Bal-Trap

Bal-Trap

Créée au Guichet Montparnasse en 1990 par Xavier Durringer, auteur de nombreuses pièces de théâtre, Bal-Trap renaît vingt après dans une alerte mise en scène d’Eve Weiss. Une pièce férocement drôle sur l’amour et le désamour…

La pièce :

C’est la fin d’une nuit après un bal, Gino et Lulu reviennent à l’endroit où ils se sont vus et aimés pour la première fois. Ils sont en pèlerinage pour sauver leur couple.
Bulle attend son homme qui ne vient pas, Muso l’accoste. Après un jeu de chat et de souris, l’amour les attrape… C’est l’histoire de deux couples, l’un est en fin de parcours et l’autre naissant sous nos yeux. Mais au fond, que cherchent-ils vraiment ?

Dans une note de mise en scène, la metteuse en scène Eve Weiss commente ainsi la dualité qui caractérise Bal-Trap :

« La situation est simple : au même endroit, un couple se sépare, un autre se rencontre ; un amour naît et un amour se meurt. Les deux couples sont les deux facettes de la relation amoureuse. Lulu et Gino sont la face sombre [….] ; Bulle et Muso sont la face lumineuse […]. »

Bal-Trap, qui oscille constamment entre comédie et drame, se révèle une pièce très drôle. Les comédiens, excellents, surfent sur la petite scène du Guichet Montparnasse au décor de kermesse illuminée, semblant tout droit sortis d’une réalisation du cinéma populaire des années cinquante. Il y a là Gino, grande gueule à l’allure de rockeur, tendre et emporté ; Lulu, son alter ego, un brin hystérique et harceleuse ; Bulle, pauvre et bonne fille cataloguée par son entourage comme « salope » et Muso, pince-sans-rire, à la fois indécis, rentre-dedans et philosophe à ses heures de drague.

La rencontre loufoque entre ces quatre personnages nous offre là de savoureux dialogues comme ceux entre Gino et Muso, parlant de tout et de rien, plongés ridiculement dans une situation d’attente indéterminée. Dans cette pièce brève mais riche en rebondissements, chaque nouveau petit évènement est traité de façon amusante, un peu comme s’il s’agissait d’un speed dating à l’issue duquel les participants attendraient religieusement – et sans aucune garantie - le résultat de leurs mises/investissements émotionnels.

Quant au Musicien, qui joue du violon, il se révèle vite le cinquième personnage clé de Bal-Trap. Très présent sur scène, notamment par sa trop grande discrétion, il pourra être perçu selon le spectateur comme un voyeur, un poète, un médium ou les trois à la fois… Muni de son archer, tantôt vibrant, tantôt hésitant, il tente d’exprimer musicalement toute l’agitation, autant physique que verbale, de ses personnages – surtout celle de Gino et Lulu, écartelés entre roucoulades nostalgiques et crispations no future. D’ailleurs, l’un des personnages (Gino) de Bal-Trap, semblant répondre involontairement au Musicien, lance un tonitruant « Tout ça, c’est des chansons », quand il ne beugle pas un furieux « tu m’arraches ! » à Lulu.

Dans une mise en scène des plus rythmées, Eve Weiss fait évoluer en un étourdissant flot verbal ses quatre personnages flirtant avec le pathos - des personnages à la fois très simples et très compliqués. Bal-Trap, pièce terriblement nerveuse, rue souvent dans les uppercuts. Sa dernière partie offre même un surprenant climat lyrique et baroque. Les comédiens occupent l’espace scénique - encombré de bougies -, happés par un amusant imbroglio autour du mariage de Gino et Lulu. A travers cette dernière pirouette, le spectateur peut déceler l’aspect symbolique et incantatoire de Bal-Trap.

durée : 1 h 15

Bal-Trap

Texte : Xavier Durringer
Mise en scène : Eve Weiss

Avec Laurent Collard, Letti Laubies, Christophe Petit, Caroline Rivet et le musicien, Séverin Dupouy

Du 17 mars au 15 mai 2010
Du mercredi au samedi à 20 h 30 (relâche dimanche, lundi et mardi)

Au Théâtre Guichet Montparnasse

15 rue du Maine – 75014 PARIS
métro : Gaîté / Montparnasse Bienvenue / Edgar Quinet

www.guichetmontparnasse.com

photos Sophie Anita