Un grand chèque pour la mairie de Rouen

Un grand chèque pour la mairie de Rouen

En 2009, pour appeler à une manif anti-EPR à Dieppe, les antinucléaires normands avaient collé quelques affiches dans les rues de Rouen. La mairie socialiste de la ville leur a envoyé une facture de 60€ au titre de la lutte « contre l’affichage publicitaire sauvage » !

Affiches et autocollants font partie de la panoplie de tout bon militant de toute bonne démocratie. L’été dernier, armés de seaux gluants de colle et d’un paquet d’affiches couleur soleil, les antinucléaires annonçaient la manifestation qui allait se dérouler le 28 juin 2009 contre l’implantation d’un EPR soutenue par une coalition régionale PCF-PS-UMP.

Cet acte banal ne plaît pas du tout à la Ville de Rouen qui, pour quelques « affichages publicitaires sauvages » (sic) sur la voie publique (une poignée de petites affiches et un autocollant), a envoyé aux militants antinucléaires une facture de nettoyage de 60€. Première question : depuis quand assimile-t-on la liberté d’expression à de la publicité ?

« Comme nous sommes un bon collectif, docile, obéissant et respectueux des lois et réglementations, nous allons payer », explique avec humour Alain Corréa du collectif Stop EPR Ni à Penly ni ailleurs, groupe membre du réseau Sortir du nucléaire. Les antinucléaires se rendront donc à la mairie le jeudi 28 janvier, à 10h30, pour remettre un chèque... de 120 centimètres sur 80 ! Tous les sympathisant(e)s sont cordialement invité(e)s à participer à ce rendez-vous.

Ce n’est bien sûr pas la somme qui pose problème. D’une part, les antinucléaires veulent souligner le manque d’espaces d’expression libre à Rouen. D’autre part, ils protestent contre le matraquage nucléopathe martelé à longueur d’année par EDF et le lobby pro-nucléaire via les médias et le mobilier urbain. Une pollution qui, ajoutée aux autres campagnes publicitaires, défigure véritablement l’espace et ratatine les cerveaux. De quoi énerver quelques déboulonneurs…

Enfin, les antinucléaires s’interrogent sur « l’inconscience et le silence » de la municipalité dirigée par la députée-maire socialiste Valérie Fourneyron qui ne lève pas le petit doigt quand un train de déchets nucléaires destinés à la Russie stationne pendant trois jours dans la gare de Sotteville-les-Rouen. Les wagons repérés entre le 30 novembre et le 4 décembre 2009 contenaient, selon Greenpeace, une trentaine de cuves d’hexafluorure d’uranium (US6) et neuf conteneurs d’U308, une forme stable d’uranium destiné au stockage.

En résumé, les nucléopathes peuvent acheter d’immenses espaces publicitaires et laisser leurs déchets radioactifs se balader en paix. Dans le même temps, les antinucléaires qui collent une poignée d’affiches sont traités comme des délinquants. Selon que vous serez puissant ou misérable… Bref, méfiez-vous des politiciens qui aiment un peu trop les murs propres et muets.

Retrouvez l’actualité antinucléaire sur le site du réseau Sortir du nucléaire.