« La journée de la jupe » : une Adjani vraiment culottée et dévoilée !

« La journée de la jupe » : une Adjani vraiment culottée et dévoilée !

Pour une fois, ce n’est plus le système du mammouth qui fait prout prout avec désinvolture et mépris sur ses profs, mais une modeste prof de français jouée par Isabelle Adjani, qui lors d’un concours de circonstances en vient à prendre ses élèves en otage pour leur faire entendre sa personnalité laïque de femme libre, histoire aussi de revendiquer dans un futur proche : « Ce serai un jour (…) ou l’état affirme qu’on peut mettre une jupe sans être une pute ! »

Sonia Bergerac, (Isabelle Adjani), la quarantaine épanouie sans fard et très naturelle, entre bousculée et insultée par sa classe dans la salle de théâtre du collège. Elle se contient et se modère. Elle tente en vain de calmer le jeu en introduisant Molière. Journée somme toute banale, sauf que cette fois tout bascule. Du sac d’un élève tombe un flingue au sol que s’empresse de ramasser Sonia et tout s’enchaîne dans un huit clos claustro. Un coup de feu part… C’est le hold-up involontaire d’une femme qui crie au respect de sa personne de femme et de prof.

Intervention policière, politique… La manière forte contre le gentil négociateur joué par Denis Podalydès et le principal (Jackie Beroyer) désabusé qui charge Sonia et la fait passer pour une dépressive.

Quand l’en-dehors déborde sur les bords, l’intérieur de la vie de la cité va craquer, citée comme accusée où les jeunes femmes s’en prennent plein les gencives au nom d’une religion qui prône la haine des femmes. Comment voulez-vous dans ce contexte machiste enseigner les Lumières et la littérature lorsque l’islam « ignore la séparation du spirituelet du temporel, qu’elle pose dans le texte même du Coran une inégalité fondamentale entre l’homme et la femme ». (Hamid Zanaz in L’impasse islamique - La religion contre la vie, éditions libertaires).

Sonia a du tempérament et respecte les enseignements de l’école laïque, comme le prouve ses propos relevés dans le film : « Elle s’est mise à crier qu’il fallait pas limiter les arabes au Coran, qu’elle était professeur dans un collège laïque et qu’elle n’avait pas à justifier son enseignements sur les écrits du Coran, de la Thora, des Evangiles, ou du journal de Mickey ».

Le bouc émissaire des barbus, c’est encore et toujours la femme !
Les jeunes femmes de la classe dépassent les peurs de la loi du silence et émergent au grand jour leur extrême souffrance dans leur chair. Sonia ne joue que le vecteur libérateur de réponse au grand jour à leurs peurs.

Est-ce un hasard, si lors de ses trop rares apparitions au grand écran, la très belle Isabelle d’origine kabyle sait crever les préjugés et choisir ses rôles de composition à la perfection. « J’ai tout de suite été convaincue par le rôle. Il est important que de tels films, qui nous font réfléchir sur cette troisième génération d’immigrés en quête d’identité, puissent exister ».

D’autant plus dérangeant et courageux ce film, que personne n’a soutenu son réalisateur Jean-Paul Lilienfeld, jusqu’à ce que Arte et Mascaret Films entrent dans la danse de la production. Qu’ils en soient remerciés !

Il a su retranscrire en images le parler vrai des jeunes qui sonne avec justesse. « Quand les ados ont lu les dialogues, ils s’y sont totalement retrouvés ». Car en fait, ce sont eux les héros de la farce. Soulignons au passage l’excellence de leur prestation, filles et garçons grâce aussi à Véronique Ruggia, qui dans un complément de programme (« Du coaching au tournage ») nous démontre son art de savoir les mettre en danger et de s’accaparer un rôle.

Clin d’œil à la jeune actrice Sonia Amori qui joue Nawel la rebelle résistante au machisme qui prévaut au collège. Nawel, d’origine algérienne a déjà assisté et de ses yeux vu, ce que les islamistes sont capables dans l’horreur. J’espère de tout cœur revoir Sonia Amori bientôt jouer à nouveau et embraser les écrans de sa signasse fauve.

« Les religions se nourrissent de la pulsion de mort » (Michel Onfray. C’est d’autant plus regrettable, avec un public jeune au collège qui pète l’envie de vivre.
Encore bravo à toute l’équipe du film autour de son réalisateur Jean-Paul Lilienfeld et à toutes ses actrices et tous ses acteurs adultes professionnels et jeunes collégiens. Un film qui se voit dans l’urgence, afin d’abolir une fois pour toute la souffrance de ces profs remarquables qui se battent pour le triomphe de l’intelligence et du sens critique, dans une société qui les méprise et se voue aux miasmes du tout consommable jusqu’à en venir à acheter les élèves pour qu’ils assistent aux cours.

La journée de la jupe, de Jean-Paul Lilienfeld, avec Khalid Berko uz, Sarah Douali, Sonia Amori, Kévin Azaïs, Karim Zakrao ui, Fily DOmbia, Hassan Mehzoud, Yann Ebongé, Isabelle Adjani, Denis Podalydes, Yann Colette, Jackie Beroyer…, durée du DVD : 140 minutes, durée du film : 90 minutes, version française original, couleur, son dolby stéréo et digital 5.1, format écran 16/9, Arte Editions, 23 septembre 2009

Compléments de programme :
Film commenté par Jean-Paul Lilienfeld / Véronique Ruggia et les jeunes acteurs : Du coaching au tournage,