et sans nous en offusquer l’ancien temps. Le bon temps. Pourtant, il ne fait rien à l’affaire, quand on est con, on est con. C’est pas de moi, c’est d’un vieux con mort avant l’heure.

Je n’ai pas d’enfants. Je n’aime pas les réduits de nous mêmes. Ma stupidité et mon égoïsme pour les uns, mon innocence et ma candeur pour ma mère, font que je ne procréais qu’avec un préservatif qui fait le jingle de « L’ile aux Enfants » quand je lime. Comment accepter qu’un têtard minuscule vienne troubler ma vie princière ou le centre du monde est mon ombilic ! Impossible.

Je ne chéris pas les femmes. Je ne poursuis que les filles. Au dessus de la barre fatidique de 25 ans j’abrège la conversation et leurs raconte une fausse représentation. Elles auront 20/20.

J’ai fais des études qui me permettent d’écrire. Comme je veux. Quand je veux. Sur les thèmes que je souhaite spritcher d’une encre indélébile ou d’un feutre gros comme le pouce de mon père. Personne n’a le droit de juger. La polémique est fatigante. Les gens n’ont toujours pas compris que les magazines sont ludiques mais brouillons. Que l’on jette ce que l’on a écrit un jour pour le laisser se tasser dans la corbeille en papier de nos erreurs.

On généralise sur un confrère, on lui lance la balle au prisonnier pour qu’il se taise. Le Forum croit pouvoir de sa sagesse incommensurable ou sa jeunesse insondable connaître le fond du problème, mais liberté d’_expression est un mot de toute génération.

Je ne veux pas décliner et pourtant tout m’y pousse. Comme hanter par cette obligation de moisir, je me tartine de crèmes anti-age. Je perçois le rire goguenard des monarques de quinze ans, j’ai bien peur que les trentenaires, d’ici 5 ans, n’aient plus aucun respect pour ma personne de jeune.

Laissez donc dire ce que l’on veut sur presque tout. Ouvrez vos volets et voyez le printemps. Rien n’est véritablement important face à la vie. Un début. Une fin. Regardez-moi,

j’ai l’impression de mourir depuis mes 19 ans et ce qui me fait le plus mal, c’est que tout le monde s’en fout.