Les salariés de Molex seront poursuivis

Les salariés de Molex seront poursuivis

Suite aux incidents survenus mardi soir à l’usine Molex à Villemur-sur Tarn, un dépôt de plainte a été fait à la gendarmerie, et son dirigeant, même sur son lieu de vacances, n’entend pas se laisser intimider par les grévistes.

Le conflit social n’en finit pas de s’enliser chez l’équipementier de Villemur-sur Tarn. La production est paralysée depuis le 7 juillet dernier à cause de la décision de vendre le site sans l’outil de production. Pour les syndicalistes, il s’agit d’empêcher toute reprise de l’activité dans l’usine quand Molex aura délocalisé la production. Les négociations avec un repreneur ont échoué sur ce point, et les salariés voient toute solution d’avenir leur échapper.

Mardi soir, une altercation a opposé des piquets de grève et des salariés au représentant de Molex à l’international, entraînant la fermeture temporaire de l’usine pour "évaluer la sécurité", selon Martin Slark, le directeur exécutif du groupe. Le cadre a été jeté à terre par des grévistes, après avoir "reçu des coups de poings et de pieds lors de sa sortie de l’usine vers 21H30", a précisé Marcus Kerriou, cogérant de Molex. "Il a été agressé par une quarantaine de personnes alcoolisées. Ses blessures ont été constatées par un médecin, et une plainte déposée".

Pour le délégué syndical, "Les gardes du corps d’Eric Doesburg ont provoqué les ouvriers", ce qui aurait mis le feu au poudre au sein des salariés massés dans la cour de l’usine dans l’attente d’une annonce au sujet de la reprise de Molex. "Ces derniers ont répliqué par une salve d’œufs. Je me suis interposé avec d’autres représentants syndicaux pour empêcher que les dirigeants soient pris à partie". Cet incident malheureux, tout comme le saccage de la sous-préfecture de l’Oise par les employés de Continental en avril dernier, met fin à toute perspective de négociations.

Le ministre de l’Industrie Christian Estrosi a en effet reporté un rendez-vous fixé dans la journée avec le cadre, celui-ci "ayant été agressé" la veille. De même, lors du conflit chez Nortel et New Fabris, le ministre avait posé comme préalable à tout entretien avec les représentants des salariés en colère le retrait des bonbonnes de gaz posées sur les sites, et s’est refusé à céder au "chantage". Après l’incident de mardi soir chez Molex, la tension est à son comble et la direction a repris à cette occasion la main sur les négociations, qui sont toujours au point mort. Aux dernières nouvelles, elle a indiqué ne plus vouloir céder l’usine, mais plutôt songer à procéder à la réindustrialisation du site.

Qu’elles soient réelles ou exagérées, les "violences" perpétrées à l’encontre d’Eric Doesburg offrent une excellente opportunité à la direction de Molex pour faire pression sur les syndicats. Denis Parise, entendu mercredi matin, par la gendarmerie, indique que le cadre dirigeant, dans sa déclaration aux gendarmes, n’est guère précis quant à la nature et à l’origine des coups. Une identification des agresseurs présumés est donc en cours pour nourrir le dossier de plainte pour coups et blessures. Par ailleurs, il serait plus facile désormais à la direction de procéder au déménagement des machines qui se trouvent dans l’usine, désormais close, si telle était leur intention.

La fermeture de ce site de production intervient en effet dans un long processus de délocalisation des activités de l’équipementier automobile américain. En avril dernier, les dirigeants de l’usine avaient déjà été séquestrés par les salariés qui s’opposent à un plan social et au licenciement de la plupart des 283 employés. Le Comité d’Entreprise avait en effet présenté au mois d’avril que les pièces fabriquées à Villemur-sur-Tarn étaient fabriquées sous les mêmes références dans le Nebraska et stockées en Allemagne, grâce à la complicité des donneurs d’ordres qui y ont expédié des machines nécessaires à leur fabrication.

Désormais visés par une procédure judiciaire, les salariés de Molex perdent dès à présent toute faculté pour faire pression sur leur direction. L’emploi de vigiles le 7 juillet pour garder le site a été vu comme "le signe annonciateur du déménagement des machines-outils et la ruine des perspectives d’une reprise de l’activité". La direction semble, elle, bénéficier de la sollicitude des pouvoirs publics en agissant avec duplicité.