Pierre et le Loup : un bijou du tonnerre !

Pierre et le Loup : un bijou du tonnerre !

Vous prenez Pierre, vous le placez à notre époque dans la Russie d’aujourdhui chez son grand père, l’hiver. Vous l’accompagnez de son bestiaire volatile favori : un canard rêveur et un cuicui à l’aile cassée, remplacée par un ballon de baudruche. Vous y joignez un chat grassouillet et un loup affamé. En bande son, le Philharmonia Orchestra sous la baguette de Mark Stephenson vous interprète une version expurgée de Serge Prokofiev, de la durée du film d’animation (33 minutes).

A la réalisation, l’anglaise Suzie Templeton et une équipe polonaise d’au moins 100 personnes, soit cinq ans de travail. Le plombier peut bien danser la polska sur les affiches, Pierre ne lui jettera pas la première pierre gelée !

Des décors friands de réalisme et des marionnettes au regard humain, qu’on s’y croirait dans le bain. Le tout basé sur l’histoire du conte musical revu et corrigé, avec une faim de loup qui ne laisse pas sur sa fin !

Plus vrai que nature, tu meurs ! Je suis tombé sur le cul. J’ai adoré la chorégraphie sur glace du canard et les envolés lyriques de l’oiseau monté sur ballon dirigeable, les crocs du loup, le chat très con corseté dans le duvet de sa graisse.

Un scénario qui ne cesse de nous épater pour celles et ceux qui ont été bercés par la voix charmeuse de Gérard Philippe qui crissait sur le vinyle du disque micro sillon 33 tours. C’est du moins ce que m’a raconté, le papi caviste de Bartos !

Pierre aime les animaux et a du caractère. Même pas peur du loup. Ce Pierre là, je veux le rencontrer. Je vais passer une annonce dans le Chasseur russe, d’autant que les gus dans le film qui portent un fusil n’ont rien à envier aux Médocains ! C’est dingue les ressemblances entre les carnassiers.

Et comme si le film ne se suffisait pas à lui-même, une fois encore je le souligne, Arte Editions ne se fiche pas du minois des bambins. Ce n’est pas comme les industries du décervelage mondial et autres chacals….. Tout, tout vous saurez tout ou presque sur le secret du tournage, la production du film, le point de vue de la réalisatrice, vous jouerez à reconnaître les instruments en fonction des personnages et j’en passe encore. Tout ça offert dans les compléments de programme. Chapeau la générosité.

En février 2008, l’Académie des Oscars à Hollywood lui a décerné l’oscar du meilleur court métrage d’animation. Je suppose que ce n’est pas un hasard.

C’est bath de chez bath, une telle qualité ! A oui ! J’oubliais, ne vous attendez pas à entendre la voix d’un comédien intermittent du spectacle au mitan de son art de la crève la gueule ouverte. Que nenni, les personnages ne jactent pas. Les images et la musique se suffisent à elles-mêmes.

Un véritable chef d’œuvre qui ravira les partisans de Brigitte Barbot, les grands enfants et les petits et tous les animaux qui se respectent. Pour une fois que notre rendu en images ne nous fringue pas de pattes en griffes et qu’on ressemble à notre ombre de face. Il fallait le dire. Je l’ai dit. Avis aux dessinateurs et marionnettistes, depuis le temps que je végète chez le Bartos. Je ne demande qu’à prendre la poudre d’escampette et devenir la vedette d’un futur proche court-métrage de cette qualité.

Merci Pierre et sans rancune au loup. Vous avez tous les deux de beaux yeux, vous savez ? La Morgan peut aller bien au maquillage et Gabin se tirer une bourre en Amérique. Ils ne remplaceront jamais le géni de cette géniale Suzie Templeton, tout à fait dans le ton, avec humour et poésie, pas du tout cul cul la Vodka.


Pierre et le Loup de Suzie Templeton, d’après le conte musical de Serge Prokofiev, durée du film : 33 minutes, durée du DVD 98 minutes, 14,99 euros, Arte Editions, 9 septembre 2009
Suppléments : A toi de jouer / Le making of de Pierre et le Loup / la production du film / Commentaires de la réalisatrice / Un projet éducatif / Pierre et le Loup, le récit en images

A suivre : « Petit à petit » et « Desmond et la créature du marais »