Allan Dwan en coffret de 7 films, j’hallucine Justine !

Allan Dwan en coffret de 7 films, j'hallucine Justine !

Vous connaissez Allan Dwan ? Non pas encore ? ! Ce coffret vous convie à découvrir 7 grands classiques de l’âge d’or d’Hollywood à ne pas feindre votre plaisir dans l’huile de coude. Westerns, aventure, film noir, il a tout passé à la moulinette du Technicolor.

Etonnant Allan Dwan ( 1885 / 1981) cinéaste hollywoodien et pionnier du septième art à qui l’on doit environ 275 films dont les fameux Robin Hood (Robin des bois) et The Iron Mask (Le Masque de fer) dans les années 20 avec Douglas Fairbanks muet mais si présent à l’écran !

Le présent coffret édité par Carlotta met l’accent sur la série de 7 films d’actions tous produit par Benedict Bogeaus pour la RKO entre les années 1954 et 1956 dont 4 westerns : Quatre étranges cavaliers, Tornade, La Reine de la prairie, Le mariage est pour demain / 1 film noir : Deux rouquines dans la bagarre et deux films d’aventure : Les Rubis du prince birman, La perle du Pacifique sud. Les conditions pécuniaires drastiques des tournages dans un lapse de temps épuré de trois semaines environ souvent dans des décors de carton pâte, avec une équipe réduite, Dwan relate sa principale qualité dans la série d’entretiens qui émaillent les suppléments au coffret « d’avoir respecté le budget ». Il qualifie selon toujours selon ses critères économiques la prestation pourtant fameuse de John Payne qu’il considérait médiocre puisqu’ « il ne drainait pas assez de public dans les salles ».

Au lieu des nanars attendus, quoique pour les deux films d’aventure … il s’en tire fort bien avec les westerns et le film noir. Sans pouvoir être comparé à Raoul Walsh, John Ford ou Cecil B. De Mille il vise pourtant dans le mille Emile, en engageant à deux reprises un certain Ronald Reagan dans deux rôles

qui ne dérogeront pas son caractère très réactionnaire de futur homme politique et président des Etats-Unis, dont le regretté Frank Zappa fera mouche avec humour et constance. Quel dommage qu’il n’est pas percé plutôt dans la carrière de cow-boy neuneu, il nous aurait épargné bien des tracas.

Dwan cumulant tous les handicaps sait reluire le tableau des scénarios et ses histoires se passent de commentaire. Elles tiennent la route et donnent à passer un moment d’émerveillement si l’on n’est pas trop regardant à la simplicité explicite de ses romances. Ses thèmes tournent autour de l’amitié, la corruption, l’amour, l’honneur et l’injustice.

Quatre étranges cavaliers est un pur chef d’œuvre du genre. Le premier bon point, Reagan pointe absent son ceinturon. Ouf ! Tout repose sur les symboles, vous pensez bien, le jour de la fête nationale Dan Ballard (joué par l’excellent John Payne) est sur le point de se marier avec la fille du plus riche notable du bled, lorsque l’agent fédéral Mc Carthy et ses trois adjoints viennent interrompre la cérémonie. On l’accuse, il y a dix ans, d’avoir volé 20 000 dollars et tué dans le dos le frère de Mc Carthy. Ballard demande et obtient deux heures de répits. Histoire d’homonyme, sans être engagé politiquement, l’occasion était trop bonne pour Dwan d’égratigner au passage le sénateur Mc Carthy et ses iniques mesures contre les intellectuels et créatifs soupçonnés de collusion avec l’ennemi extérieur : l’URSS. Ballard au début du film est apprécié par toute la population de part son accession sociale. Mc Carthy en tant que grand inquisiteur, avec finesse et concours de circonstance réussit à renverser la vapeur et Ballard n’a d’autre choix que de prendre les armes pour sauver sa peau. La populace lâche et bernée (pléonasme) participe à la curée. L’extrême tension soutenue par des plans séquences et le magnifique travelling qui suit à la trace la traque de Ballard peut nous réjouir et Dwan peut bien se targuer de jouer dans la cour des grands réalisateurs de western.

Tornade se situe en Californie sous domination mexicaine sans encore Zorro. C’est la vengeance d’un cow-boy au grand cœur contre le proprio qui porte la responsabilité du meurtre de sa famille. Là encore malgré la légèreté de l’être du scénario, en définitive avec maestro technique (travellings et panoramiques magnifiques), Dwan s’en tire très bien. De plus, à quelques années près, on s’attendrait presque à voir débarquer Clint Eastwood, le cigarillo entres les dents d’un air nonchalant, tout droit des cartons de son vieux Sergio Leone.

Barbara Stanwick (Sierra Nevada) est La Reine de la prairie et le parc du Glacier dans le Montana le second héros. Reagan malgré ses efforts fait tâche dans le paysage grandiose. Sierra est de retour avec son père et son troupeau au pays pour réclamer ses terres. Durant la nuit les Indiens Pied-Noirs massacrent le paternel et adios le troupeau et la fille qui tombent entre leurs mains. Adios carton pâte et à nous les grands espaces qui nous régalent les mirettes.

Le mariage est pour demain, entre un John Payne (Tennessee) joueur de poker professionnel et arnaqueur qui se donne beaucoup de peine à côtoyer un Reagan penaud, la mariée n’est autre que Rhonda Flemming (Duchesse) toute en rondeur et rousse flamboyante, tenancière d’un bordel maquillé en salon de mariage. A votre avis qui voudrait épouser la Duchesse ? Tennessee, encore heureux la morale yankee est sauve ! Tombé dans un piège par un joueur ruiné, Tennessee se lit d’amitié bien malgré lui (on le comprend) pour Reagan. On frôle à plusieurs reprises le film de genre gangster et la babiole des fariboles. Manque de bol, j’adore la Rhonda et je suis prète à tout lui laisser passer !

Mon préféré : Deux rouquines dans la bagarre, suprême adaptation du « seul mauvais roman de James M. Caine » dont Robert Blees génial scénariste a rendu compte l’érotisme à fleur de peau des deux héroïnes. Avec évidemment Rhonda toujours mise en valeur par sa plastique et carrément sensuelle qui joue la secrétaire particulière et la maîtresse d’un candidat à la mairie de Bay City. Elle accueille chez elle sa jeune sœur aux tâches de rousseur assorties à sa chevelure, Arlene Dahl qui me casse la dalle sur un autre registre, celui de la névrosée nymphomane et kleptomane qui sort de taule. Evidemment, la rivalité féminine va s’affirmer entre les deux bombes amorcées. Laquelle croquera vivant John Payne, un petit truand sans envergure qui désire prendre du galon et s’offrir du bon temps ?

La Perle du pacifique, de l’aveu même de Dwan était « une catastrophe ». Je compatis et n’ai pas envi de m’appesantir sur ce ratage même si de catastrophe en studio, Dwan avoue s’être beaucoup amusé à le tourner !

Les Rubis du prince birman, n’est pas non plus une perle précieuse à regarder précieusement. Film d’aventure par excellence avec comme son titre le laisse suggérer, tout le tralala des éléphants des bêtes styles gros chats sauvages par rock coco mais bien domestiqués et passés au maquillage.

En suppléments comme toujours chez Carlotta Films, des mets de choix pour chacun des films vous aurez droit à un dialogue entre Allan Dwan et Peter Bogdanovich lui aussi cinéaste, les bandes annonces et d’autres interviews concernant la carrière de Dwan par plusieurs de ses collaborateurs. Mais aussi, deux courts téléfilms : High Air (1956, 26 minutes en noir et blanc) avec les débuts à l’écran de Dennis Hopper et It’s always Sunday (1956, noir et blanc, 25 minutes).

Un mot sur les masters restaurés, c’est un travail d’orfèvre qui a eu lieu. Les couleurs reprenant les émulsions d’origine et pour le son, le mono passe sans aucun souci particulier.

Un coffret passionnant pour découvrir un auteur par trop souvent passé sous silence sous nos contrés et qui mérite pourtant le déplacement de nos quinquets à s’approprier son univers certes très souvent codé, mais du bel œuvre au final. Il a même ému Martin Scorsese c’est pour vous dire la rançon du succès ! : « Les meilleurs films de Dwan évoquaient des gens simples, des paysages bucoliques et l’Amérique rurale d’une ère révolue ».

7 grands classique de l’âge hollywoodien, Allan Dwan en 7 films (5 DVD), distribution Carlotta Films, novembre 2009, 49,99 euros

Quatre étranges cavaliers, avec John Payne, Lizateth Scott, Dean Duryea / 1954 / couleur / 77 minutes

Tornade, avec Cornel Wilde, Yvonne De Carlo / 1954 / couleur / 81 minutes
La reine de la prairie, avec Barbara Stanwick, Ronald Reagan / 1955, couleur, 85 minutes
L

es Rubis du prince birman, avec Barbara Stanwick, Robert Ryan / 1955, couleur, 83 minutes
L

a perle du Pacifique sud, avec Virginie Mayo, Dennis Morgan, 1955, couleur, 82 minutes
Le mariage est pour demain, avec John Payne, Ronald Reagan, Rhonda
Fleming, 1955, couleur, 83 minutes

Deux rouquines dans la bagarre, avec John Payne, Rhonda Fleming, Arlene Dahl, 1956, couleur, 94 minutes