Vive la sociale avec le festival Pico y Pala à Paname du 5 au 11 avril 2010

Vive la sociale avec le festival Pico y Pala à Paname du 5 au 11 avril 2010

Oh joie ! J’ai interviewé via les arcanes de la toile, Lola membre du collectif de diffusion Pico y Pala qui organise du 5 au 11 avril à Paname le festival (16 films, 3 concerts et 1 pièce de théâtre) concernant l’Argentine qui se bouge les tripes, proteste et invente de nouveaux rapports fraternels autour de thématiques qui nous concernent toutes et tous. Ce pont dressé au-delà des continents nous ouvre des lucarnes pour les luttes de tous les jours. Soyez nombreuses et nombreux à participer à ce festival unique et très riche en diversités et propositions concrètes. Encore bravo à toute l’équipe de Pico y Pala. Longue vie à leur festival et que la fête commence !

Le Mague : Bonjour Lola, peux-tu te présenter en quelques mots à nos lectrices et lecteurs ?

Festival Pico y Pala : Une personne qui tente d’avoir les yeux ouverts.

Le Mague : Comment vous est venue cette idée d’un festival consacré durant une semaine à Paris, à l’Argentine qui proteste et invente ?

Festival Pico y Pala : L’idée est née de différentes projections organisées en 2009, et de quelques longs séjours en Argentine, où nous avons connu des groupes de documentaristes qui organisent des festivals dans le même esprit. Nous avons envie de diffuser un cinéma de contre-information, particulièrement dynamique de l’autre côté de l’Atlantique, pour sensibiliser les publics à des thématiques sociales et politiques locales et proposer une autre utilisation de l’outil cinématographique. Au-delà de projections ponctuelles, l’idée était de créer un événement d’une certaine ampleur, qui puisse avoir des répercussions en France comme en Argentine.

Le Mague : Quels sont les principaux thèmes abordés ?

Festival Pico y Pala : Nous nous centrons cette année sur les occupations de terres et le problème du logement, la résistance des peuples indiens, la réappropriation de l’espace public, la traite des femmes, la justice des disparus de la dictature, les luttes des travailleurs-chômeurs, et enfin les crimes socio-environnementaux, avec le cas de l’exploitation des mines et du soja. Nous abordons un thème par soir, avec films et débats, pour bien comprendre les enjeux de chacune de ces problématiques. En clôture du festival, nous organisons une table ronde pour tisser des liens entre ces mobilisations, et les mettre en perspective avec d’autres exemples latino-américains et français.

Le Mague : Pourquoi avoir choisi comme support principal du festival des documentaires argentins et presque pas d’oeuvres de fiction ?

Festival Pico y Pala : Cela correspond à la production engagée là-bas ! Très peu de cinéastes choisissent la fiction comme support de témoignage et de dénonciation. C’est un choix intéressant qu’il faut questionner à la lumière de leurs objectifs : quel est le format le plus adapté pour faire passer leur message ? Nous avons réservé un soir entier à une œuvre de fiction pour permettre aux spectateurs d’y réfléchir aussi. D’autre part, cela correspond à notre volonté de diffuser aussi des vidéos de télévisions alternatives et communautaires, qui n’adoptent pas le registre fictionnel.

Le Mague : Tu peux nous parler des trois concerts et de la pièce de théâtre ?

Festival Pico y Pala : Pura música argentina, du folklore au tango, aux airs populaires des campagnes et des faubourgs de Buenos Aires… nous accueillons de très beaux artistes argentins, qui transmettent une énergie fondamentale dans leur musique. La pièce de théâtre sera interprétée par une jeune compagnie talentueuse et engagée, le Théâtre de l’Ordinaire, qui vient spécialement de Lille à Paris pour le festival. Nous sommes fiers et heureux de pouvoir travailler avec eux !

Le Mague : Quels sont les apports des débats aux films et qui seront les intervenants ?

Festival Pico y Pala : Les débats qui suivent les projections sont fondamentaux pour plusieurs raisons : l’espace et le temps offerts au spectateur pour penser le film, après la projection, lui permet de se l’approprier et d’en être acteur. Nous refusons d’amener un film seul, pour qu’il soit oublié un quart d’heure plus tard, noyé dans le flot d’images quotidien. Non, nous prenons le temps d’être ensemble et d’en parler. Ainsi le processus de création du film est bouclé. Pour nous assurer que les enjeux des films ont été entendus, nous invitons des personnes qui souhaitent apporter un éclairage sur les questions soulevées : universitaires, acteurs sociaux, membres d’associations, et « amateurs » (dans le sens de « celui qui aime »).

Le Mague : Quels sont les lieux qui accueillent le festival ?

Festival Pico y Pala : Nous voulions au départ un éclatement géographique des lieux de projection, pour diversifier au possible les publics/quartiers/lieux. Finalement, le vent nous a amené dans le nord-est de Paris, ce qui n’est pas un hasard ! Nous sommes accueillis par des lieux qui font un beau travail de proximité : le Théâtre de Verre et Ecobox (18e) la Coordination des Intermittents et Précaires (19e), le Bar-restaurant Le Lieu Dit et le centre socio-culturel Archipélia (20e), et le squat La Suite (13e).

Le Mague : Quels sont les partenaires du festival ?

Festival Pico y Pala : L’idée a vraiment été de faire un festival en collaboration avec d’autres collectifs, autant dans le travail d’organisation que dans la prise de parole au sein du festival. Nous sommes donc en partenariat avec le CALPA (Comité de Soutien aux Luttes du Peuple Argentin), H.I.J.O.S Paris, qui soutient les procès aux tortionnaires de la dictature argentine, et D’un Plateau à l’autre, collectif spécialisé dans la thématique des mines à ciel ouvert, du Larzac à La Quebrada de Humahuaca (Nord-Ouest de l’Argentine). Au sein du festival, nous donnons en plus la parole aux représentants de Tierra y Libertad para Arauco, des Amis du Bus des Femmes, de la CGT Philips de Dreux, et de Areva ne fera pas la loi au Niger. Toutes les associations ou collectifs intéressés sont bien entendus invités à participer aux débats.

Le Mague : Peux-tu nous expliquer comment procède ton festival pour proposer des entrées à prix libre ?

Festival Pico y Pala : Nous nous autogérons en grande partie grâce à des dîners associatifs et au soutien de nos proches. Nous avons pu obtenir cette année une petite aide du département de la Seine-Saint-Denis, où résident trois membres du collectif.

Le Mague : Q’est-ce qu’on y dégustera de « typique » lors des buffets ?

Festival Pico y Pala : Nous proposerons des mates et un grand asado (barbecue) le dimanche. Le vendredi soir, l’équipe du Lieu-Dit proposera un dîner argentin avec empanadas (chaussons fourrés à la viande). Rien de très typique malheureusement pour les autres soirs, sauf si on considère que la pizza est un plat populaire argentin, ce qui est loin d’être faux !

Le Mague : Quels sont vos autres projets ?

Festival Pico y Pala : Nous allons tout mettre en œuvre pour réitérer l’expérience l’année prochaine, et si le public se montre intéressé et solidaire, nous avons très envie d’élargir le champ d’action à l’Amérique latine entière.

Le Mague : Si tu as quelque chose à rajouter, surtout ne te gène pas !

Festival Pico y Pala : Le festival est tout à fait ouvert à chaque personne qui souhaiterait participer à son organisation, et les films sont à la disponibilité de tous pour les diffuser. Un catalogue est en ligne sur notre site http://picoypala.canalblog.com. N’hésitez pas à nous contacter !

L’article que Paco a consacré à ce fameux festival sur le Mague : www.lemague.net/dyn/spip.php?article6950