Le perchiste Romain Mesnil exhibitionniste ?
Le perchiste français a de nouveau montré ses fesses après avoir décroché la médaille d’or aux Championnats du Monde de Berlin.
"Qu’est-ce qui fait courir Romain Mesnil ?", se sont interrogés les internautes en octobre 2008, lorsqu’ils l’ont vu s’élancer nu dans les rues de Paris tout au long d’un court-métrage vidéo… L’athlète était alors à la recherche d’un sponsor pour lui permettre de continuer dans sa discipline. Pari gagné, puisque le perchiste a trouvé chez l’hébergeur OVH l’argent nécessaire pour s’entraîner, puis décrocher une médaille d’argent au saut à la perche samedi. C’est sans doute en souvenir de cette expérience qu’il s’est découvert après sa performance.
Pas tout à fait ! "Je reste sur ma faim parce qu’il ne me reste plus beaucoup de temps de carrière et que j’étais vraiment venu pour le titre", déclare Romain Mesnil à la presse. De fait, avec un saut à 5,85 mètres, le perchiste albigeois reste en deçà de son record personnel de 2003, à 5,95 mètres. Une chose est sûre, le désormais trentenaire a tenu à se rappeler au bon souvenir de ceux qui l’ont soutenu, pour lui permettre de concourir pour cette nouvelle médaille d’argent.
Pour autant, l’exploit réalisé par l’athlète demeure dans sa capacité à faire parler de lui. La perche, à moins d’afficher record sur record, et d’enchaîner les premières marches du podium, ne fait pas rêver les foules. Alors que nos sociétés occidentales, et leurs médias par voie de conséquences, se révèlent de moins en moins sensibles à la pudeur, rivalisant d’ingéniosité chaque jour pour repousser les limites de ce qu’il est décent de montrer au public, Romain Mesnil pouvait-il faire autrement que de s’afficher dans le plus simple appareil ?
Steve Hooker empoche l’or pour l’Australie, et les deuxièmes places sont souvent les plus ingrates. L’athlétisme doit rester le temple où se manifeste le culte au corps, et quoi de plus naturel, au demeurant, que de montrer l’intégralité de son anatomie dans cette arène berlinoise ? Les dieux du stade grecs courraient tous nus, de manière à signifier que leurs performances ne sont pas le fruit d’une supercherie. C’est donc aussi à une grande tradition du sport que les fesses nues de Romain Mesnil font référence. Nous pouvons y voir une volonté toute neuve de refuser la fatalité.
Incapable d’aller chercher un podium olympique à Pékin en 2008, comme à Athènes en 2004 et à Sydney en 2000, le vice-champion du monde 2007 s’est relancé à l’automne dernier. "Après avoir sérieusement songé à arrêter ma carrière, après avoir été longtemps dans le trou", avait-il confié à la presse. En octobre dernier, Romain Mesnil reprend, "poussé par ma passion pour ma discipline", le chemin du sautoir avec un objectif clair : "Effacer ces finales olympiques jamais atteintes, effacer la médaille mondiale en or qui était à ma portée en 2007". Et le perchiste annonce la couleur "avec l’envie d’aller jusqu’à Londres 2012, continuer à me faire plaisir et enfin y disputer mes chances en finale olympique".
Plus confiant grâce à cette perche lui permettant de mieux rattraper ses erreurs, Mesnil l’ingénieur effectue une saison hivernale "régulière comme jamais à 5m70, donc prometteuse". Le double vice-champion du monde résume ainsi son approche des trois prochaines saisons : "À 32 ans, je n’ai plus besoin de milliers de sauts ; à 32 ans, je ne veux surtout pas me mettre dans le rouge en vue de Londres". L’objectif est donc clair, mais Romain Mesnil va plus que jamais avoir besoin de financer son retour aux sommets pour les deux prochaines années !