Le scandale de l’échec total des échoueurs

Le scandale de l'échec total des échoueurs

Yves Hirschfeld et Costric 1er, loosers professionnels impénitents signent leur crime contre les gagneurs, ces vrais gens, auxquels nous aspirons toutes et tous du fond du slip kangourou bordé d’or à rassembler notre souffle. Je préconise pour leur cas désespéré un stage obligatoire à la bourse ou le vit. Un dernier conseil, à vous lectrices et lecteurs, surtout n’achetez pas, ne lisez pas cet ignoble bouquin, injure publique contre la vraie France d’en haut des gagnants, nos hobereaux, nos héros.

Dimanche 24 mai en matinée sous un ciel plombé par l’ambiance des renc’arts de Barjac, le Bartos conduisait sa poubelle via les cieux plus cléments de la forêt médocaine. On s’était vraiment fait suer le burnous dans la constipation, sans aucun rire à la théière, le moral au ras des babouches…. On roulait sur l’autoroute du Sud. A la hauteur de Pézenas la patrie de ce cher Boby à la Pointe de son humour, lorsque je décidai de zapper les deux coffrets du groupe Odeurs que le Bartos passait en boucle depuis plusieurs plombes.

C’est alors que mon attention fut alertée par une émission sur France Inter. Une bath nana toujours souriante enjouée, abonnée d’habitude à la météo marine, recevait en studio Kristelle Savoy auteure de « A l’école du monde. Seule à vélo sur trois continents » (j’y reviendrai dans un prochain article). Elle était flanquée de deux zigues complètement déjantés, issus du sérail de la bande à mon cher ami Ramon Pipin, les Yves Hirschfeld et Costric 1er qui racolaient le bide annoncé de leur bouquin « La grande encyclopédie de l’échec total ».

J’ai dit au Franckos de garer sa caisse sur l’aire de repos et j’ai ouvert mes esgourdes et prit mon stylo et mon carnet pendant qu’il se carrait dans l’estomac son sandwich aux légumes et sa bière tiède. Je me demandais comme Kristelle pouvait garder son self contrôle face à ces ratés des médias, ces starbés graves de chez grave qui étaient en permission de se poiler.

Yves Hirschefeld, c’est un sacré spécimen de la création de tous les azimuts azimutés. Il est comédien, metteur en scène, auteur pour le théâtre, la télé, réalisateur, créateur de jeux, musiciens et je dois en oublier ! Je le connais surtout pour sa participation au groupe les Au bonheur des dames, ainsi qu’à Odeurs et des albums solo de Ramon Pipin.

Costric 1er et j’espère bien le dernier de sa descendance, c’est le roi du dentier, « Le blues du dentiste », non, lui ce serait plutôt la blouse blanche qui va jouer au bridge avec votre dentition sur l’air de ma fraise en technicolor. J’ose même pas imaginer la scène du comment garder son sérieux en face à farce avec ce fameux talentueux descendant direct de Pierre Dac. Dac au Dac, quand les poules auront des dents. Et lorsqu’il sort de son cabinet, il écrit les textes les plus décalés pour le rock décadent (sans mauvais jeu de mot) que je n’ai jamais lus. Je le vénère sur ma dernière carie. C’est aussi pourquoi, le père Ramon l’avait recruté avec le mord / dent qu’on lui connaît.

Je vous livre le dernier paragraphe navrant du quatrième de couverture, afin que vous puissiez économiser votre argent. « Voilà donc en ces temps de crise, le livre pour les humbles, les désintéressés, les non-magouilleurs, les gentils, les honnêtes, les modestes, les micro-pocesseurs, les hors la loi du profit, les laissés pour compte bancaire… »

Tout est crade dans ce bouquin, depuis la couverture auréolée de café, déclaré « Worst seller 2009 », et hors classe des vainqueurs, des requins aux crocs incisés pour bouffer le menu fretin. Passez votre chemin, vous lectrices et lecteurs du Mague côté(e)s en bourse, vous les actionnaires du délire planétaire, vous les nantis gracieux, vous, tous mes ami(e)s. Ce livre n’est pas pour vous. C’est un appel au bide, à notre ennemi commun : LA DECROISSANCE !

Leur irrespect congénital pour les choses de la vie touche tous les domaines sans aucune basse exception. Nos maux d’esprit et du corps, ils en rient à gorge chaude. Même Dieu est la marque de leurs sarcasmes ! C’est les guerres de religion, qu’ils veulent, ces blasphémateurs suprêmes ? « Et le pape de perdre ses prestigieux habits pontificaux jusqu’à apparaître sur son balcon en string et visière Ricard. Et les rabbins de déborder d’activités hystériques et incongrues chaque shabbat. Et les prêtres de se marier avec des nymphomanes. ET LA SAINTE ANARCHIE DE S’INSTAURER, c’est-à-dire foutez nous LA PAIX, bon dieu ! » (page 136)

Leur teste / amant, je vous fait part à qui il le destine. « D’un commun accord, le bénéficiaire sera le MEDEF (Mouvement Echoueur des Echoueurs Français). D’autre part, Hirchschfeld et Costric 1er lèguent leurs cendres à la médecine puisque leur dernière et unique volonté est une incinération complète (thermostat 10). Ni fleur ni gratin. Si le crématorium refuse leur corps du fait du taux élevé de cholestérol (risque de glissade du personnel sur le gras aux alentours du foyer) ». (page 162). Pauvre France, Pétain au pétrin, reviens !

Ces bougres qui se voudraient bourges comme vous et moi se prennent les vessies pour des longs termes. Tu parles d’un loyer terne, ce n’est pas avec leurs droits d’auteurs qu’ils vont nourrir leur triste famille. Ils veulent nous faire croire que les échoueurs dans leur style, on les admire à condition qu’ils aient du talent. Je vous cite encore un ou deux de leurs aphorismes soi-disant bons mots pour que vous les oubliez définitivement ces zigues qui se réclament des Marx Brothers, Monty Python, Pierre Desproges, saupoudrés des meilleurs sketches de Bossuet. Quand à Pierre Dac, j’en ai déjà causé. C’est un véritable scandale. A vous de voir, l’emploi d’un tel bouquin, que personnellement, vivement cet hiver, je m’en servirai pour allumer mon poêle à bois. A vous de voir de quel bois vous chauffez !

« Fiasco. n.pr Prénom très courant chez les échoueurs portugais. Le plus célèbre étant Fiasco de Gama qui découvrit l’Inde de Mauvaise Espérance en imaginant débarquer à Franklin Roosevelt ». (page 75)

Ils cultivent leur échec au quotidien, ces caves de la cave !
« Etre pris d’une salve de flatulences tonitruantes et méphitiques pendant une séance collective de méditation transcendantale ». (page 107). Bonjour la spiritualité du désa / corps ! « Ouvrir les huîtres avec une machette, puis sans les doigts. Puis, sans les doigts, ne pas arriver à composer le numéro du SAMU ». (page 107). Lamentable et baveux !

Le comble, la rentrée littéraire 2009 tapisse les étagères de raves à gogo qui vont engrosser les éditeurs qui ont du blair. Comment se fait-il qu’un éditeur complètement maso se soit forniqué du papier à éditer ce torchon à vaisselle sale. Quant au service de presse des susdites éditions Ramsay, il est à prendre avec des pincettes et ne sait plus comment se sortir de cette mélasse où l’ont introduite ces deux fouteurs de torts.

Totalement impuissante devant ce cas d’infortune sociétale, je préfère laisser le mot de la crève la faim à ces deux auteurs, avant de devenir très mordante devant cette offense au savoir vivre les poches pleines et la montre bling bling au poignet de time is money, heureusement pas pour tout le monde comme nous le prouve, ce guide, cette notice de « La Grande encyclopédie de l’échec total » ou si vous préférez « L’Echec total de cette grande encyclopédie ». Au secours Diderot, vite ton rot.

« Ainsi, au fil des pages nous prodiguerons des conseils pour échouer, des analyses, des recettes (dont celle de la choucroute hongroise inédite). Notre œuvre pathétique sera désormais la référence à toute carence, faillite, inaptitude. Elle procurera le courage de sauter du haut de la Tour Montparnasse sur un groupe de gagneurs en contrebas ».

La Grande encyclopédie de l’Echec total ou L’échec total de la grande encyclopédie de Yves Hirschfeld et Costric 1er, Editions Ramsay, 167 pages, 2009, 17 euros