Nicolas Sarkozy veut des banquiers modèles

Nicolas Sarkozy veut des banquiers modèles

Avant même son retour à l’Élysée, le chef de l’État convoque "mardi 25 août à 16H30 les représentants du secteur bancaire et financier français".

La polémique au sujet des provisions pour bonus de BNP-Paribas n’en finit plus de rebondir, au point d’engendrer quelques sueurs froides au moment où les entreprises s’apprêtent à rendre publiques leurs prévisions en terme de plans sociaux. S’exprimant lors de la traditionnelle conférence annuelle de la Réserve fédérale à Jackson Hole (Wyoming), Jean-Claude Trichet insiste pour que ne soient pas oubliées les leçons d’une crise financière particulièrement dure à présent que le pire semble passé.

La France, l’Allemagne et le Japon sont sortis de la récession et les États-Unis paraissent eux aussi devoir renouer avec la croissance. L’indice composite des directeurs d’achat (PMI) en France de l’institut Markit, synthétisant l’activité des secteurs manufacturiers et des services, a franchi "à la hausse la barre critique des 50 points pour la première fois depuis 15 mois", indique l’institut dans un communiqué vendredi. Par ailleurs, le nombre de nouveaux dossiers déposés auprès de la médiation du crédit est resté stable : 1.129 entreprises confrontées à des difficultés de financement ont saisi ses services entre le 16 juillet et le 16 août contre 1.192 le mois précédent.

Dans un rapport publié dimanche, la médiation souligne que les concours bancaires court terme demeurent le premier motif de saisine de la médiation. Suivent les problématiques liées à l’assurance-crédit et au financement du crédit interentreprises, au rééchelonnement de la dette ainsi qu’aux besoins de financement en fonds propres. Mais elle observe avec "préoccupation" le retour des petites entreprises. Le nombre des dossiers déposés par des entreprises de moins de 10 salariés augmente de 2,5 points sur la période. En matière d’encours de crédit, le nombre de dossiers dont les besoins de financement sont inférieurs à 10.000 euros ou à 50.000 euros ont progressé respectivement de 5 et 7,2 points sur la période.

Si l’objet de la réunion programmée avec Nicolas Sarkozy est seulement "l’occasion de faire le point sur le respect de l’ensemble des obligations souscrites par les banques et les acteurs financiers à l’occasion de la crise financière", les banques se révèlent déjà prêtes à faire de nouvelles concessions sur leur façon de travailler. "Elles sont prêtes à prendre des engagements supplémentaires en matière de transparence" sur le sujet, a indiqué une source proche d’une grande banque de la place à l’agence de presse Reuters. "Nous voulons des engagements précis", signalent les services de la Présidence à propos d’un dossier, les hauts revenus et les bonus dans la finance, qui passe mal dans l’opinion depuis que les gouvernements de plusieurs pays ont dû intervenir pour sauver des acteurs du secteur.

Christine Lagarde, ministre de l’Économie, reçoit les banquiers dès lundi pour préparer le rendez-vous du lendemain à l’Élysée, pour leur recommander une "éradication" de la "course à l’échalote aux bonus dans les banques". Le pouvoir souhaite voir changer rapidement les us et coutumes du secteur financier français en vue de le montrer comme exemple au sommet du G20 de Pittsburgh qui doit avoir lieu en septembre. "Si les résolutions du G20 sont appliquées, c’est une bonne chose", présentent les collaborateurs du chef de l’État, "mais il est aussi possible qu’au prochain sommet, à Pittsburgh, on aille plus loin que l’année dernière à Washington".

Nicolas Sarkozy s’est mis en quatre à l’été 2007, pour réclamer des mesures de sauvegarde concertées en matière financière quand les premiers soubresauts de la crise se sont révélés avec le plongeon des subprimes. Ses multiples tentatives sont alors restées lettre morte. Ce n’est qu’au moment où le désastre a été patent que des recommandations ont été faites au secteur financier, avec beaucoup de retard et peu de résultats. Les banques françaises font valoir que leur position concurrentielle serait menacée si on leur imposait des restrictions qui n’ont pas cours à l’étranger.

Le G20 a recommandé jusqu’ici que le coût du risque, et pas seulement les revenus générés, soit pris en compte pour le calcul de la partie variable des rémunérations des traders et que leur versement soit étalé sur plusieurs années, l’objectif étant de s’assurer que leurs activités n’ont pas d’impact négatif dans le long terme. Au moment où BNP Paribas a passé un milliard d’euros de provisions pour les bonus de sa BFI, la banque américaine Goldman Sachs en a accumulé plus de 11 milliards de dollars depuis début 2009.

Chargé par l’Elysée d’"appliquer avec fermeté les règles en vigueur, notamment en matière de rémunération", le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a dressé le 7 août un premier constat positif. Reste aussi la question des paradis fiscaux en suspens, remise au goût du jour par l’ancienne magistrate Eva Joly à Marseille.