Jean-Paul Gaultier n’est plus Jean-Paul Gaultier !

Jean-Paul Gaultier n'est plus Jean-Paul Gaultier !

Tonie Marshal a filmé Jean-Paul Gaultier pour Arte et pour moi c’était vraiment la chose hype à ne pas louper.
J’ai suivi, compris, porté Gaultier depuis ses débuts. Il avait cette audace et cette créativité que le monde entier lui enviait. Un personnage haut en couleur comme dans ses créations. Etre gay est forcément associé à la tendance, cela tombait bien pour lui. En plus il était libre.

Le plus remarquable c’est quil laissait s’exprimer dans ses créations sa part féminine sans qu’on puisse ressembler à des putes lorsque l’on avait envie d’être séduisante et belle et désirable.

Il était pour notre fin de siècle ce que Coco Chanel avait été pour le début.
Il était en avance, ingénieux, entouré du gratin artistique, d’une cour qui ne tarissait pas d’éloge sur lui. Pas très étonnant qu’il a su imposer le style Gaultier et créer des standards qui ornent encore nos placards. Il a bouleversé avec ses audaces en puisant dans les souvenirs de chez Mamie Gaultier les codes ringards de ses confrères fashion.

Il est vrai qu’un corset ou une guêpière sont les chef d’œuvre d’un couturier. Et les faire aborder par Madonna était très malin, très vendeur aussi. Il nous a habillé comme la petite fille ou femme qu’il aurait rêvé être. Laissez mouvoir son corps dans des matières souples ou nobles, des coupes classiques revisitées par son œil merveilleux pour rester dans les plus belles créations de la Haute Couture. Jouer dans ses collections sur la merveilleuse androgynie ou l’on pouvait passer nos basiques Gaultier à notre mec. Supprimer en quelque sorte la sexualité du vêtement.

Il a habillé les films, mis en costume des vedettes comme Chanel l’avait fait cinquante ans avant, prolongeant cette tradition du septième Art avec talent.
Il avait une intelligence hors du commun qui se lisait simplement en regardant ses ouvrages qui finissaient par ressembler à des œuvres d’art en mouvements.

« Enfant Terrible », c’était le plus bel hommage qu’on pouvait lui faire.
Et là, j’ai vu Jean-Paul Gaultier comme l’ombre de lui-même, une copie fatiguée d’YSL. Le stress de quelqu’un qui courait après sa gloire d’antan, qui survivait sur des acquis et une gloire passée. Un ex révolutionnaire du textile et du style qui ne croyait plus à ses luttes, qui ne gouvernait plus ses patrons.

Ce documentaire finalement apparaît comme justification malsaine, même si Jean- reste un créateur.

JP tu es bien plus que cela, bien plus que cette image surannée de toi fixée par la réalisatrice, libère donc la bête qui est en toi et reprends enfin ta place d’électron libre, de Peter Pan du pays imaginaire de l’étoffe.
Jean-Paul on t’aime vraiment ici au Mague, alors s’il te plait projette-nous encore tes fantasmes de latex ou de soie, habille-nous de tes transhumances de l’esprit. Notre peau est en manque de tes audaces.