Cannibales Story

Cannibales Story

Lorsque l’on ouvre un livre de Martin Monestier, il y a un rituel immuable. Toutes ses encyclopédies originales, fantaisiste, étranges, obsessionnelles, mais érudites et toujours pertinentes, sont irrémédiablement dédiées à sa femme Donia.
Dans le cas précis de son ouvrage intitulé « Cannibales, histoire et bizarreries de l’anthropophagie hier et aujourd’hui », si j’étais la belle Donia, je me poserai peut-être des questions. Par exemple celle-ci « Suis-je la dédicataire parce que mon mari m’aime ou parce qu’il va tenter de me manger toute crue après avoir étudier de si prêt le cannibalisme et autres déviations associées, dans un ultime rite pervers ? »

« Un cannibale est un type qui va dans un restaurant et qui commande le serveur » Jack Benny.

Il faut dire qu’il y a une cabale cannibale dans nos vies, ils sont partout. Depuis nos contes de jeunesse où les ogres mangeaient les enfants, jusqu’à aujourd’hui lorsque Hannibal Lecter est un des grands vainqueurs du box office cinématographique à chacun de ses forfaits, et que les faits divers traitant de ce sujet inhumain font toujours grande audience.

Ces histoires de cannibales doivent toucher quelque chose de très profond en nous, qui à la fois nous horrifie et nous fascine, qui en tout cas fait partie de notre histoire. Parfois on mange de l’homme par défaut, en cas de nécessité grave lorsque l’on se retrouve naufragé sur une île ou sur une montagne et que l’on attend des secours, ce qui est presque une attitude normale. Mais à côté de cela, il y a de véritables grands malades qui sans nécessité vitale et par on ne sait quel dérangement mental n’éprouve aucune sorte de répugnance, mais au contraire un plaisir rare, à bouffer du cadavre atrocement mutilé par leurs soins experts. Car une jambe ne se découpe pas n’importe comment, un œil ne se gobe pas hasard, il y a des méthodes et vous saurez tout dans les moindres détails dans ce livre fort documenté.

Monestier décrit aussi des cas de cannibalismes involontaires. Des histoires véridiques où des gens comme vous et moi font confiance à leur boucher et qui un jour découvrent que celui-ci a été mis en prison pour assassinats multiples et leur a refilé des cuisses d’humains pour votre repas de réveillon.
Oui, le cannibalisme n’est ni un mythe ni un fantasme et Monestier en écrit l’encyclopédie scrupuleuse qu’il ne faut, certes, pas lire juste avant de passer à table. Rien n’est oublié dans le cannibalisme politique en passant par le cannibalisme adapté à telle ou telle religion.

Ce rite de mort fait partie intégrante de nos vies, il a ainsi accompagné tous les siècles. Les tueurs en série cannibales ne sont pas un mal moderne, on mange de l’humain à toutes le sauces depuis la nuit des temps. Comme toujours chez Monestier à partir d’un mot, d’une particularité, d’une déviance ou d’une partie du corps, il dresse un panorama complet du phénomène tabou.
Ce qui est formidable avec Monestier c’est qu’il traite avec la rigueur d’un universitaire des sujets qui effrayeraient tout docteur ou habilité à faire des travaux de recherche. Il faut remercier officiellement notre exégète du bizarre de faire ainsi notre éducation de manière aussi argumentée. Après la lecture de ce livre vous voilà parés pour briller dans les soirées mondaines ou les cocktails. Vous pourrez par exemple glisser à votre voisin de tablée à un dîner chic que lorsqu’on brûle un cadavre, il ne faut jamais oublier de lui avoir préalablement bouché l’anus, c’est un détail assez trivial mais qui vous évitera bien des désagréments..

De plus ce livre améliorera votre ordinaire, puisqu’il est formidablement bien fournie en recettes gastronomiques des plus délicates et goutteuses. Un beau cadeau à offrir pour les fêtes. Un livre de cuisine, même si elle est faite de corporelles fait toujours son effet sur une ménagère qui a du savoir vivre (ou survivre).

« Cannibales, histoire et bizarreries de l’anthropophagie hier et aujourd’hui », Martin Monestier, Le cherche Midi, 2000, 262 pages, 26 euros.

« Cannibales, histoire et bizarreries de l’anthropophagie hier et aujourd’hui », Martin Monestier, Le cherche Midi, 2000, 262 pages, 26 euros.