Internet est-il un facteur de polarisation de la société ?

Internet est-il un facteur de polarisation de la société ?

Une nouvelle étude de Chicago Booth indique qu’Internet est plus diversifié d’un point de vue idéologique que les journaux papier ou les rencontres interpersonnelles

Mai 2010. Une nouvelle étude de Matthew Gentzkow et Jesse M. Shapiro, Professeurs à l’université de Chicago Booth School of Business, évalue dans quelle mesure la consommation d’informations sur Internet est marquée par la ségrégation idéologique. Elle compare ségrégation en ligne et ségrégation dans les médias traditionnels et les interactions plus traditionnelles, en face-à-face.

Cette étude porte un regard nouveau sur l’effet « chambre d’écho », selon lequel nos croyances individuelles seraient renforcées par l’écoute ou la lecture d’idées similaires. Si nous aimons voir nos préjugés confirmés, Internet, en offrant la possibilité de personnaliser les médias en ligne et donc d’afficher uniquement les histoires qui nous intéressent, pourrait nous isoler dans nos croyances, avec au final un effet de polarisation de la société.

L’étude menée par Gentzkow et Shapiro, intitulée « Ideological Segregation Online and Offline », démontre le contraire. Selon les deux chercheurs, rien ne prouve qu’Internet accentuerait la ségrégation idéologique au fil du temps ; au contraire la ségrégation idéologique des internautes est plus faible que chez les lecteurs de journaux nationaux. En outre, l’étude indique que les échanges sur Internet sont bien plus diversifiés idéologiquement que d’autres formes d’échanges plus anciens, tels que les discussions entre collègues. Il est donc plus probable de rencontrer des opposants politiques en ligne que dans la rue.

L’étude révèle également que les internautes se rendent très régulièrement sur de grands sites, relativement centristes, tels que AOL ou Yahoo News, mais surfent aussi en grande partie sur des sites qui ne reflètent pas nécessairement leurs affinités politiques, sortant ainsi fréquemment de leurs groupes d’appartenance. En d’autres termes, Internet est loin d’être cloisonné et les internautes, curieux, recherchent la confrontation d’idées.

L’étude, qui reprend des outils utilisées pour mesurer la ségrégation raciale aux Etats-Unis, se concentre avant tout sur le comportement des individus sur Internet. A partir d’un échantillon constitué de journaux et de sites Web, les chercheurs ont mesuré la dimension conservatrice de chaque média, c’est-à-dire la proportion des lecteurs qui se disent de tendance « conservatrice ». Ils ont ensuite mesuré la proportion conservatrice moyenne des médias visités.

Par exemple, si nytimes.com est le seul média consulté par un lecteur, son exposition est définie par la dimension conservatrice du site nytimes.com. Si le lecteur consulte à la fois nytimes.com et foxnews.com, son exposition est la moyenne des dimensions conservatrices de ces deux sites.

L’étude complète « Ideological Segregation Online and Offline » est disponible sur demande.

A propos de l’University of Chicago Booth School of Business

L’University of Chicago Booth School of Business est l’une des « business schools » les plus prestigieuses au monde. Faculté « leader » incontestable et incontestée, elle se classe très régulièrement parmi le top dix et fréquemment parmi le top cinq des plus grandes écoles. Cette Faculté englobe bon nombre de disciplines prestigieuses et les diplômés issus de celle-ci occupent des postes stratégiques aux Etats-Unis et dans le monde entier. La « Chicago Approach to Management Education » se distingue par la façon dont elle accroît la connaissance fondamentale, par sa rigueur et sa capacité d’adaptation aux challenges entrepreneuriaux. L’école propose des programmes MBA à temps pleins ou partiels, un doctorat en administration (Ph.D.), une formation librement accessible et destinée aux futurs cadres et dirigeants (« open enrolment executive education ») et une formation personnalisée (« custom corporate education »). Basée à Chicago, la Booth School of Business possède deux autres campus à Londres et Singapour. Les effectifs sont actuellement les suivants : 1 100 étudiants en MBA temps-plein, 1 900 à temps partiel, dont 90 sur le Campus de Londres et 110 étudiants en doctorat d’administration (Ph. D.). Par ailleurs, six membres de la Faculté ont été récompensés par des prix Nobel d’économie. Parmi les élèves les plus prestigieux, on peut citer entre autres James A. Rasulo, Senior Executive Vice Président de The Walt Disney Company, Bart Becht, PDG de Reckitt Benckiser plc, Brady Dougan, PDG du Crédit Suisse et David Booth, fondateur et co-PDG de Dimensional Fund Advisors. L’école porte son nom depuis 2008.

www.chicagobooth.edu