La Tunisie et ses femmes non voilées

La Tunisie et ses femmes non voilées

Ce sujet restant toujours d’actualité, on peut se référer à la Tunisie pour dresser une situation de la femme là bas. Cela donnera une petite image pour changer les visions un peu chaotiques qu’on a de la femme maghrébine en générale et tunisienne en particulier.
Le problème du voile qui déchire les passions en France a été réglé d’une manière radicale depuis belle lurette en Tunisie. Cette question épineuse nous a même value des problèmes avec les autres pays arabes frères. Nous reprochant des fois notre occidentalisation, les autres pays arabes oublient des fois que l’émancipation des tunisiennes a commencé dés le début du 20ème siècle.

Tahar Haddad : Un nom à retenir

Ce bonhomme a eu la vista de libérer la femme. Ce qu’il dit peut paraître hallucinant vu l’époque (le 10 décembre 1929 (1)). Voici d’ailleurs l’introduction de son livre :
« Par rapport à la femme, les gens sont divisés en deux groupes :
Il y a ceux qui la soutiennent et ceux qui s’opposent à elle. En occident, ils sont différents qu’en Orient. La différence entre eux est très profonde. En occident, ils sont d’accord pour la scolarisation et l’éducation de la femme, pour la promotion de ses libertés civiques et l’utilisation de ses dons et créativités littéraires et matérielles pour le bien de son foyer et l’élargissement de sa culture générale … Après cela, ils sont différents lorsqu’il s’agit de sa production matérielle avec l’homme, le partage du pouvoir de l’état et la participation à la vie politique sur le même pied d’égalité.
En orient, notre femme vit derrière le voile jusqu’à maintenant »
Etonnant non ? Mais ce qu’il faut ajouter pour couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs islamistes surtout, c’est que Tahar Haddad a fréquenté l’école coranique et la grande mosquée (EZZITOUNA). Il a été même parmi les premiers à défendre les droits des ouvriers contre le colonialisme. Donc on ne peut pas lui reprocher son « occidentalisation » ni même son amour du pays. Malheureusement, comme tous les gens qui sont en avance par rapport à leur époque, il a fini sa vie jeune : à 36 ans en défilant à Tunis comme un déshérité…
A cette époque, la Tunisie avait pour seul souci de retrouver son indépendance. L’émancipation de la femme a été réglé juste après l’indépendance grâce à Bourguiba le premier président qui a mis en pratique les idées de Haddad.

Le Tunisien = La Tunisienne

Jugez en vous même « Il est consacré dans la Constitution : "Tous les citoyens ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi" (article 6).
La femme est électrice et éligible (selon les articles 20 et 21).
Le Code du Statut Personnel (promulgué le 13 août 1956) a aboli la polygamie, institué le divorce judiciaire, fixé l’âge minimum au mariage à 17 ans pour la fille, sous réserve de son consentement et attribué à la mère, en cas de décès du père, le droit de tutelle sur ses enfants mineurs. » (2)
Une véritable révolution à l’époque qui a été plutôt bien accueilli par la population. Ce qu’il faut comprendre aussi c’est que l’islam est certes la religion officielle en Tunisie et la culture arabo-musulmane a laissé des traces, mais la Tunisie a été le carrefour de la méditerranée et plusieurs civilisations y sont passés. Les tunisiens ont accueilli aussi bien les français que les italiens en passant par les phéniciens, les arabes, les berbères et j’en oublie certainement la moitié.
Donc cette idée d’égalité entre les 2 sexes a été assimilé que ce soit professionnellement que socialement. En fait, la Tunisie veut se distinguer par son ouverture d’esprits (pour que VOUS veniez chez nous pendant les vacances !) et les femmes se trouvent souvent très haut dans la hiérarchie du travail : Médecins, ingénieurs …
Cet acquis a été défendu bien sur à coup d’amendements pour faire comprendre que on peut pas revenir dessus surtout dans les années 80 quand les islamistes commençaient à gagner du terrain.

Pas de religion dans la politique, Pas de voile à l’école

Quand le président Bourguiba commençait à perdre le contrôle de son pays. Les islamistes ont voulu faire à l’instar de leur collègues en Algérie. Essayer d’instaurer la charia, c’est à ce moment là que la Tunisie a voulu réaffirmer sa position. Dans ce cadre trouble, la laïcité de l’enseignement a été renforcé à l’école et le voile a été interdit parce que c’est devenu en quelque sorte un signe qui fait peur, un signe qui dénote de la progression des islamistes dans le pays. Ce qui pourrait dans ce contexte là et à cette époque ébranler la souveraineté de la Tunisie. On est même arriver à un certain moment à fermer les mosquées entre les heures de prière pour éviter les réunions clandestines qui visent le pouvoir politique.
Une décision qui peut paraître radicale mais qui se justifie amplement vue la situation à laquelle on est arrivé. Je me rappelle même quand j’étais gosse (5 ans) des histoires de mon père à propos de coups de feu entre la police et les islamistes retranchés à Bardo (banlieue de Tunis).
Dans mes souvenirs les plus lointains, je ne me rappelle pas de filles dans mon entourage portant le voile. A l’école comme à la piscine et ce jusqu’à mon adolescence, je n’ai cessé de fréquenté des filles dévoilées (enfin, à la piscine elle portait des bonnets de bain mais ça n’empêche qu’elles avaient de superbes maillots de compétition …. Oula je m’égare là).
Avoir une petite amie est largement toléré, les soirées en boite de nuit une véritable tradition le samedi soir estivale pour tout le monde : Filles et graçons
Et la religion dans tout ça ? Et l’éducation peuvent se demander certain ?

Ce qu’on m’a enseigné

La majorité des enfants de ma génération n’a pas connu les écoles coraniques mais l’école Tunisienne avec quand même une affirmation assez forte de son identité arabe et musulmane. D’ailleurs, on avait même une matière d’éducation religieuse. Bien sûr, jusqu’à l’age de 14 ans on appris beaucoup de sourat du coran, des hadiths du prophète. Nulle part dans mes souvenirs, j’ai eu affaire avec cette image d’islam que je vois aujourd’hui un peu partout.
On m’a dit que l’islam est tolérant, adaptable avec chaque époque. On m’a même donné des cours de philosophie de l’islam en m’expliquant qu’il ne faut pas s’enfermer dans les textes et que chaque époque a sa vérité.
On m’a enseigné que les femmes du prophètes ont joué un role plus qu’important dans sa vie. Que derrière un grand homme se cache une femme.
Mais mes profs ne se sont pas arrêtés là, mes profs sont même jusqu’à ébranler mes convictions religieuses. Ça peut paraître scandaleux pour mes amis arabes mais on m’a dit qu’être athée n’était pas une honte. Que chacun a ses convictions.
Mais la plus grosse découverte et mon plus grand moment à l’école reste la lecture des textes de voltaire « Lettre ouverte à Dieu », de Montesquieu et j’en passe.
Oui.
A l’école on m’a donné des clefs des portes et c’était à moi de choisir.
J’ai compris que moi et ma compatriote tunisienne étions égaux.
J’ai compris que ça ne se résumait pas à cacher ses cheveux pour montrer ses convictions religieuses.

C’est ça la Tunisie.
On n’a pas de pétrole, pas de grosses ressources naturelles alors on mise sur l’éducation, ouvrir les esprits tout en gardant l’identité religieuse.

Sommet Arabe : divergence de vues

D’ailleurs, les pays du golf ne voit pas d’un très bon œil notre pays un peu « trop occidentalisé » à leur goût. Ils disent même qu’on est des mécréants !
Assez déroutant en sachant que Kairouan (centre de la Tunisie) posséde l’une sinon LA mosquée de référence pendant la grande expansion de l’islam.
Assez décevant en sachant que EZZITOUNA (la grande mosquée de Tunis) a été pendant le 19ème et début du 20ème siècle une référence question école coraniques
Assez hallucinant quand même quand on sait que pendant le ramadan, on est un des rares pays à avoir établit des horaires adaptés pour la période (début des cours à 7h30, fin vers 15h30).
Ce n’est pas parce qu’on a interdit le voile qu’on n’est plus musulmans pour autant.
Un tunisien a le droit de ne pas faire le jeûne mais il doit éviter quand même de se balader en ville avec un sandwich à la main.

Question d’éducation.

D’ailleurs, vous avez peut-être entendu parler du dernier sommet arabe qui devait se dérouler en Tunisie en début du mois d’avril. Il a été annulé tout simplement pour une divergence de points de vues. Dans le texte final, la Tunisie voulait que cette phrase apparaisse « … et que les pays arabes s’attachent à défendre aussi bien leur identité musulmane que combattre l’intolérance »
Ce mot intolérance a fait sursauter les pays du golf qui n’ont pas accepté cette conclusion.
Le Maroc quant à lui a soutenu la Tunisie dans cette démarche et demande que le sommet reste à Tunis.
On parle maintenant d’un fossé est-ouest entre le Maghreb et l’orient …

En conclusion

Ce qu’il faut retenir donc, c’est que la Tunisie a commencé depuis longtemps le processus de libération de la femme et que ça ce n’est pas fait du jour au lendemain. Sans intervention extérieure non plus, la clé passe par surtout par une autre vision de l’islam et des textes.
Le juste équilibre entre les traditions et la modernité est très difficile à atteindre et d’ailleurs le Maroc est en train de nous suivre. Doucement mais sûrement, le Maroc est en train de donner plus de droit aux femmes. J’espère que ce pays frère y arrivera même si la situation et le contexte mondiale ne s’y prêtent pas vraiment. Le liban lui est au même niveau que nous.
Je veux ajouter aussi que cet article n’est pas destiné pour comparer la France et la Tunisie puisque ce n’est pas les mêmes paramètres qui sont en jeu. Cet article n’est pas dirigé non plus contre la vision qu’ont d’autres musulmans du voile.
C’est juste que je ne partage pas leur point de vue sûrement, si j’étais dans un autre pays arabe, je n’aurais pas cette vision des choses.
Ce n’est pas non plus en tapant sur l’islam et les musulmans partout qu’on pourra arranger la situation.

Il Faut que l’occident aide les musulmans.

Il Faut sortir de cette impasse.

IL LE FAUT.

Par Bayrem

(1) Introduction de Tahar HADDAD à son livre « Notre femme dans la loi coranique (Charia) et la société »

(2) www.tunisie.com

(1) Introduction de Tahar HADDAD à son livre « Notre femme dans la loi coranique (Charia) et la société »

(2) www.tunisie.com